Hiperson (海朋森) - Bildungsroman (Album, 2020)
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Toutes les dystopies ne commencent pas par des gangs sur des autoroutes désertes et ne finissent pas dans une explosion bio-technologique. La simple pochette du nouvel album d'Hiperson, Bildungsroman, nous transporte dans la réalité totalitaire de la normalisation. Une normalisation qui n'aurait pas dénoté dans la présentation des participants de Battle Royal – s'en suit le discours d'introduction de la chanteuse Sijiang Chen sur « Spring Breeze », poétique, désabusé mais aussi plein de force et de détermination. Le titre est empli de variations d'intonations, d'intensités, d'émotions, chacune de ces variations se fait à travers la musique et le chant. Ce dernier, parfois calme, gagne en intensité avec une guitare aux accents Punk tout en continuant de déclamer, puis elle commence à hurler en écho à la guitare, mais cette explosion se transforme en mélancolie accompagnée d'une atmosphère shoegaze et d'une dizi – la flûte chinoise. Par le constat, la colère et la mélancolie de ce premier titre, Hiperson nous fait empruner toutes les étapes de la révolte avant de s'évanouir dans l'espace sur les sons de la flûte et d'une cloche, qui marque le début de l'éveil.
Cet éveil doit débuter quelque part : Hiperson fait commencer ce récit à Xindu, une ville de la province du Sichuan dont ils sont originaire. « Xindu People » est un chant lancinant, poétique, une déambulation urbaine où voix féminine et masculine résonnent, ne faisant qu'une. Les touches électro / trip-hop qui les ponctuent les suspendent dans l'air comme une poésie d'ondes urbaines.
Chaque titre est un poème qui prend le temps de développer les émotions ressentie sur « Spring Breeze », « I Am in A Period of Desperation » ou encore « Crashing Into Daylight », nous plongeant dans la révolution insolente et légitime face aux normes. Sur « I Am in A Period of Desperation », la cassette est lancée, symbole de ce déclic révolutionnaire, elle résonne sur les ondes, elle contient ce morceaux qui enflamme notre cœur, notre âme et donne à notre corps la force de se lever contre les injustices de la société ! Puis l’angoisse, « Daily March », plus Noise, plus Post-Punk, plus électronique, nous reflète les réalités du monde auquel on se confronte, les bruits répétitifs, la vie répétitive, les sons électroniques, l'ère du contrôle numérique, puis l'évasion. Tous ces éléments sont maîtrisés, s'assemblent, se complètent pour une échappée libératrice.
L'album devient un bouillonnement d'énergie punk, de poésie. Alors que « Spring Breeze » nous faisait passer d'une émotion à l'autre, « From Birth to the Present » condense toutes ces émotions dans chaque note, chaque parole sans les faire exploser comme si le morceau cherchait à rester maître de la musique qui s'exprime en lui à l'image du portrait figé de la pochette, le morceau devient symbole de l'être humain qui dans les limites de son corps – social – n'est pas qu'une image impassible mais un être prêt à exploser.
Bildungsroman joue sur l'équilibre, comme pour ne pas faire déborder le verre qui contient ce surplus d'émotions. Hiperson alterne titres calmes – aux influences Shoegaze, Post-Rock, Indie Rock – puis plus vindicatifs – piochant dans le Punk, le Grunge, le Post-Punk – et fait se rencontrer les deux dans un paysage urbain aux sonorités modernes, électroniques mais aussi chinoises ; bien que plus subtiles et éparses elles suffisent, dès le début, à installer un paysage sonore que l'on peut saisir. Nul besoin d’insister lourdement sur le fait qu'ils sont chinois à grand renfort d'instruments ''folkloriques'' mal placés et à l'utilité limitée à l’exception de vouloir sonner exotique. Hiperson fait naître leur mal-être de vivre dans cette société chinoise mais sait aussi se saisir de ce qui la compose pour en faire leur force intérieure, et faire de cette puissance punk la plus délicate des poésies modernes, à la fois chinoise mais aussi magnifiquement universelle.
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Morgan
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