Live report | DARK MEDIEVAL FESTIVAL, Lamure-sur-Azergues (06.05.2023)


Quelque part dans le Nord de Lyon, au milieu des sapins et bordant le lit de l'Azergues, s'installait en ce samedi 6 mai dernier le Dark Medieval Festival, organisé depuis maintenant 3 éditions par Golden Stone Events. L'affiche de cette année promettais la venue sur scène de formations peu courantes dans nos régions, à l'image des italiens de Dewfall (Epic Black Metal), ou de Horn (Pagan Black Metal, Allemagne). En nouveauté, la présence d'un marché médiéval avec diverses animations a permis au festival d'accueillir les riverains de Lamure-sur-Azergues au milieu des vestes à patchs et des t-shirts de groupes. 

Remerciements tout particuliers à Golden Stone Event et Nath pour leur accueil aux petits oignons.


Arrivée dans le village de Lamure-sur-Azergues, enclavé dans une vallée couverte de résineux (question cadre on se met bien), nous trouvons facilement à se garer juste en face de la salle du festival (littéralement à 20 mètres, ce qui est suffisamment cool pour être signalé). Devant la salle pluraliste du village dans lequel six formations occultes se préparent à nous dévoiler leurs méfaits, un paisible petit marché médiéval est installé, où se mélangent public du festival et riverain curieux de l'événement.
Si le nombre de stands est assez petit, chacun d'entre eux propose une série de produits cohérents avec l'appellation. Pour avoir suffisamment vu de marché médiévaux qui n'ont de médiéval que le nom, c'est une belle chose. Notre déambulation se fait bercer par des reprises de titres de chansons françaises à la sauce folk par un petit groupe de musiciens en costume. Nous retrouvons également diverses démonstrations de pratiques de combat ou de traditions de l'époque médiéval, qui rythmeront la journée et permettront de couper entre les différents groupes.

Juste derrière le marché, dans la salle pluraliste du village, se préparent les festivités. Et après avoir déambulé tout notre saoule dans les allées du marché, nous entrons, accueilli par Trollheart.


Alors que Vosegus a du annuler sa venue, Nicolas, tête pensante de Trollheart et également membre du groupe précédemment nommé a pris les choses en main et relève le défi d'ouvrir le festival. Il vous faudra cependant comprendre une chose. Si globalement les live reports servent à vous faire partager un petit peu des émotions ressenties lors d'un concert, comprendre ce qu'est l'expérience de Trollheart sur scène sera très difficile sans l'avoir vécue. 
Le second degré est un minimum obligatoire pour entrer dans l'univers complètement à part du projet qui raconte la vie du frontman, troll d'origine, qui vient nous compter sa vie avec une mise en scène des plus burlesque. Entre imitation des guignols, long monologue sur l'histoire de sa vie, et musique folk étonnement bien structurée, le set de Trollheart en a dérouté plus d'un, et dans le public, certains ont du mal à savoir s'il faut rire ou non. Pourtant, Nicolas tient son rôle jusqu'aux dernières secondes, se permettant même un slam sur le public plutôt clairsemé en début de festival pour aller récupérer une sainte boisson au niveau de la régie son. 
Alors, laissant une partie du public étourdie, l'autre conquise, Trollheart tire sa révérence et laisse place à la formation helvétique Morgarten




 

Après un changement de plateau pendant lequel nous avons pu profiter du soleil le long de la magnifique rivière qui borde la salle du festival, nous reprenons place devant la scène, prêts pour le récit de bataille que nous prépare Morgarten
Le combo suisse est en effet venu nous conter son histoire, entre tirades épiques et musique brutale et efficace, Morgarten nous raconte leur parcours, du départ de leur village jusqu'à l'arrivée sur le champ de bataille et le combat qui s'en suit. Tout de jute vêtus, les musiciens développent une succession de riffs guerriers et entrainants face à un public réceptif et conquis.
Qu'importe le manque de mise en lumière pour valoriser les musiciens, leur présence scénique suffit à elle seule pour tourner chaque regard et chaque oreille vers eux.
Avec une setlist concentrée sur leur seul long format, Cry of The Lost, les musiciens ont ainsi la liberté de faire évoluer le récit de bataille de manière cohérente en enchainant les morceaux en fonction de l'avancement du récit. Une très belle prestation pour un groupe qui mérite à être plus connu sur nos terres.






Si à l'extérieur, le soleil continu de rayonner sur les festivités du marché médiéval, dans la salle, l'ambiance s'assombrit avec l'arrivée des italiens de Dewfall et leur Pagan Black Metal épique et envoutant. Le combo partage au moins deux points communs avec leur prédécesseur Morgarten : un seul album au compteur, Hermeticus (2018), et une musique qui gagne à être bien plus connue chez nous. 
C'est donc avec un plaisir non dissimulé que j'attends leur set, après les avoir découverts en préparant ma venue au festival. Le quintette nous acène ses riffs puissants ponctués de dissonances au visage avec une rage qui se ressent dans les expressions du chanteur. 
Malheureusement, le set du groupe sera en demi-teinte, à cause notamment d'une régie son un peu dissipée au cours du set qui n'arrivera pas franchement à répondre aux demandes du groupe concernant les retours, ni à proposer un son équilibré pour nous public. Si cet incident aurait pu être mieux géré par les équipes, le groupe s'en sort avec professionnalisme et nous offrira malgré tout un set précis et tranchant, témoignant du talent des musiciens dans leurs domaines respectifs. 
Et si l'expérience a manqué d'un tout petit peu d'immersion, les musiciens comme le public sortent heureux d'une heure de set, où indubitablement Dewfall a conquit, et fédéré de nouvelles personnes dans son univers. 







Alors que nous passons sur la seconde moitié de la soirée, c'est au tour de Drakum, et de ses mélodies entrainantes de nous enivrer. Le sextet espagnol investit la scène et nous offre la crème d'une discographie établie depuis plus d'une décennie. Plus axée Folk avec l'ajout d'un violon, leur musique se veut plus dansante en conservant une certaine véhémence. 
Après les compositions assez sombres de Dewfall, nous voilà entrainés dans un set plus énergique où les rythmiques sautillantes et les thèmes folk se mêlent aux blast beat et aux tremolos. Le public s'agite de plus en plus, transformant la salle en pogos divers et circle pits. Au fur et à mesure que la lumière se tamise avec la tombée de la nuit, l'ambiance se fait plus entrainante et enivre le public de la salle, la préparant tout doucement à l'assaut des pirates qui fera suite...






Toter Fisch, un des groupes remplaçants de cette soirée, et pourtant attendu de pied ferme. En effet, si le pirate Metal est aujourd'hui connoté avec l'explosion de notoriété d'Alestorm, Toter Fisch vient apporter un peu de sérieux et d'original dans le paysage. 
Car si l'ambiance sur scène est détendue, les injonctions au public nombreuses, et les mouvements de foule constants, l'esthétique visuelle se veut immersive et réaliste à grand renfort de gouvernails, tricorne et autres accessoires. Côté musique, l'influence de formations comme Finntroll rôde, sans prendre trop de place. Dès leur premier album, Toter Fisch a su trouver sa patte, son esthétique, et annonce du bon pour Adipochelone, prochain album du groupe, dont nous avons pu entendre quelques extraits ce soir. 
Avec la tombée de la nuit, le groupe a pu bénéficier d'une excellente mise en lumière et d'un son très bien équilibré tout au long du set. Ajoutez à cela une énergie débordante et une musique efficace, et vous obtenez probablement le set le plus réussi de la soirée. Carton plein pour un groupe à suivre de près !







Et nous arrivons déjà à la conclusion de cette journée. La clôture des festivités a été confiée à la formation allemande Horn, et leur Pagan Black Metal sombre et puissant. Pas de mise en scène ni de décors extravagant, on va à l'essentiel, et on profite de la musique. La mise en lumière est simple, mais le son puissant. Horn déballe ses riffs avec une précision chirurgicale et un professionnalisme exemplaire. Le combo est rodé à la scène et sait marquer sa présence sans ajouter de fioriture. Il n'y a pas besoin d'élancer le public, celui-ci répond tout seul à la musique des teutons. 
En guise de bouquet finale de ce festival, Horn remplit parfaitement le contrat. Apothéose d'une journée riche et réussie, ou le Metal sombre s'est invité dans les tréfonds du Beaujolais.







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