Lassée de ces dynamiques de confinement-déconfinement-nouveauvariantnouvellevague, l'équipe s'est comme toujours terrée dans sa discothèque ce printemps. Et là aussi comme toujours, pas de purisme dans ces pages : si les galettes de Black et de Death ne nous quittent pas, on est allés piocher dans du vieux rock, dans du punk voire de l'alternatif mainstream, dans les classiques que tout le monde connaît par coeur, dans des légèretés synthwaves... Il faut de tout pour faire un monde, comme on dit. Venez visiter le nôtre en nous suivant dans ces écoutes qui nous ont tenu compagnie ces derniers mois.
Morgan (猛龍過江):
Mon printemps s'est retrouvé en Chine principalement, entre les mondes éthérés, cosmiques, ésotériques de Tassi, où rencontrer Bouddha est aussi normal que se perdre sur les immenses chemins de l'amour, mais aussi entre la violence crue et féline de Zanköu, rencontre entre la scène HxC et D-Beat chinoise et japonaise puis dans le présent, le passé et le futur des guerriers mongols de Nine Treasures qui réinterprète d'anciens titres pour avancer sur un nouveau chemin musical et spirituel. Æthĕrĭa Conscĭentĭa est l'unique album qui ne nous vient pas du continent asiatique, les Français ont réussi a me faire adhérer à leur space-opéra Black Metal avantgardisque aux influences jazzy, peut-être que dans leurs voyages spaciaux, ils rencontreront le serpent cosmique de Tassi. Le dernier album est un album qui m'accompagne depuis de nombreuses années, OST de chevet s'il en est, j'ai enfin réussi à mettre la main sur cette version vinyle qui m'a replongé dans les couloirs sombres de chateaux gothiques, vampiriques, emplis de noirs secrets...
Ion :
Si je ne vous ferai pas l'affront de vous parler de Painkiller, cet album d'un petit groupe qui ira loin (mais toujours aussi indispensable trente ans après sa sortie), et si je risque aussi de ne pas vous apprendre grand chose sur l'inépuisable live de Carpenter Brut sorti en 2017, je vous conseillerai chaudement quelques détours dans vos écoutes de cet été. Premier arrêt : les Écossais de Dvne avec leur formidable nouvel opus, avec son équilibre entre approche progressive, effluves stoner et belle rondeur sludge. Deuxième arrêt : au cas où vous l'auriez manqué, une version remixée (et même en partie ré-enregistrée !) du meilleur album de Muse vient de paraître pour célébrer son vingtième anniversaire. Si certains ajouts ne sonnent pas toujours juste, le résultat est tout de même puissant, avec une batterie à laquelle le mix fait vraiment honneur. Mentions spéciales pour Citizen Erased, Micro Cuts et Megalomania. Et enfin, terminus : quelques jolies surprises se cachent dans le nouvel album éponyme de Helloween, avec de longs titres qui rappellent les compositions plus élaborées du groupe, qui faisaient au combo défaut ces dernières années. Le retour des anciens chanteurs, sans défigurer Helloween, apporte un vent de fraîcheur appréciable !
Deathslid :
Si niveau vie et météo ce printemps fut laborieux, musicalement il fût riche. Début mai il vit arriver le premier né de Gonemage, side project de Cara Neir, un Black Metal coloré de mélodies 8 bits qui plongera mon morne printemps dans un monde pixélisé à la découverte de personnages mystiques, peuplé de siphoneur d'âmes et autres gardiens du royaume des rêves.
Second album le plus écouté de ces derniers mois, Takaisin, second opus du groupe finlandais Radio Supernova, voyage planant entre Shoegaze, Dream Pop et influence Post-Punk. L'album est plein de mélodies pop entraînantes, quasi dansantes que l'on se retrouvera à fredonner, mais aussi ponctué de douces nappes, proche d'un post-rock porté par la voix planante de la chanteuse. Laisser vous tenter par cet album, vous y reviendrai pour sûr !
Dans un tout autre registre, Knoll aura apporté une touche chaotique à ce printemps avec un déchaînement de violence. Un peu plus d'une demi heure de dissonance et d'arythmie, pour un Deathgrind dérangeant entrecoupé de riffs lourds et malaisants.
Une autre découverte printanière avec Grey Aura et son concept album de Black Avant-Garde retraçant le voyage d'un peintre Hispano-Néerlandais à travers l'Europe du XXème siècle, boucle psychédélique, dissonance et musique folkorique sont au rendez vous avec des notes ensoleillées rapportés d'Andalousie, et autres délires jazzy.
Pour finir ce top, nous partirons en Corée du Sud avec le groupe de Punk Hardcore Slant qui nous montrera encore une fois l'excellence de la scène punk asiatique. Un album court, 17 minutes, mais intense pour un fastcore furieux et accrocheur sublimé par une chanteuse pleine de hargne donnant à l'album une énérgie viscérale.
Si 2021 nous propose autant d'albums de qualité que ce printemps, nous aurons une année intense en écoutes. Choisir seulement cinq albums n'aura pas été facile, j'aurais aimé vous parler de l'EP de High Cost (HxC), de la beauté de l'album d'Æthĕrĭa Conscĭentĭa, du Heavy épique de Herzel ou du jazzcore de Kurushimi, de la violence de Capra ou encore de l'expérimentation psychédélique de Mythic Sunship, mais je n'ai pas le droit à plus je vous laisse donc partir à leur découverte !
Dee :
Le printemps !
Le printemps 2021 a
été assez triste, marqué par le contexte mondial anxiogène,
angoissant et pesant. Mais cela est sans compter sur la créativité
folle de nos artistes puisque dans un tel contexte, il n'y a que
l'acte créatif qui permette de maintenir une santé mentale
relativement saine puisqu'il permet d'exorciser les démons
intérieurs et de faire sortir les cris primaires du fond des tripes. En
ce sens, ce printemps, comme le printemps dernier a été riche en
sorties, entre l'album mélangeant metal et musique traditionnelle
Dzung, le thrash bondissant de Paranorm et pléthore d'autres joyaux
musicaux, je me suis laissée scotcher par l'EP Pain,
Resistance, Suffering de Phlebotomized, ce géant hollandais de
l'avant-garde death/doom.
Cet EP marque la suite de leur dernier
album Deformation of Humanity, sorti en 2018, plus de 20 ans après
leur album pré-séparation en 1997, et confirme bel et bien leur
retour (qu'on espère définitif). "Pain, Resistance,
Suffering" n'est qu'un EP, et c'est justement ça que je
reproche au groupe puisque les 24 minutes et des poussières de l'EP
passe comme un clin d'œil, on en redemande encore, on reste sur sa
faim après une claque orgasmique de 24 minutes entre passages de
piano envoûtants, des blasts et des mélodies oscillant entre
agressivité folle et tendresse mélancolique comme une mer
capricieuse. Chant growl et chant clair se relaient, se mélangent
pour asseoir une ambiance à la fois hantée et hypnotique. Alors
s'arrêter comme ça, c'est juste rude ! J'attends avec impatience un
nouvel album dans le sillage des 2 dernières sorties d'une beauté
dramatique.
Puis de fil en aiguille, quand on a
commencé avec Phlebotomized, on ne s'arrête pas comme ça, je suis
allée gratter un peu des groupes affiliés dans le genre et j'ai
découvert les australiens de Alchemist. Le groupe n'existe
malheureusement plus, mais ils ont laissé 6 excellents album (ouais,
j'ai cherché à tous les écouter puisqu'on ne laisse pas des
restes, c'est comme quand on mange les frites, on les finit). De ces
6, celui qui m'a le plus marquée et que j'ai le plus
exploré, c'est Organasm, sorti en 2000. C'est un magnifique album
d'une technicité et d'une créativité folle. Le prog death des
australiens vient presque d'une autre dimension, il y a quelque chose
de sauvage, de râpeux, une mysticité et une dimension futuriste
(notamment dans la trilogie de l'évolution) particulières qui
n'existent chez aucun autre groupe. Dans cette ambiance, ça me
rappelle un peu les vieux groupes de prog rock des années 60s mais
en plus brutale et plus âpre, un très beau mélange qui donne un
album vraiment somptueux. Bref, une belle découverte archéologique
pour moi.
Puisqu'on est dans l'ambiance
orientalisante, je vais parler de l'un de mes coups de coeur des
sorties du printemps : Akhenaten et leur The Emerald Tablets of Thoth.
Avec eux, c'était un coup de cœur foudroyant, immédiat, entre
mystères mésopotamiens, riffs aussi brûlant que le soleil et
mélodies ondulantes qui n'ont rien à envier au plus mortel des
serpent à sonnettes. À mi-chemin entre Nile et Immolation, je les ai
trouvé dans ce charme plein de noirceur, de brutalité caché sous
des miasmes toxiques de la ruse. Une très belle découverte et un
coup de coeur de ce début d'année.
Après une nouveauté, on déterre une
vieillerie et c'est ce que j'ai fait avec l'album Mot des Italiens de Will'o'Wisp, un de nombreux groupes du bassiste Jacopo
Rossi (Antropofagus, Dark Lunacy et Morgana, entre autres) sorti en
2018. Un excellent album entre brutalité, âpreté et bouffées d'air toxique de temps en temps, crées par un clavier tantôt
menaçant tantôt taquinant et résolument baroque, plus le chant
féminin envoûtant. Une condensé de magma brûlant et collant sur
35 minutes, pour 11 morceaux : qui a dit que les progueux étaient
looooooooooongs ? Ici, c'est progressif, brutal et beau!
Et pour finir ce classement des écoutes
du printemps, je propose le dernier album des mexicains de Under
Moonlight Sadness : Geneticsis. Ce n'est pas un album qui révolutionne
le genre mais c'est un progressive death acéré et plein de
fraicheur, qui fait plaisir à l'écoute. La production pêche un peu
au niveau des basses, mais on leur pardonne cette petite faiblesse
sachant que la scène extrême mexicaine fait partie des scène où
il reste des difficultés pour jouer et pour sortir des albums.
NyarlatHotep :
Ce printemps assez maussade a été pour moi l'occasion de faire tourner quelques nouvelles acquisitions fraîchement sorties et pas mal de vieilleries avec une très nette tendance au Death Metal. Hors Death Metal, quelques écoutes très éparses de Black et surtout mon énorme coup de cœur de ce début d'année avec le nouvel album des norvégiens de Nekromantheon. Un brûlot de Thrash Metal vindicatif, assassin et diabolique, d'une incroyable justesse où tout est en place. Il tourne encore et encore et ne s’essouffle pas d'un poil !
Au rayon Death Metal donc du lourd et du brutal avec un des tout meilleurs albums de la décennie passée, Promulgation Of The Fall des grecs de Dead Congregation, véritable monolithe noir et écrasant, et le nouvel album de nos français de Creeping Fear tout en finesse, brutal et implacable ! Toujours en Death Metal mais saupoudré d'une pointe de Black le premier album de Cambion sorti en début d'année avec un Death metal véloce, rapide et blasphématoire foutrement efficace rappelant celui d'Angelcorpse et le redoutable Theomachia des britanniques de Spearhead, manifeste conquérant d'un Death Metal implacable et sans pitié !
Bref tout plein de douceur...
Aladiah :
Musicalement, mes derniers mois ont surtout été rythmés par l'attente du dernier album du groupe de pop punk The Offspring. Quoique l'on en pense, la formation, possédant chez moi un énorme capital sympathie principalement nostalgique, me fait toujours tripper. Let the Bad Times Roll, dont l'enregistrement a débuté en 2013, même s'il reste efficace, montre que le groupe se fait vieux et a du mal à se renouveler. Un album sympathique mais parfois paresseux. La version au piano de « Gone Away » est cependant un joyau.
Afin de m'en remettre, redirection vers des classiques. Love In Cage pour commencer, avec Mirage Post-Horizon, le deuxième album de la formation rouennaise, contenant le culte (pour moi) « Short Film Camera », qui m'a fait découvrir le groupe. Mêlant savamment rythmes électroniques, instrumentation rock et voix batcave, cet album est un diamant de la darkwave moderne.
Dans la même veine, Agent Side Grinder m'a beaucoup fait vibrer ces temps-ci, surtout avec la nouvelle formation. A/X, qui est ainsi le premier album depuis le départ de Kristoffer Grip, Henrik Sunbring et Thobias Eidevald, est un concentré de ce que j'aime dans cette scène electro-darkwave : Rythmes répétitifs à la limite de l'EBM, voix ténebreuse et sons electroniques syntpop envoutants.
Ces dernières sonorités m'ont progressivement amené à considérer la futurpop de VNV Nation. Un genre musical qui ne me quitte jamais véritablement, passerelle logique entre la darkwave et la trance, autre mouvement électronique que j'affectionne tout particulièrement. Noire est un bijou. Ronan Harris nous livre ici un album d'une rare mélancholie, mais non forcément pessimiste. Noire, comme tous les albums de VNV Nation, est un voyage, mais celui-ci est encore plus travaillé et bien plus percutant que ses prédécesseurs.
Trance toujours, mais cette fois en dehors de l'univers goth. J'ai été à nouveau happé par ma nostalgie. J'achève ce périple par une redécouverte du premier album du duo allemand Cosmic Gate, composé de Nicc Chagall et Bossi. Rhythm & Drums est un album classique de hard trance, surtout soutenu par les titres cultes « Exploration of Space » et « Fire Wire ». Une bonne claque à l'époque et toujours d'une certaine efficience aujourd'hui, si ce n'est que l'on fasse un effort d'ouverture musicale ; ce qui serait mon message du mois. Soyez curieux.
Taarna :
Le dernier album de Cannibal Corpse a évidemment été un de mes derniers coup de cœur musical, notamment concernant le titre "Necrogenic Resurrection" qui doit être juste jouissif à voir en live. Nous sommes d’accord, ce dernier opus ne révolutionne ni le genre ni le répertoire du groupe, mais il est parfois bon de savoir que certaines choses sont immuables. À l’image de leurs concerts les albums de Cannibal Corpse sont constants et font du bien par où ils passent. On aurait pu penser qu’avec l’arrivée d’Erik Rutan (ex-Morbid Angel, Hate Eternal) la nouveauté s’inviterait au sein du groupe mais non nous avons droit à du bon gros death metal qui tache. Ceci n’est cependant pas pour me déplaire et il me tarde d’entendre les titres joués live !
Macabre Cabaret, cet EP d’une vingtaine de minutes sorti le 20 novembre 2020, est passé sous mes radars jusqu’à récemment, chose étonnante étant donné que j’aime beaucoup ce groupe. Sorti à peine huit mois après The Ghost of Orion, l’EP est plus gothic/doom que jamais, contrastant avec l’album sorti juste avant. Personnellement, outre la musique, ce que je trouve particulièrement beau c’est l’artwork signé par le studio Bunker Artworks. Faute de ne pouvoir faire des tournées, le groupe nous offre ici un petit bonus dans leur discographie, de quoi nous faire patienter en attendant la reprise des concerts.
J’ai toujours aimé les Ramones et j’ai eu envie de me replonger dans mes premiers amours musicaux de jeunesse. Si vous ne connaissez pas le groupe, ce « greatest hits » est une bonne porte d’entrée pour le découvrir. Si on aime le punk, tous les titres sont incroyables et certains sont toujours incontournables comme "Реt Smаtаrу" ou encore "Dо Yоu Rеmеmbеr Roсk 'n' Rоll Rаdiо?" (pour ne citer qu’eux). Plus que tous les autres c’est le titre "I Just Wаnt to Наve Sоmеthing to Do" qui est mon préféré. Les Ramones ne sont pas juste un logo collé sur les t-shirts que les adolescentes achètent en grande surface, quand on prend la peine de se pencher sur leur musique on se rend compte que les Ramones sont l’essence même de la musique punk-rock, alors balbutiante, lorsqu’ils ont fait leurs premières armes sur scène dans les années 70’.
Les années 2000 ont vu débarquer un véritable revival de la musique grunge sauf qu’elle était copieusement nappée de musique metal et Seether en fut le digne représentant. Ce groupe originaire d’Afrique du Sud est porté par le chanteur et guitariste Shaun Morgan dont la voix semble en tout point identique à celle de Kurt Cobain (tellement que c’en est d’abord destabilisant). Disclaimer II est le premier album officiel du groupe sorti en 2002 (le premier étant paru sous le nom de groupe « Saron Gas »). Que dire ? Tous les titres de cet album sont des pépites, mentions spéciales à Fine Again, Driven Under et Love Her… et ils sont au nombre de 20 ! Les mélodies sont imparables, la production maîtrisée, le chant poignant…de quoi ressortir les chemises de bucherons et les jeans troués !
La réputation de Led Zeppelin n’est plus à faire tellement le groupe est connu, et reconnu, pour êtr les inventeurs même du hard-rock et ce n’est pas la virtuosité de Jimmy Page ou les bouclettes de Robert Plant qui diront le contraire ! Cependant, Led Zeppelin ce n’est pas uniquement Stairway to Heaven ce sont aussi des productions étranges et novatrices pour l’époque et Presence est en la preuve. Sorti en 1976, il est le septième album studio de la formation et a été enregistré en seulement 18 jours, de plus, Robert Plant était cloué dans un fauteuil roulant au moment d’enregistrer ses pistes vocales (en effet, le chanteur se remettait tout juste d’un grave accident de voiture). Ce qui nous donne des morceaux sombres et semblant venir des profondeurs de l’âme comme "Achilles Last Stand" ou "Nobody's Fault but Mine". Nous avons aussi droit à des notes plus lancinantes et sensuelles avec "For Your Life" et "Tea For One". Un incontournable, comme toute la discographie de Led Zeppelin.
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