Le vendredi 21 Janvier de 10h à 13h se tiendra une projection suivi d'une conférence sur les thèmes "Musique, politique et sous-culture" à l'Université Saint-Jean d'Angély de Nice.
Sera projeté le documentaire GAWANG SARILI - Zeppo & GuGuaiXingQiu: Une tournée chez les Punks Philippins réalisé par Alexandre Omé puis, Marion Brachet (Doctorante à l’EHESS et à
l’Université Laval de Québec) et William Spok (Doctorant au LAPCOS) interviendront pour ouvrir la discussion autour des enjeux politiques de ces musiques Punk, en s'appuyant sur leurs propres recherches dans les milieux Rock et Metal.
Voici le programme :
Le lien entre politique et musique a toujours fait débat au sein de la communauté
scientifique autant que chez les amateurs eux-mêmes. Au moins, depuis « Les Mondes de
l’Art » de Howard Becker, l’idée qu’un art puisse exister hors du monde politique est
difficilement tenable puisque même les œuvres qui se définissent comme « apolitiques »,
sont, par ce choix, politiques. Si, dans la plupart des cas, les musiques dites mainstream
se définissent comme apolitiques, soit explicitement soit simplement en ne prenant pas
position sur des sujets controversés, les sous-cultures musicales (HEBDIGE Dick, 1979) –
notamment rock, punk et metal – ont très tôt été imprégnées d’idées politiques «
contre-culturelles », autant d’extrême gauche que de l’extrême droite. La montée en
popularité du rock, du metal et du punk les a poussés au fil des années à se dépolitiser ou
à dépolitiser des figures contre-culturelles telles que celle de Satan, pour les intégrer à
une forme de folklore du genre. Ces figures n’effraient et ne choquent guère plus
personne : le Hellfest est par exemple devenu l’un des plus gros festivals de France, son
ambiance familiale et bon enfant étant même devenue un argument de vente. Les
représentations collectives ont fait passer les punks, les rockeurs et les metalleux du statut
de mouton noir à celui de « gros nounours ». Cette évolution vers une image « apolitique »
du Rock, du Metal et du Punk reste cependant propre à la culture occidentale mainstream,
car les conflits idéologiques sont encore bien vivaces dans les strates plus underground
de ces styles, et dans des aires culturelles non-occidentales comme l’Asie : dans ces
dernières, le punk s’est de plus en plus mêlé au metal, trouvant un nouveau public ouvert
aux discours les plus extrêmes, et sensible aux groupes des premières heures ne s’étant
pas détournés de leur message premier.
Ces sous-cultures n’ont pas développé qu’une musique, elles ont développé leurs
propres cercles de sociabilité, leurs propres moyens de diffusion (fanzine, webzine, etc.).
C’est ce que nous montre le documentaire d’Alexandre Ohmé « GAWANG SARILI - Zeppo
& GuGuaiXingQiu: Une tournée chez les Punks Philippins ». Parti de l’idée de filmer la
tournée de son groupe Zeppo, accompagné de GuGuaiXingQiu lors de leur tournée
commune aux Phillipines, l’initiateur du projet a rapidement été pris dans le cercle social
des punks philippins. Il a pu filmer des instants de vies avant, pendant et après les
concerts, s’entretenir avec des acteurs locaux, musiciens, organisateurs, artistes de la
culture punk locale, faisant de ce documentaire un film riche en matériel ethnographique et
à la méthode « Do It Youself » aussi proche du punk que des premières réalisations de
l’anthropologie visuelle. La proximité et le regard d’amateur passionné d’Alexandre Ohmé
permettent de saisir sur le vif certains des enjeux politiques et culturels qui animent la vie
quotidienne et les luttes de cette scène. Son intervention nous permettra de comprendre
comment il s’est retrouvé à faire un documentaire alors qu’il était à l’origine simplement
parti pour filmer la tournée qui fêtait les 20 ans de Zeppo et les 10 ans de
GuGuaiXingQiu.
La venue de Marion Brachet permettra de comprendre et d’expliquer comment la scène
Punk philippine conçoit son rôle pour éduquer la population à l’esprit critique et à la
réflexion politique, à travers une perspective plus générale sur les liens qui ont existé dans
le rock, le metal et le punk entre textes et postures politiques des artistes.
Pour la suite William Spok prendra l’exemple concret de son terrain chinois et du cas de Jajatao,
un groupe mêlant sludge metal et punk hardcore. Son intervention fera ainsi le lien entre
le contexte politique totalitaire qui existe aux philippines mais aussi en Chine, et comment
des groupes comme Jajatao arrivent à tenir un discours anti-gouvernemental dans leur
musique tout en évitant la censure en partie grâce aux paroles de morceaux qui jouent sur
les symboles, les réappropriations et les doubles-sens
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