Chronique | AINULINDALË - Les chroniques d'Arda (EP, 2021)


Ainulindalë - Les chroniques d'Arda (EP, 2021)

Tracklist :

01. Les damnés de Numénor - 04:33
02. Dagor-nuin-Giliath - 04:20
03. Le geste de Maeglin - 03:21
04. Et même les milles cavernes se sont vidées... - 02:36

Extrait à écouter "Dagor-nuin-Giliath" :

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Une sublime peinture à l’huile aux tons pastels encadrée d’entrelacs dorés, un nom de projet et d’album qui fleurent bon la Terre du Milieu. Nous voici face à profond sentiment de perplexité car depuis maintenant de nombreuses années les Summoning-like ne font que fleurir, aussi nombreux que les encas journaliers des Hobbits. Et dans ce fleuve de projets tous plus oubliables les uns que les autres, rares sont ceux à tirer leurs épingle du jeu, à savoir jouer de l’héritage de Summoning tout en s’en démarquant et en proposant un chemin différent. On pense forcement à Caladan Brood qui, puisant son inspiration dans l’ouvrage Malazan Book of the Fallen de l’auteur Steven Erikson, s’éloigne déjà des maîtres autrichiens de part l’univers qui les inspire, pour autant l’univers de J.R.R Tolkien ne cesse d’être l’inspiration première de ces trop nombreux projets. Le Black Atmosphérique et le Dungeon Synth deviennent aussi une facilité de composition, où la faiblesse de morceaux peu inspirés essaye d’être masquée par le côté raw de l’un et lo-fi de l’autre. Si je me suis ici permis de dresser un portrait de ce que m’inspire la scène Black Atmo / Dungeon Synth, c’est pour comprendre ma surprise à l’écoute de Ainulindalë, surprise moins importante que ce qu’elle aurait pu être car le duo français est signé chez Naturmacht Productions, qui a sorti les albums du one-man band canadien Keys of Orthanc. Ces derniers font partie des rares sorties à déjouer mes inquiétudes et qui s’en sortent à merveille. Mais revenons à Ainulindalë, la surprise n’est donc pas due à une qualité moindre de leur EP Les chroniques d'Arda, mais bien au fait que le label nous avait déjà sorti ce genre d’album.


Vous aurez compris après ces quelques lignes dans quel registre s’inscrit Ainulindalë (et oui c’était pas seulement pour déverser ma bile sur une scène, mais quand on vous enverra cinq fois par semaine ce même genre de groupe vous comprendrez…). Pour autant Les chroniques d'Arda ont ce quelque chose qui nous accroche et nous transporte une fois encore sur les Terres du Milieu. Une sublime introduction féminine en elfique, un chant épique en fond qui contraste avec le chant Black Metal plus Raw dans "Les Damnés de Numénor’’, qui symbolise cette dualité de la pureté immaculée des elfes puis de leur damnation. Puis s’ensuit ‘'Dagor-nuin-Giliath’’ qui reprend les éléments Black Metal en moins bruts puisque le duo nous gratifie de solos de guitares fleurent bon le Heavy Metal et le dernier album de Darkenhöld tout en samplant des sons de flûtes old-school qui me font irrésistiblement penser au groupe français de Black Metal Médiéval des années 90 Osgiliath. Un titre sublime qui combine à merveille influences anciennes tout en prenant en compte l’évolution du Black Metal Médiéval et du Dungeon Synth et qui ne cherche pas à retrouver une fausse atmosphère des années 90s comme si les styles n’avaient pas évolué. ‘’Le Geste de Maeglin’’ se fait plus symphonique, grandiose, sans pour autant avoir la même profondeur que ‘'Dagor-nuin-Giliath’’. Je saisis l’idée de vouloir passer de quelque chose de plus intimiste à ce grandiose qu’évoque souvent l’univers de Tolkien, pour autant les solos de guitares et les claviers y parvenaient déjà en donnant l’impression que celui qui nous contait ces chroniques était dépassé par cette grandeur, qu’elle était aussi inquiétante que sublime. Ce décalage se fait plus flagrant que dans “Et même les milles cavernes se sont vidées…’’, où Ainulindalë revient à cette intimité avec un chuchotement, un secret murmuré et inquiétant.

Les chroniques d'Arda ne font certainement pas partie de ces nombreuses sorties oubliables, Ainulindalë nous offre un court mais intense voyage dans les Terres du Milieu. Ils prennent le parti de nous faire parvenir des chroniques anciennes, à une échelle plus humaine, qui change des batailles cataclysmiques qui ont parsemé l’histoire de ces terres. Le duo évite les écueils du genre mais reste tiraillé entre les atmosphères fabuleuses, imposantes et d’autres plus introspectives, les deux n’étant bien sûr pas incompatibles. L’attente d’un album se fait grande pour suivre la voie qu’aura choisie Ainulindalë.

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Morgan

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