Chronique | THY LISTLESS HEART - Pilgrims On The Path Of No Return (Album, 2022)

 Thy Listless Heart - Pilgrims On The Path Of No Return (Album, 2022)

Tracklist :

01. As the Light Fades - 06:44
02. The Precipice - 05:43
03. Yearning - 05:02
04. When the Spirit Departs the Body - 05:36
05. Confessions - 05:02
06. Aefnian - 03:31
07. The Search for Meaning - 14:11

Streaming intégral :


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Aaaahhhhh les britanniques et le doom ! J’ai tardé à découvrir Thy Listless Heart, sorti en novembre de l’année dernière. Autant les sorties du début de l’année ont réussi à capter mon attention, restée vive à l’époque ; autant les sorties de fin d’année sont passées, pour la plupart, sous les ondes de mes radars, et ce n’est pas faute de rappels incessants de la part de mes comparses metalleux. 

Ce n’est qu’en début de cette année que j’ai pu prendre le temps pour découvrir Pilgrim on the Path of No Return tranquillement, et dès la première écoute, tout ce qui m’était venu à l’esprit était : WOW ! Quelle beauté ! Mais quelle beauté ! C’était comme si je naviguais sur un océan à l’horizon infini avec un coucher de soleil flamboyant qui se glisse petit à petit dans le voile mystérieux de l’entre chien et loup. 

Mon admiration pour ce magnifique opus grandit encore plus quand je découvre que derrière ce projet, un seul homme était aux manettes : Simon Bibby (My Silent Wake, Amarath, etc.). Pour un one-man band, cet album est parfait ! Et ce travail n’aurait pas pu être aussi abouti sans la contribution de Greg Chandler (Esoteric) pour un mix et un mastering au top qui donnent à l’ensemble cette ambiance mêlant habilement grandiloquence et mélancolie. 

Dès le premier morceau, "As The Light Fades", nous comprenons que nous entrons dans ce pèlerinage sombre et grave pour, peut-être, ne jamais en sortir. Le ton est grave et solennel avec des mélodies dont la lourdeur n’a d’égal que la mélancolie de ceux qui ont perdu un petit bout d’âme dans leur voyage à travers l’existence. Le chant plaintif de Simon se fait déchirant au fur et à mesure que nous avançons. 

"The Precipice" arrive en s’immisçant lentement et sournoisement comme une fumée toxique dans le cœur de l’auditeur à grand renfort de clavier fantasmagorique, avant l’explosion de riffs lancinants dont le chant obsédant qui l’accompagne ne fait qu’accentuer le caractère sombre et douloureux de ce précipice face auquel, certains jour, certains d’entre nous pourront tenter de franchir la limite. Pourtant, le message est clair, dans toute cette lourdeur et cette douleur : 

« Step back from the precipice 

Walk away from the ledge 

Share the sorrow pushing you to the edge 

Step away from oblivion 

Walk away from the end 

Let me help you carry this weight of suffering, of pain. » 

Je ne m’étais pas encore rendue compte à quel point la voix de Simon est magnifique, jusqu’à cette piste pleine de tendresse qu’est "Yearning", petite balade à la beauté vespérale avec le son de piano et de la flûte caressante qui ouvrent et qui ferment le morceau, avec au centre des riffs lents et tristes, devenant de plus en plus obsédants au fur et à mesure de l’avancée du morceau, accompagnée par la voix séraphique de Simon. Du pure doom jouissif qui m’évoque des souvenirs lointains d’un Estatic Fears plein de poésie et de spleen.

"When The Spirit Departs the Body" arrive comme un zéphyr, aussi léger que le son du toucher du tranchant d’une feuille morte sur le houmous en quittant l’arbre auquel elle était attachée. Les arpèges sont légers, calmes et solennels, comme un rayon de soleil qui perce les feuillages un matin d’automne pour éclairer le tapis ambré du sol de la forêt. 

Cette coupure aérienne passée, "Confessions" débarque avec encore plus de lourdeur et de gravité. Tout dans ce morceau donne des coups de poing directement dans les tripes, depuis la superbe voix qui est comme flottante dans les airs, le susurrement menaçant, les riffs lancinants, déchirant même les caractères les plus durs et cette mélodie obsédante qui ne cesse de tournoyer de manière péremptoire.

Dans tous les pèlerinages, je crois qu’il y a un espoirs de repos, de rédemption à travers les chemins parcourus et les expériences vécues pendant le voyage, "Aefnian" est le morceau parfait pour illustrer cela. Tout ce morceau est un bijoux à forte influence neofolk avec les arpèges aussi doux qu’une berceuse et ils accompagnent un magnifique poème qui nous conte le cycle de la nature, de l’univers, de tout ce qui nous entoure et nous dépasse pour mieux prendre de la hauteur par rapport à notre condition humaine. Depuis cette perspective, tout semble plus léger.

L’album se termine avec le pachydermique "The Search For Meaning". Le plus long morceau de l’album avec une gravité et une lourdeur incommensurables, mais pas dénué d’une certaine légèreté. On décèle des trouées lumineuses à travers les passages les plus lents et les plus mélancoliques, comme autant de lueurs de petites bougies qui transpercent la nuit de l’existence. Vacillants, délicats, et parfois minuscules et subtiles, qui ensemble peuvent éclairer le chemin des pèlerins à travers les champs du désespoir afin d’arriver vers une destination où l’âme sera apaisée et sereine.

Depuis cette première fois, l’album ne cesse de tourner en boucle chez moi. Outre les compositions d’une excellente qualité, c’est vraiment la magnifique voix de Simon (cette voix m’a frappée en plein coeur !) qui mène cet album vers une place très haute dans mon classement personnel. Du doom, j’en ai écouté pendant l’année 2022 et cet album fait définitivement parti des meilleurs de la cuvée 2022!

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Dee Cooper

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