Chronique | ROLLER WORLD - Lame Soeur (Album, 2020)


Roller World - Lame Soeur (Album, 2020)

Tracklist : 

01. Christ D'Elle
02. All Powerful Hand
03. A Shadow Temple
04. Nihil Obstat
05. Terribilita
06. Chairs of Embers
07. Horror Vacui

Streaming intégral :


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Après des années dans l'univers du metal extrême, Andrew Erbie (régénérescence et recréation d’Adrien Weber) revient avec une nouvelle couleur qui s’exprime pourtant à travers le même prisme.
Tout passe par l’identité, et il fallait donc se recommencer pour parfaire la nouveauté. Après Goatholaucost, Vociferian et bien d’autres, ce sera ROLLER WORLD et LAME SOEUR comme nom d’album. Celle avec qui il vit, subit les assauts du monde, se défend, protège. Les âmes s’aiguisent ensemble. 

Si de premier abord il semble avoir quitté les éléments constitutifs de l'esthétique Black Metal, c'est pour mieux se concentrer voire se recentrer sur le fond et la proposition artistique, avec une démarche qui ressemble parfois à un travail d’historien (de la musique du 20ème et de l’âme). 
C'est comme un double retour à l'origine. Quoi de plus noir que le blues au propre comme au figuré?
On pourra s'amuser à cartographier ses influences sans pour autant comprendre le propos. Si le départ nous convie sur un territoire et un temps fantasmés (l'Amérique des années 90, des flingues et des roses), dès le second titre les représentations mentales deviennent poreuses, la géographie n’explique plus rien, l’intemporalité s’installe. Car les repères ne sont pas forcément des frontières.

Le territoire qui s’ouvre à nous et se décrit c'est Adrien/Andrew, son histoire, sa vie, son cœur et ceux qu'il aime. 
“All Powerful Hands” s’ouvre sur un déboulé de phrasés comme s’il devait urgemment exprimer quelque chose de contenu trop longtemps. L'idéal superflu de perfection du jeu est laissé au profit de la justesse de l'expression musicale qui y est absolue. La profondeur de champ, la spatialisation créent des résonances comme autant de questionnements, de doutes, de déphasages et de rephasages. Des moments intenses, des moments d’une profondeur quasi liturgique (“Nihil Obstat”), des arpèges et guitares noires comme jamais sur un “Chain Of Embers” que j’aimerais envoyer à Mark Lanegan. C’est comme écouter une personne penser, partir loin puis trouver sa cohérence. Le jeu parfois urgent en dit long sur la conception mentale de l'œuvre. 
 Il ne faut pas craindre une œuvre tournée vers soi, claustrophobe. De grandes friches (ah l’intro de “Horror Vacui”) sont laissées libres dans ces territoires, assez pour vous laisser vous approprier le propos et faire de ce chemin vers lui un chemin vers vous. Peu savent aménager ces deux mondes, le Josh T Pearson de 2011 en sait quelque chose, et il trouvera ici un contemporain de grande valeur.
Rien n'est plus black que le blues. Black gives way to blue… 

Au jeu des influences on pourra s'amuser à trouver des pelles de grands noms sans qu'ils n'expliquent rien. La scène Nola, Alice In Chains. Oui, ils sont quelque part là-haut, oui le background est fourni, nourri des figures tutélaires du rock 90’s, grunge, alternatif. Mais ce serait vers la peinture voire la littérature, quand elles ambitionnent de faire de soi un sujet observé et observant, une anthropologie de l'émotion, que l'on pourra saisir l'ampleur de ce qu'il offre à notre vue. Pour toute quête il faut un guide. Mais pour toute quête seul le libre arbitre permet de dépasser les épreuves. 

Comme à son habitude l’éthique de l'indépendance est la condition de son œuvre et la garantie du libre arbitre. La façon de faire rejoint la proposition. Le libre arbitre à l’épreuve en 7 plages, 7 axes, 7 étapes au terme desquels Andrew franchit un nouveau cap, se réinventant par la racine et faisant à ce jour son album le plus personnel. 

Et comme rien ne remplace ce que l’on peut toucher, l’album sortira en digifile 3 volets au magnifique artwork. 


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Barclau


Sortie physique : le 21/06/2020 sous le label Tralala As F*ck, en digifile 3 volets + livret 


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