Al-Kamar - Al-Kamar (Album, 2022)
Tracklist :
01.
Necro Is Dead - 04:21
02.
L.M.4 - 05:41
03.
Leave From Oracle - 04:44
04.
Ignore - 03:31
05.
B.M.5.M - 05:05
06.
Tuneover - 02:22
07.
Mateo Tape - 06:29
08.
Dawn - 06:05
Streaming intégral :
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Presque 10 ans après son troisième album 枯れた献花台 L'autel aux fleurs fanées (2013), le projet japonais Al-Kamar est de retour avec un nouvel album, éponyme cette fois-ci. Al-Kamar fait indéniablement partie des projets les plus singuliers de la scène Black Metal japonaise. Connu pour ses expérimentations sonores proches de la Noise, son premier album Abstract Spread, en 2011, avait eu une certaine résonance de par son utilisation du logiciel vocaloïd Hatsune Miku, faisant de ce dernier un des pionniers du mélange Metal Extrême et éléments tirés de la J-Pop. Étrange, perturbant, déconcertant ils n'étaient par pour autant toujours utilisés avec pertinence, cela n'a pas empêché Al-Kamar de rester dans les groupes que j’ai surveillé attentivement. Deux albums ont suivi sans renouer avec le génie fou du premier, mais toujours inventifs, suffisamment pour que chacune de ces sorties soient écoutées, et même plus, avec les nombreuses démos, EPs, et Splits qui parsèment le temps entre la sortie du troisième album et de ce quatrième opus.
Le projet trouve l’origine de son nom dans la 54e sourate du Coran, Al-Qamar, également connu dans la tradition musulmane sous le nom de la sourate de La Lune. Un élément omniprésent dans l’œuvre d’Al-Kamar depuis sa première démo et l’artwork de ce nouveau chapitre ne déroge pas à la règle. À l’image de cette illustration, Al-Kamar s’est tourné de nouveau vers l’astre nocturne, comme une continuité et un renouveau, grâce au passé. Au travers de ce nouveau chapitre lunaire, Al-Kamar renoue avec ses racines Black Metal. Si le chant Black Metal prédomine sur l’album, Riuji Tsukisima – l’entité humaine derrière le projet – installe au travers de passages lointains narrés, et ce dès le début du premier titre « Necro Is Dead », une intimité douloureuse, emplie de souffrance qui n’est pas sans rappeler Insomniac Doze d’Envy. Puis il d’enchaîne sur un chant Black Metal languissant et raw, le tout soutenu par une instrumentation plus Blackgaze que réellement Black Metal, mais emplie de mélancolie. « L.M.4 », symbolise bien cette cohabitation d’un Black Metal plus « traditionnel », mais appréhendé avec une sensibilité plus Blackgaze / Post-Black : les rythmes se font plus violents mais tout en gardant le côté « écho lointain » qui caractérise les musiques dites « post », avant d’enchaîner sur des parties plus éthérées. Une construction que l’on retrouvera également sur « B.M.5.M » où la guitare flirte complètement avec le Shoegaze voire même le Post-Punk, comme sur « Ignore ». L’atmosphère de l’album oscille entre obscurité dépressive et moments de chute délicate… et la présence du chant vocaloïd, car oui Al-Kamar ne se défait pas de sa signature musicale, n’est pas sans renforcer cette impression de chute ténébreuse et délicate. Moins présente que sur ses précédents travaux, elle son utilisation se fait pourtant plus importante, mieux maîtrisée. Riuji Tsukisima utilise cette fois-ci Chis-A (知声 | ちせい) – que l’on retrouve sur les morceaux « Leave From Oracle », « B.M.5.M » et « Mateo Tape » – comme une présence étrangère, désincarnée, élément d’un autre monde qui surgit dans les ténèbres d’Al-Kamar. Cette utilisation plus parcimonieuse rend sa présence d’autant plus importante, comme si Chis-A (知声 | ちせい) était la voix même de la Lune qui répond aux suppliques d’Al-Kamar…
Lecteurs attentifs, vous aurez donc compris que ce quatrième chapitre d’Al-Kamar est une ode sublime et noire à la Lune. Une ode à la fois raw et délicate, résultat des années d’expérimentations réalisées par Riuji Tsukisima. On y retrouve tous ce qui fait la singularité d’Al-Kamar, mais là où parfois ces mêmes singularités étaient parfois hasardeuses, dans cet opus éponyme, chaque éléments trouve sa place, son équilibre sa signification dans une harmonie obscure.
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Morgan
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