TOPS 2021


On ne va pas s'étendre sur les déboires de 2021 : tout autant que la précédente, cette année nous a encouragés à nous replier sur ces mondes alternatifs, utopiques ou dystopiques, imaginaires ou cruels de vérité, que constituent les disques. Notre équipe s'est une fois de plus prêtée au jeu habituel d'en classer 10 parmi ses préférés : chaque membre de Scholomance vous invite à le/la suivre dans ses environnements sonores de l'année, pour découvrir ou redécouvrir ce que les artistes ont réussi à créer en ces temps troubles. Nous avons fait le choix de sélectionner des albums dont la sortie physique date de 2021 - aussi ne soyez pas surpris de voir quelques disques parus dès 2020 au format numérique manquer à l'appel. Nous espérons que cette liste d'écoute géante vous donnera l'énergie d'avancer à pas fermes dans cette nouvelle année !



Blackmass Siren (獻血) - 獻血
Æthĕrĭa Conscĭentĭa - Corrupted Pillars of Vanity
水树 (Tassi) - Northland I • II (北之国 一 · 二)
Owl Cave - Broken Speech
Zankoü - Evil Cat Bastard
Agrypnie - Metamorphosis
Abstract Void - Wishdream
Twillght Blooming (暮色绽放) - Twilight Blooming
Wÿntër Ärvń - Abysses
Senyawa - Alkisah

L’année 2021 aura vu (enfin) la sortie d’un album que j’attendais depuis de nombreuses années, le premier album éponyme des hongkongais de  Blackmass // Siren (獻血). Cet opus tant attendu, ne m’aura en aucun cas déçu puisqu’il figure comme mon album de l’année ! « 獻血 » regroupe absolument tout ce que j’attends d’un album de Black Metal avant-gardiste, des influences des maîtres comme Blut Aus Nord jusqu’au très Noisy Dodecahedron et La Torture Des Ténèbres. J’avais abordé le groupe dans mon article sur les formations hongkongaises et pour éviter une redite je vous invite à le découvrir ainsi que les 9 autres projets qui l’accompagné. On reste dans le Black Metal « Avant-gardiste » avec Æthĕrĭa Conscĭentĭa et leur incroyable et surprenant album, Corrupted Pillars Of Vanity. Ne connaissant pas la formation avant la sortie de cet opus cela a été une double surprise pour un album qui tourne régulièrement depuis, cosmique, progressif avec des touches jazzy et  tribales. Très peu d’album me font ressentir l’immensité du cosmos et son inconnu et celui-ci y arrive, rappelant les compositions de Yoko Kanno sur l’OST de Cowboy Bebop. Fin du podium, avec le double album de Tassi (水树) « Northland I · II (北之国 一 · 二) », (side-projet de Dryad de Bliss-Illusion) sorti fin 2020 au format digital, l’album est sorti au format physique début 2021, divisé en deux en Chine puis regroupé, il s’agit là de la version occidentale. Cette version occidentale a la particularité d’être ornée d’un nouvel artwork signé Alcide Nathanaël (qui pour moi est le plus beau que j’ai vu cette année) qui reflète à merveille le mysticisme, la spiritualité, la lumière, la noirceur qui émanent de cet album de deux chapitres. L’album est long, c’est un fait mais tellement prenant, oscillant entre moment d’extase bouddhiste et noirceur dépressive, Blackgaze et Dream Pop, Post-Black et Black Metal. Bref une œuvre singulière et sublime paraîtra prochainement au format LP. Revenons aux surprises, avec Owl Cave, album uniquement instrumental et inspiré de Twin Peaks, ne connaissant pas la série Broken Speech m’a pourtant fait traverser les dimensions et les horreurs avec ses influences industrielles et cinématographiques, entre l’atmosphère de Blackmass // Siren (獻血) et le mysticisme de Tassi (水树). La cinquième place est aussi occupée par un groupe que j’attendais depuis plusieurs années, Zanköu et son Evil Cat Bastard. Groupe sino-japonais localisé à Pékin je les ai croisés sans jamais pouvoir les voir sur scène a mon grand désespoir, mais la musique présente sur les réseaux chinois (avec leur esthétique féline et à la Bathory) m’avaient suffisamment intrigué pour que je suive assidûment leur actualité et c’est cette année après quelques années à arpenter les scènes qu’ils libèrent leur premier album. Un mélange de Black Metal, de Hardcore et de Crust qui a tout pour me ravir avec des influences dans les compositions de la musique chinoise et japonaise. Toujours dans les albums attendus, Agrypnie et son Metamorphosis, du Post-Black Metal comme seul Agrypnie sait le faire, où les rêves des hommes et ceux des dieux se mêlent dans une transe chamanique qui nous transformera et nous éveillera au monde spirituel. On continue avec Abstract Void, projet à la croisé du Black Metal Atmosphérique et de la Darksynth. Après un premier album sorti en 2017 et qui m’a totalement pris au dépourvu tant au niveau de l’innovation que des compositions surprises, quelque peu déçu avec le second album que j’ai trouvé trop fait « à la va vite » pour surfer sur le succès de Into The Blue. Mais, après trois ans et ce second album,  Abstract Void sort Wishdream où on retrouve cette création innovante et pas seulement un mélange attendu de Black Metal et de Dark Synth. Repartons en Chine avec le dernier album de ce top venant de l’Empire du Milieu, le premier album éponyme de Twilight Blooming (暮色绽放). Six ans après leur changement de nom et de line-up, le plus vikings des groupes chinois marque sa présence sur la scène chinoise mais aussi Folk Metal avec un album qui a ravivé l’âme de ce que le Folk metal faisait de mieux avant de devenir un Metal dansant pour metalleux bourré au Hellfest. Le Folk metal était, il y a quelques années un des styles que j’écoutais le plus, mais les années passant, le style et les groupes de plus en plus « légers » sont devenus au Metal ce que les jeux à boires sont aux jeux de société. Puis, cette année Twilight Blooming (暮色绽放) a réveillé l’atmosphère sombre et folklorique des premiers Finntroll et Arkona ou encore Moonsorrow. Le groupe pratique ce Folk Metal païen qui sait jouer des mélodies dansantes mais blackisante, une danse guerrière et non une danse alcoolique s’offrant le luxe de passages plus Neo Folk que Folk Metal dans une cohérence et une maîtrise incroyable. Twilight Blooming (暮色绽放) a simplement sorti l’album que je ne savais pas attendre dans le Folk Metal. Après cette longue tirade, le Folk n’a pas dit son dernier mot avec Wÿntër Ärvń et son album Abysses. Entre Neo Folk, Dark Folk et musique de film, il me rappelle sur certains passages les OST mélancoliques des films Ghibli. Moins de lignes mais ne vous y fiez pas, l’album est un voyage complet à découvrir.
L’album qui clôture ce Top 10 2021 est un album à l’histoire étrange. Publié dans une trentaine de formats par plus de 40 labels, le dernier du groupe indonésien de musique expérimentale / tribale Senyawa Alkisah est ici présent dans son édition chinoise. Si j’ai sélectionné cette sortie spécifiquement et pas seulement l’album c’est qu’en plus de l’excellent album cette édition est accompagnée d’un CD de remix du groupe avec des morceaux de Senyawa retravaillés à la sauce Zaliva-D, Li Jianhong et Ruò Tán.

Pour les moins intrépides des lecteurs voici en quelques mots cette année. Entre énormes surprises tant au niveau d’album pas attendus ou de groupes complètement découverts, cette année a été ponctuée par des albums attendus qui n'ont en rien déçu. Ce top principalement Black metal est né d’une année foisonnante en groupes avant-gardistes et novateurs. De quoi rafraîchir une scène où se multiplie les groupes de « raw » ou « true » aussi insipides les uns que les autres. 

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2021 comme 2020 aura été fortement marquée par l'actualité liée à la pandémie de covid. Toujours pas de concerts pour cette année (et sans doute pas beaucoup plus pour celle à venir). Pour autant les sorties d'albums ne se sont pas stoppées et ont pour un certain nombre d'entre elles attiré mon attention, malgré une année 2021 assez mitigée finalement me concernant.
Ce top, comme à mon habitude assez peu varié (quoique déjà plus que les années précédentes), est dominé par mes écoutes Death Metal, un peu de Black Metal (pas trve) et surprise du Thrash Metal. Parmi celles-ci des albums attendus, des confirmations et des surprises...

Du côté des sorties Death Metal, trois sorties se démarquent clairement du lot avec la confirmation du statut de patron de la scène européenne des néerlandais de Asphyx et leur nouvel album Necroceros qui se place d’emblée parmi les meilleurs albums du groupe avec ce son et ce riffing lourd typique et aussi quelques petits touches de nouveauté. Malignant Altar petit nouveau de la scène Death Metal américaine qui après une démo seulement déboule avec un premier album parfaitement maîtrisé, noir et écrasant, genre de mix malsain entre Morbid Angel et Dead Congregation qui vous fait insidieusement secouer la tête de contentement. LA surprise de cette année. Troisième album sortant clairement du lot, le second album des américains de Mortiferum qui confirment leur qualité avec une musique certes classique mais ô combien efficace avec leur Death/Doom monolithique alternant savamment passages plombés et accélérations destructrices. A ces trois sorties s'ajoutent également le nouvel album de nos compatriotes de Creeping Fear Hategod Triumph le bien nommé, brutal et blasphémateur à souhait, montrant toute la maturité d'un groupe en devenir à surveiller de très près ! Les danois de Phrenelith et leur second album moins agressif que son prédécesseur mais plus porté sur l'atmosphère noire qui s'en dégage confirme sa qualité et les américains de Cambion avec un premier album musclé et bien méchant de Death blackisant à la Angelcorpse.
Coté Black Metal, comme suggéré plus haut rien de "trve", rien de sale et malsain mais des mélodies et des atmosphères avec en premier lieu l'excellence du nouvel album de Ferriterium, projet français que je ne connaissais que très vaguement... Et quelle claque que ce Black Metal bourré de mélodies épiques et furieuses ! Mélodique également mais moins furieux et plus atmosphérique, sans doute un des albums que j'attendais le plus d'un groupe qui me tient particulièrement à cœur avec le nouvel album des américains de Alda, qui une fois de plus ne me déçoit pas et confirme tout le bien que j'en pense avec ces mélodies enivrantes, cette atmosphère d'une beauté saisissante propice au voyage et à l'immersion développée tout du long de ce nouvel album dans la pleine lignée de ses deux prédécesseurs, et tout particulièrement de l'excellent Tahoma.
À mi-chemin de ces deux genres le nouvel album des suédois de Unanimated vétérans de cette scène Black/Death Mélodique suédoise époque qui signent avec ce quatrième album un bon retour à l'image de leur carrière impeccable.
Et pour finir un unique album de Thrash Metal avec le retour après 9 ans d'attente des norvégiens de Nekromantheon. Et si 9 ans peuvent paraître bien longs, la qualité de ce nouvel album en vaut clairement la chandelle. C'est sauvage et frénétique, bourré de riffs assassins et imparables, de leads et solos savoureux. Bref du Thrash énervé et vicieux comme je l'aime (ce que c'est bon !), qui lui vaut une bonne place dans ce top de fin d'année !

Quelques déceptions sont également à citer avec les nouveaux albums de Grave Miasma et de Galvanizer que j'attendais pourtant de pied ferme et qui sans être mauvais s'avèrent quelconques, sans véritables moments forts pour se démarquer suffisamment et leur donner ce goût de reviens-y.

De quoi écouter et réécouter si ce n'est déjà fait en attendant les sortie de cette nouvelle année qui ne sauraient tarder...
 
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Alternant comme tout le monde entre périodes attentives à l’actualité et replis vers mes disques et artistes favoris, je reconnais que l’anxiété de 2021 (qui aura aussi été l’année de rédaction de ma thèse de doctorat) n’a pas favorisé un suivi assidu des nouvelles sorties. Fort heureusement pour moi, qui suis une fan fidèle, mes groupes de prédilection ne m’ont pas déçue cette année (avec une petite exception pour Iron Maiden, dont le Senjutsu m’a paru moins convaincant et inventif que Book of Souls, et de loin). Je reste donc la première cliente de Mastodon, qui nous livre un nouvel album toujours aussi dense, mais encore plus concentré en émotions que les précédents. Malgré de petites inégalités entre les titres, l’album qui aura le plus tourné chez moi est toutefois Aphelion de Leprous, groupe des plus attachants et à l’évolution fluide vers une musique plus accessible mais toujours aussi poignante. À l’image de Wardruna, dont on pourrait craindre une certaine kitschisation, et pourtant : Kvitravn reste une merveilleuse expérience immersive. 
 
Parmi les belles percées de 2021 figurent également Unto Others, avec leur rock gothique corsé, ou encore Altesia, qui affirme un metal progressif expérimental des plus réjouissants. Parmi mes valeurs sûres continuent ensuite de figurer Dvne, avec leur progressif/stoner lumineux et coloré, et sur un autre ton, Swallow the Sun, qui a retrouvé un ton plus juste et prenant que sur leur album précédent. 
 
Je confesse cette année mon attachement à Orelsan : malgré un album moins homogène que La Fête est finie, il revient avec un disque à la fois plus personnel et plus politique, mélange d’optimisme et de noirceur, de sagesse et d’innocence, qui n’en finit pas de me toucher en dépit de sonorités à des lieues de mes goûts habituels. Mentions spéciales, pour finir, à Deafheaven qui continue de se renouveler avec brio, et à Gojira, dont j’apprécie toujours l’évolution (mais aussi la constance), l’engagement et la franchise.
 
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L'heure du bilan de l'année 2021 a sonné, encore des tonnes d'albums écoutés, plein de pépites mais il a fallu n'en selectionner que dix, que voici.

Pour la première place voici une sortie du prolifique Garry Brents, il n'a pas été facile de choisir une seule sortie du bonhomme, entre Sallow Moth, Gonemage et Cara Neir, Garry nous aura gâtés, j'ai choisi le premier sorti sous le side project Gonemage, issu du monde pixel-fantasy créé dans l'album Phase Out de Cara Neir. Rien de mieux qu'un mélange Chiptune, Black Metal pour nous partir à la découverte de son monde de pixel coloré qui m'aura fait voyager tout au long de cette année.

Pour la deuxième place, le dernier album de Tunrstile. J'était au début sceptique devant cette nouvelle sortie, le coté hyper pop collé au hardcore me faisait tiquer sur la première écoute, puis vint la seconde puis une troisième, quatrième, cinquième... Turnstile m'avait emporté dans son album bourré de tubes rafraîchissants et entêtants qui défilent encore minimum une fois par jour dans mon lecteur.

Pour mon troisième choix place à la tourmente. Ad Nauseam nous a livré en 2021 un des meilleurs albums de Death Dissonant. Nous plongeant dans un cauchemar sombre et oppressant où tout n'est que chaos. Chaque écoute est captivante et nous fait découvrir un peu plus la déconstruction du monde peint à travers ces dissonance, ces rythmiques changeantes tantôt lancinantes et oppressives puis violentes et brutales. Un chef d’œuvre immanquable.

Une bonne surprise cette année c'est le retour de So Hideous, avec un mix Post-Black/Post-Rock/Screamo encore plus orchestral, plus expérimental, pour encore plus d'émotions.

Une autre surprise cette année la collaboration de Kadavar et Elder pour une album de toute beauté aux notes psychés et très « pinkfloydesques » , un album très atmosphérique et immersif.

On sort des sentiers battus et l'on s'aventure vers le monde de la dream pop, Post-Punk et shoegaze du groupe finlandais Radio Supernova, qui nous font revivre les années 80 au travers de leur musique dansante, et obsédante qui m'aura fait fredonner leur titres avec mon plus beau finnois façon yaourt.

On replonge dans la dissonance et le chaos avec en premier lieu le mathcore survolté de Pupil Slicer et leur chanteuse survoltée qui m'aura donné encore une fois envie de tout casser, puis le Death assez old School de Replicant qui nous emmène dans une folie stridente, torturée, mixant mid-tempo alambiqué et brutal death violent.

Retour à la douceur avec le Math Post-Rock mixé à la J-pop de 水中スピカ (Suichu Spica) qui accompagna parfaitement tout mes petit moment chill de l'année, avec ces mélodies douces et la voix apaisante de Chiaki.

On finit ce top avec encore une fois du chaos, et de la dissonance avec le deathgrind noisy du premier album des américains de Knoll.

Encore une année pleine de découvertes, de surprises et de bons albums. 2021 aura encore été une bonne année sur le plan musical, on déplorera le manque de concerts, mais j'aurai quand même enfin pu voir Déluge pour une prestation scénique folle et mémorable. On souhaitera pour 2022 beaucoup plus de concerts et peut-être enfin voir le second opus de Hällas sur scène après ces innombrables report.

Mentions Honorables :

Cara neir - Phase Out | Gonemage -Sudden Deluge | Sallow Moth - Stasis Cocoon Slant - 1, Effluence - Psychocephalic Spawning | Lonely Leary - Passenger on the Eve | Gonin-Ish - 死人賛歌 | High Cost - What's Living Worth ? | Moira - bi polarNoctambulist - The Barren Form | Charnel Grounds - Molecular Entropy Examined in the Bowels of a GreatOne | Thirdface - Do It With a Smile | Capra - In TransmissionPerturbator - Lustful Sacraments | Kurushimi - Chaos Remains | Abstract Void - Wishdream | Grey Aura - Zwart Vierkant | Gojira - Fortitude | Between the Buried and Me -Colors II | Vildhjarta - Måsstaden Under Vatten | Dreamwell - Modern Grotesque | Æthĕrĭa Conscĭentĭa - Corrupted Pillars OfVanity | Gravesend - Methods Of Human Disposal | Mental Cruelty - AHill to Die Upon | Sunless - Ylem | Tassi (水树) - Northland I • II | The Armed - Ultrapop | Logistic Slaughter - Lower Forms of Life | Body Void - Bury Me Beneath ThisRotting Earth | To Forget - Echoes Take TheirPlace | Frontierer - Oxidized | Mythic Sunship - Wildfire | Tenue -Territorios | Knocked Loose - A Tear in The Fabric of Life | Closer -Within One Stem | Japanese Breakfast - Jubilee | Karoline Wallace - Stiklinger | YoneKo - ちょっとだけ二日酔い。| Cannibal Corpse - Violence Unimagined | Dying Wish - Fragments of a Bitter Memory | Cerce - Cowboy Music | Herzel - Le Dernier Rempart | Nightmarer - Monolith of Corrosion | Parannoul - To See the Next Part of the Dream | Lucid Express - Lucid Express | Seputus - Phantom Indigo | Yautja - The Lurch | Dead and Dripping - Miasmic Eulogies Predicating an Eternal Nocturne |

 
 
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Il fut un temps où je ne faisais pas de top de fin d’année car mes écoutes annuelles se résument souvent à mes groupes chouchous, les coups de coeur du moment et tout ce qui passe avec les suggestions Youtube. Il m’est souvent très difficile de classer les albums car je ne trouve pas cet exercice pertinent dans la mesure où on est toujours influencé par nos goûts, notre tendresse pour quelques groupes particuliers, un exemple tout bête. Si l’année prochaine, Opeth sort un album, je sais d’avance que cet album sera n°1 de mon top, c’est tout.

Quoiqu’il en soit, il est toujours plaisant de se prêter à l’exercice, ça me permet de me rendre compte du nombre de découvertes que j’ai fait pendant l’année et des artistes qui m’ont beaucoup marquée par leur art.
Il faut dire que la crise mondiale a ceci de bon qu’elle stimule la créativité de pléthores artistes de toutes les scènes tant elle a provoqué des temps d’arrêt qui entraînent l’isolement, les remises en question, la réflexion, sans parler des pertes, tout ce qui constitue un terreau favorable à la création.
Ainsi, placé haut dans mon top est le dernier album de Swallow the Sun. C’est évidemment un choix de coeur, mais cet album se distingue aussi par sa qualité musicale extraordinaire, que ce soit en version metal ou en version classique jouée par Trio Nox.
Mon deuxième choix est aussi un choix de coeur avec Cynic qui nous ont offert un magnifique album cosmique. Expérience sensorielle unique que je vous recommande d’écouter au casque et faire des expériences avec l’ordre des morceaux, jusqu’à l’ascension finale.
Parmi les belles découvertes de cette année, il faut noter Grey Aura, qui était à la 1ère place dans mon top de mi-année, ils n’ont laissé place qu’à mes deux choix de coeur, c’est dire que j’ai été fortement marquée par leur excellente fresque musicale. Continuons dans les découvertes, Sunnata et Akhenaten m’ont aussi beaucoup impressionné par leurs musiques, musiques qui reviennent très souvent dans mes écoutes cette année et la qualité de leur compositions justifient leur place dans ce classement.
Faisons place aux artistes qui ne déçoivent jamais, il y a Rivers of Nihil et Cult of Luna. Je me souviens que j’étais déjà très impatiente de découvrir The Raging River dès la fin de l’année dernière, et j’avoue que l’attente en valait la peine. Quant à The Work, c’est du même acabit, technique et efficace, tout ce que j’adore! Ils méritent leur place dans mon classement.
A la 5ème place est Dzanca, un album important pour moi car c’est la cristallisation du talent musicale de Dzung et l’héritage culturelle vietnamienne qui se trouvent dans cet album.
Lake of Tears et Omnious est, encore une fois, un choix de coeur. C’est comme un petit péché mignon, comme quand on déguste un Chuppa Chupps à 30 ans, en cachette dans son salon devant une vieille série. C’est l’album de la nostalgie, un beau retour.
Dream Unending a faillit passé à la trappe car je m’étais dit qu’en fin d’année, j’arrête d’écouter les nouveautés car je ne souhaitais pas étendre trop mon top déjà sous processus de dilatation alarmante. Finalement, la couverture de l’album m’a attiré et je les ai écouté un soir solitaire. Nectar! Il a même battu Akhenaten que j’aime énormément!

En résumé, 2021 a été une année riches en sortie et en découverte. Pour ma part, elle a été une année de doom de black, de metal technique et de black, sans parler des beaux retours comme ceux d’Accept, d’Alice Cooper, d’Hypocrisy, de Pestilence ou encore d’Exodus
 

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L’an dernier j’ai eu une intuition (une notion qui a été théorisée par le philosophe Eric Sadin). Je parle de la notion « d’isolement collectif ». Il est venu le temps de l’exil, pour, je l’espère, mieux nous retrouver plus tard. À l’heure où des concerts dans des églises sont annulés pour cause de protestation des fidèles, à l’heure où des groupes se retirent de leurs partenariats pour causes idéologiques, cet exil a déjà commencé. L’incapacité à communiquer est au cœur de nos sociétés et les fossés idéologiques se creusent. Elle n’est pas sans rappeler la thématique d’un excellent album que j’ai chroniqué, Broken Speech de Owl Cave, le dialogue, rompu, mène à la violence.
Alors devant toute l’absurdité du monde, c’est peut-être le bon moment pour entamer une démarche introspective, pour se replier un peu en soi-même, bien au chaud dans sa bulle et se renforcer en soi et pour soi. L’année 2022 qui s’annonce, sonne aussi comme un retour à la nature, un retour aux sources, à l’intimité et à l’imaginaire. Peut-être l’art, dans sa vie, dans sa matière organique, fera jaillir de nouveaux mythes.
Cette année je me suis beaucoup éloignée du black metal, bien qu’il y ait eu d’excellentes sorties, dont l’une de mes préférées est le dernier album de Stormkeep, qui est excellent. J’aurais aussi pu vous parler du nouveau Seth ou du dernier Sanctuaire. Pourtant, j’ai décidé de ne pas les faire figurer dans mon top. J’ai préféré partager avec vous des pépites méconnues, qui s’inscrivent majoritairement dans la scène dungeon synth. Les projets que j’ai sélectionnés résonnent bien avec ma vision actuelle du monde et je pense, avec l’air du temps. C’est pourquoi j’ai voulu les mettre en lumière. Le classement reste assez arbitraire, mon idée étant vraiment de vous faire découvrir dix albums qui m’ont fait vibrer.
Ce top rend hommage aux années 70, et sent bon l’océan et surtout l’introspection. Commençons par la fin,  avec un album qui sort des sentiers battus : Cosmic. Une aura planante, psychédélique et progressive se dégage de cet album sans prise de tête. Ensuite, vient la danse de la vie sauvage et de la mort, la floraison mortuaire, avec le dernier Imbaru. On s’ennivrera de la dernière sortie d’Umbría, toujours aussi féerique et lumineuse. On gagnera en légèreté en écoutant Descort, nouveau venu sur  la scène dungeon synth française. Son style est d’une élégance lumineuse, une véritable bouffée d’oxygène. Le premier album qui parle de la mer dont j’aimerais vous parler s’appelle « Pharology », du projet islandais Amiina. L’ambiance, maritime et obscure, progressive et intense, dévoiles des splendeurs feutrées d’émotion. On ne perd pas en élégance avec le dernier Oublieth, où la lenteur hypnotique offre une atmosphère presque familière, dans se grésillements, ses sonorités analogiques, dignes héritières de la Berlin School. Torchlight se place une démarche très introspective dans son nouvel album Of Breathing Forests & Uncharted Seas. La tête pensante du projet de dungeon synth italien, finit la description de son album par les mots suivants : « Bring nothing else beside yourself and escape, get lost in uncharted seas and into lands where no one will be able to reach you except the real you. / N’emporte rien d’autre que toi-même et évade-toi, perd toi dans les mers inexplorées et les terres où personne ne pourra t’atteindre, excepté le vrai toi. » Un nouveau souffle déferle sur le black metal, c’est la « dernière couleur d’un monde vivant » de Sven Mor et ça sent bon le goémont, l’air marin et la Bretagne. C’est froid, humide et ça claque le visage comme une bonne brise. Moins corporel, moins sensuel, plus épique et idéalisé, le dernier Unsheathed Glory impose la richesse épique de ses mélodies, de ses textures analogiques, et nous embarque dans une contrée de la fantasy médiévale. Dans un esprit similaire, plus organique et vivant, DIM, dans ses mélodies enchanteresses, nous dépeint un charmant et pittoresque paysage. Une vraie réussite pour qui prend plaisir à voyager dans sa tête.
J’espère qu’avec toutes ces suggestions, vous aurez pu rêver un peu, vous échapper, et vous retrouver seul, bien avec vous-même, afin d’affronter le monde et ses défis plus sereinement.
 
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Je ne sais pas pourquoi mais cette année j'étais plutôt dubitative concernant les sorties d'albums, disons que certaines étaient plus attendues que d'autres... et malgré tout, ces sorties dont je n'attendais rien se sont finalement révélées être de vraies claques ! Surtout en ce qui concerne les "grands noms" du metal. En effet, que cela soit les derniers Iron Maiden ou Gojira, je les ai lancés sur ma platine, certaine de les écouter que d'une oreille distraite, mais voilà, au fur et à mesure que les morceaux passaient je me suis mise à les écouter quasi religieusement. Décidément Senjutsu et Fortitude ont étés de véritables révélations pour moi, au même titre que Lustful Sacrament de Perturbator. Motorheart de The Darkness ne m'a pas non plus déçue, il y a toujours cette patte « british » très plaisante chez eux, et puis c'est également un groupe que j'écoute depuis des années, il est difficile de ne pas laisser la nostalgie prendre le dessus.

Certains, bien que bons, n'auront pas forcément répondus à mes attentes, je pense à Kvitarn de Wardruna et au dernier-né d'Alice Cooper. Ceux-ci, ont soit voulu expérimenter, soit voulus revenir à des sonorités plus classiques mais qui ne m'ont pas transportés autant que je le pensais bien que leurs sorties étaient attendues. C'est dommage, mais je pense cependant qu'ils ont tout à fait leur place dans mon top de l'année, d'où leur présence.

Nous en venons maintenant à ceux qui font ce qu'ils savent faire de mieux, et parfois, il faut l'avouer, il est rassurant de voir que certaines choses ne changent pas et son immuables. Il en résulte une certaine sécurité. Je pense aux derniers albums de Cannibal Corpse et Cradle of Filth qui sont aussi des groupes qui m'accompagnent depuis des années et dont la qualité est restée, selon moi, très constante chacun dans leurs styles, au fil des ans, leurs derniers albums ne dérogeant pas à la règle. En ce qui concerne les dernières sorties de Eyehategod et Archgoat, elles ont étés de véritables découvertes pour moi cette année étant donné que ce sont des groupes que je n'écoute pas au quotidien mais dont j'apprécie le travail et l'esthétique.

J'ajouterai enfin une "mention honorable" au dernier Mütterlein avec son dernier-né nommé Bring Down The Flags que j'ai découvert tardivement en cette fin d'année 2021 et qui aurait aussi amplement mérité de figurer dans mon top.

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Moins de goth, plus de pop. Tel est le crédo qui pourrait résumer mon année musicale 2021.

Cette édition, riche d'un nombre important de sorties en tous genres, ne m'a pas pris aux tripes comme je l'aurais aimé ; mon esprit balloté entre mon amour de la darkwave et une scène en crise. Sexisme, racisme, fascisme même ; il y a définitivement quelque chose de pourri au royaume du gothique. Mais les esprits chagrins et autres aveugles enragés n'auront pas réussi à émousser ma passion. Donc pour ce top : moins de complaisance, plus de contestation.

Camlann. Voilà je pourrais m'arrêter là et juste faire un top 1. Le trio de jeunes indonésiens s'est imposé en deux ans comme un groupe incontournable dans le paysage darkwave. Avec Circa 1983, un deuxième LP plus rythmé, aux accents 80's, la jeune formation se place incontestablement, et comme je l'avais prédit, dans la cour des grands.

Puisque l'on parle des années 80's, beaucoup d'autres groupes que j'ai apprécié cette année se place dans la catégorie synthpop, aux doux parfums des pistes de danse. Le grec de Doric, dans la veine d'un Tango Mangalore ou d'un Werner Karloff, NUOVO TESTAMENTO, ou Xeno & Oaklander vont vous faire danser toute la nuit. Mention spéciale à Information Society, qui a fait son grand retour avec un ODDfellows passé généralement inaperçu, mais qui est un concentré de ce que le groupe a fait de mieux tout au long de sa carrière.

Changement de ton avec Squid et Beige Banquet. Résolument post-punk jusqu'au bout des ongles, les deux formations m'ont offert ma dose de contestation et d'adrénaline. Obsédant et hypnotique, avec des pistes de plus de 10 minutes, Bright Green Field est un bijou du genre.

Plus apaisant, l'hypnotique Undir Köldum Norðurljósum de Kaelan Mikla ou, dans un autre genre, le Gold de Riki, ont su trouver leur place dans mes écoutes, apportant douceur et évasion lorsque la tempête faisait rage,. La tempête étant représentée ici par les sonorités industrielles d'Odonis Odonis, voire de Hante., qui manque le podium de peu.

Rien n'est définitivement figé, et la scène ne doit pas s'endormir, confortablement lové dans une certaine facilité intellectuelle. J'ai de l'espoir car à travers ce top, nous pouvons voir que les années 80, dévorées et digérées, ont accouché du meilleur et peuvent dorénavant mourir en paix.

Mentions spéciales :

Hante. - MorningTsunami ; Sadorn – Gender Dysphoria ; Rosegarden FuneralParty – In the Wake of Fire ; S Y Z Y G Y X –(Im​)​mortal ; Whispering Sons – Several Others ; Motorama – Before the Road ; Deathsomnia - You Will NeverFind Peace ; Zanias – Unearthed ; Veil of Light– Landslide ; Pink Turns Blue – Tainted ; TheKVB – Unity ; Ploho – Фантомные Чувства ; ACTORS – Acts of Worship ; TRAITRS – Horses in theAbattoir ; Creux Lies – Goodbye Divine ; Male Tears– Trauma Club ; Affet Robot – Fiyasko ; NoxNovacula – Ascension  



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Cette année fut plutôt calme musicalement. Pas de découverte particulièrement révolutionnaires de mon côté, mais de belles découvertes tout de même qui ont su capter mon attention.

Et le premier album qui a retenu mon attention, et ce depuis les quelques extraits lâchés par le groupe avant sa sortie, c’est bien celui d’Ildaruni. Un concentré de black metal agrémenté de sonorités folk et épiques dépeignant un univers médiéval sombre mais glorieux, il n’en fallait pas plus pour que mes oreilles soient ravies et que le sommet de mon classement soit déjà occupé. Mais c’était sans compter sur mon deuxième coup de cœur dans un autre style qui m’est particulièrement cher, Absolute Valentine et sa darksynth bien dystopique et retro-futuriste comme on l’aime, suivi de près par Cross Vault dont la lourdeur de son doom et ses riffs envoutants auraient pu achever de me mettre en transe et de laisser ce top avec seulement le podium. Cependant le troisième opus de 1914 est sorti cette année également, et lui non plus ne m’a pas laissé de marbre. Le groupe continue de faire avancer la machine de guerre dans la plus crue des réalités, et l’on balance constamment entre mélancolie terrible et énergie explosive du désespoir. La suite est au contraire plus douce, et Tassi nous dévoile ici une atmosphère ésotérique déroulant le long voyage introspectif d’un esprit torturé et amoureux. Puis retour à nouveau dans un style rétro, cette fois-ci orienté slasher, avec le projet synthwave Midnight Danger qui se prête même le luxe de sonner parfois heavy metal avec ses solos à l’ancienne. Kavrila et Moira c’est un peu les bombes de cette année à mes oreilles, l’explosion de rage sale libératrice dont j’avais besoin pour recharger mes batteries et regonfler ma motivation. Enfin, on clôture ce top avec la BO d’Halloween, pas le film la période, avec le dernier d’Ulver qui non seulement se réapproprie les thèmes des classiques du genre, mais en fait sa propre bande son pour un sabbat des plus rétro-horrifique. Finalement, Marunata achève de nous chanter une tristesse lancinante et de mettre le doigt sur une mélancolie que vous ne saviez pas que vous aviez.

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