Interview & Documentaire | Ben, SPEAK CHINESE OR DIE, DIGOU, MEI JUN BING, MILU (Grind, Punk, Hardcore - France/Chine)


C'est en 2016 avec la sortie de ma chronique du premier album de Speak Chinese Or Die (SCOD) que j'ai commencé à échanger avec Ben, punk français de son état vivant en Chine. Après de longs échanges sur les réseaux sociaux, après s'être raté en France comme en Chine il était quand même temps qu'on se pose pour mettre à l'écrit les nombreuses questions qui ont fusées depuis tant d'années. 

Cette interview est le résultat de passions, de fascinations communes pour la scène Punk Hardcore, le DIY et surtout la Chine. Loin des clichés, du discourt formaté, Ben nous révèle son expérience de la scène Punk (au sens large) chinoise mais aussi son point de vu sur le pays tout en nuance. 

Nous avons aussi la chance d’héberger le documentaire retraçant la dernière tournée de Gu Guai Xing avec Zeppo  aux philippines, où les groupes sont allés à la rencontre de la scène Punk locale !

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Salut, on commence direct ! Que est ton parcourt et surtout comment es-tu arrivé en Chine ? 

Salut, je m'appelle Ben, 38 ans cette année, je viens de Metz à la base mais je suis arrivé en Chine à Wuhan en 2006 et j'y habite toujours aujourd’hui. À la base à Nancy au début des années 2000, je faisais un groupe qui s'appelait Gu Guai Xing Qiu (ce qui veut dire Planète Bizarre en chinois) et notre bassiste, Fonk (qui habite en Suisse depuis longtemps maintenant) était chinois (il est toujours chinois d'ailleurs :-) ). Cette rencontre avec lui, même si ça fait bizarre de dire ça, a changé ma vie puisque je ne serais pas en Chine aujourd'hui sans lui. Donc on a pas mal tourné avec ce groupe en France et en Europe et en 2006 on a décidé de faire une tournée en Chine. Premier jour de la tournée, arrivée à Shanghai, j'ai vraiment adoré puis la tournée a été super donc j'ai décidé de rester là bas... À la base je devais pas rester, je partais pour trois mois et en fait je suis pas rentré en France (« allô maman, en fait je rentre pas en France, salut » ha ha), j'ai trouvé un job sur place.




Comment as-tu rencontré les membres de Huntuo avec qui tu as fondé Speak Chinese Or Die ?

Alors j'ai croisé Ozzy notre batteur actuel de SCOD à des concerts punk ou metal à Wuhan. On se connaissait juste de vue, on avait pas vraiment parlé ensemble mais il m'avait vu souvent crier “Blast beats !!!!” aux groupes ha ha, donc il m'avait repéré. On s'est revu quelques temps après dans la pizzeria DIY d'un pote et on a sympathisé. Il a proposé de monter un groupe et m'a proposé de chanter. Il a proposé au batteur de Huntuo de venir jouer de la gratte dans SCOD. Il jouait déjà avec lui dans d'autres groupes comme Skullcrusher (crossover thrash metal punk bien sympa) et un projet Black Metal dont j'ai oublié le nom (n.b The Illusion of Dawn). Ozzy, c'est un peu un vieux du Metal ici à Wuhan, il en écoute et il est actif dans la scène Metal depuis plus de 20 ans (il a la quarantaine).

Le nom du groupe sous-entend énormément de chose. Tu parlais déjà chinois en arrivant dans le pays ?

Alors, oui, le nom ne vient pas de moi mais c'est Ozzy qui a proposé. À la base, ça vient d'un délire sur SOD et leur chanson "Speak English Or Die", groupe que je connais très peu d'ailleurs. Moi, j'ai mes propres idées sur le nom du groupe. Ça peut être un (petit, car je m'en fous un peu en fait) coup de gueule contre les expats qui habitent en Chine depuis longtemps sans parler la langue ou peut-être un peu le côté « softpower » des langues. Les langues et la culture ont toujours été utilisées par les gouvernements pour renforcer leur influence dans le monde. Et vu que la Chine cherche à fond à diffuser ses idées et ses valeurs via les Instituts Confucius, ou le projet de nouvelle route de la soie (etc) par exemple, ça me fait un peu penser à ça... C'est un peu dur à expliquer en fait, c'est peut être un mélange de tout ça en fait. Mais à la base, y a pas forcément de raison autre que le délire autour de SOD de la part d'Ozzy.





Tu parlais déjà chinois en arrivant dans le pays ? Comment s'est fait l'apprentissage de la langue ? 

Non, pas du tout. Je ne parlais pas un mot. J'ai appris tout seul et au bout de deux ans, j'ai pris 6 mois de cours là bas mais j'ai surtout appris en pratiquant. Mais attention, beaucoup de personnes pensent que je le parle bien car je peux communiquer facilement pour des trucs basiques, mais en fait, déjà, je le lis et l'écris très mal et mon niveau n'est vraiment pas aussi haut qu'il le devrait après 14 années passées en Chine... Je me débrouille bien à l'oral c'est tout mais j'ai encore beaucoup de problèmes. J'aimerais pouvoir étudier trois ans en université pour avoir un super niveau (en fait, j'ai du mal à bosser mon chinois seul à la maison, j'ai besoin d'un cadre scolaire), mais bon, ça coûte cher et j'ai besoin de bosser pour gagner ma vie. Faut dire aussi que je suis une grosse feignasse pour les langues (et pour répondre aux rares interviews ha ha) et je me satisfais assez de mon niveau actuel, je cherche pas plus à progresser. Ça me permet de communiquer, de booker mes dates, et j'arrive à me démerder pour tous les trucs administratifs à gérer (banque, internet, préfecture, notaire, bureau des divorces etc).

Tu évoluais déjà dans la scène Punk / Hardcore française ou tu as découvert ça en Chine ? 

Non, j'ai commencé à écouter du punk très tôt : à l'âge de 15 ans au lycée pour le punk (surtout du punk français) puis après période néo metal comme beaucoup (que je ne renie pas). Avant, vers l'âge de 10 ans, on avait découvert Vulgar Display of Power de Pantera, avec mon frangin dans une émission de radio à l'époque, M40 rock je crois. Cet album m'a beaucoup marqué aussi, et je me souviens des pogos durant les boums de l'école primaire avec les copains ha ha.  Mais c'est en allant faire mes études universitaires à Nancy que j'ai vraiment commencer à rentrer dans la scène, à aller à plein de concerts, à comprendre le délire autour de la musique et à faire de la musique (enfin, si crier est considéré comme faire de la musique ha ha). J'ai eu plusieurs groupes, j'avais aussi fait un label DIY aussi (« Ben le millionnaire records » d'où mon pseudo sur internet) et un zine aussi. J'ai aussi un peu participé à la vie dans des squats à Nancy et puis fait pas mal de concerts dans cette scène dans quelques pays d'Europe.

Tu me disais qu'il n'y avait pas de scène Punk à Wuhan, comment le public et les musiciens s'organisent ? Tu connais celle de Pékin ?

Alors c'est peut être un peu exagéré de dire que y a pas de scène punk à Wuhan, en tout cas en ce moment y a presque plus de groupes punk ici... Wuhan si tu veux a une réputation d'être une ville punk. Si tu lis des articles qui parlent du punk en Chine, tu liras qu'à la fin des années 90, y a eu une émulation collective autour de la scène punk. Y avait pas mal de groupes, des concerts, une grosse motivation autour de quelque chose de nouveau. Beaucoup d'articles parlent de Wu Wei, chanteur du groupe SMZB, comme du parrain du punk à Wuhan, ce qui est vrai mais y avait aussi plein d'autres gens motivés que les journalistes oublient souvent de mentionner. A l'époque, y avait vraiment un aspect DIY, y avait pas de lieux pour jouer, pas de locaux de répèt', trouver du matos était une mission, pas comme maintenant où tout est plus simple. Les gens n'avaient pas de thunes, étaient plus énervés aussi, la société était vraiment différente qu'aujourd'hui, la Chine évoluant tellement vite. J'ai lu une interview récemment de Li Ke qui est le manager du club Vox à Wuhan, il pense que les jeunes maintenant préfèrent la pop, ils préfèrent faire de la thune en sortant des tubes et essayer de vivre une vie confortable et matérialiste. Il pense que l'amélioration des conditions de vie en Chine ces 20 dernières années a fait changé les mentalités. Sans vouloir faire le vieux con aigri en disant c'était mieux avant, je suis assez d'accord avec lui. Je pense juste que les mentalités changent et la société aussi, mais ce qui prend 50 ans à changer en Europe change en 10 ans ici, tout va à fond la caisse. Quand je vois mes potes musiciens punk qui sont restés dans le délire, ils sont tous des galériens, pas de bon taf, pas mariés (car ici le mariage est super important faut pas l'oublier, et si t'es pas propriétaire et pas de thunes, c'est dur de se marier). Les musiciens maintenant sont plus de la classe moyenne aisée qui est apparue en Chine. Et puis depuis quelques années, y a des labels assez gros qui signent les groupes et y a moyen de gagner pas mal d'argent en faisant de la musique si ton groupe décolle. Ça c’est complètement nouveau et ça change énormément le rapport à la musique. Le fric a une place vraiment plus importante dans la scène musicale (au sens large). Attention, je ne critique pas, j'ai aussi signé avec un de mes projets sur un label chinois et j'ai touché du blé qui m'a permis de me démerder pendant 6 mois de chômage l'année dernière. Mais ça change le rapport à la musique. Ta façon d'écrire aussi. J'imagine que, même si c'est pas mon cas, des groupes réfléchissent avant à ce qui pourrait marcher ou intéresser un label et puis ça pousse à une forme d'autocensure dans l'écriture des paroles, tu zappes direct ce qui passera pas à la censure, car pour sortir un disque dans un réseau « officiel », il faut l'autorisation du bureau de la culture (sic). De plus, Wuhan est une ville universitaire donc y a pas mal de groupes qui se forment et qui splittent rapidement car les gens vont et viennent. Et puis, une fois les études terminées, la pression familiale prend souvent le dessus pour trouver un bon taf, se marier et faire des gosses. Pas simple de vivre dans cette société. Donc depuis quelques années, y a plus vraiment de scène punk. Le truc, c'est que quand tu vas dans d'autres pays même d'Asie, y a toujours une scène avec ses distros, ses zines, ses groupes, ses activités DIY et un côté politique qu'il n'y a pas du tout ici. Ici, il a quelques groupes, des concerts, mais tu ressens pas un côté vraiment « scène ».



Alors, niveau organisation de concerts, en fait, c'est assez simple de jouer en Chine en général bien que ça se complique énormément ces dernières années, j'expliquerai après. En gros, il y a des lieux (bars ou clubs) pour faire des concerts, il y a tout le matos nécessaire (amplis, batterie et sono) pour jouer donc organiser un concert est très simple. Nous, à Wuhan, on a un bar culte, le Wuhan Prison, qui organise des concerts gratuits, c'est très simple d'y jouer, en gros t'as juste à demander à quelqu'un qui connait la patronne (comme moi) et c'est réglé rapidement. Après les concerts dans les clubs sont de plus en plus difficiles, il faut maintenant payer de la thune pour obtenir l'autorisation gouvernementale pour jouer et ça peut coûter cher ou être très chiant à obtenir quand tu es étranger. De plus, tous ces clubs font de moins en moins de concerts punk car ça ramène pas assez de monde surtout que chaque lieu a sa propre politique concernant les tickets (souvent il faut vendre un minimum de tickets sinon tu dois payer de ta poche si y a pas assez de monde) ce que je peux comprendre vu la taille et l'équipement des clubs. Après, à Pékin et à Canton, je dirais que y a plus ce côté scène mais pas forcément dans le punk uniquement. Attention, je dis juste ça en constatant, je suis pas non plus actif plus que ça... à part jouer et me bourrer la gueule, et organiser quelques concerts, je fais pas non plus grand chose... Je suis loin d'être optimiste concernant le futur de tout ce qui est underground en Chine. Ça fait quelques années que ça devient la merde, les concerts sont contrôlés, il faut une autorisation payante pour faire le concert (avec l'envoi de pas mal de documents, carte d'identité, traduction des paroles etc.). Y a de plus en plus de contrôles surtout dans toute la société, t'as dû entendre parler du système de points à la Black Mirror qu'ils veulent mettre en place (même si j'ai encore rien vu à Wuhan), le nombre de caméras, des concerts annulés pour diverses raisons, des potes en prison (comme le batteur de SCOD qui a fait 6 mois de taule pour avoir posté des trucs politiques sur wechat), la galère pour obtenir un visa, de plus en plus de potes étrangers qui se barrent parce qu'ils en peuvent plus, le racisme qui monte... et là, avec cette histoire de coronavirus, ça risque de pas arranger les choses. Mais bon pour contrebalancer un peu mon pessimisme, on organise plein de super soirées gratuites au Wuhan Prison (si c'est gratuit, pas besoin d'autorisation) et c'est un super endroit pour jouer dans différents styles (punk, electro, techno, metal, hip hop, noise, tout est possible). En fait, le truc, c'est qu'il faudrait plus de petits bars underground comme le Wuhan Prison à Wuhan, le School et le Temple à Pékin etc. Parce que ça devient vraiment plus difficile de jouer dans les clubs qu'avant. Idéalement, il faudrait que des alternatives se développent, des petits lieux s'ouvrent un peu partout (cher lecteur, je sais que tu es tenté de me dire, ben t'as qu'à le faire... c'est pas faux mais devenir alcoolique en gérant un bar n'est pas ma priorité) car finalement en Europe, on joue pas dans les clubs non plus mais dans un réseau underground, dans des bars ou des squats. C'est ce qui manque ici. Mais après, je sais qu'à Chengdu, y a plein de trucs supers qui s'organisent dans la scène electro expérimentale avec un esprit DIY. C'est beaucoup plus simple pour eux car y a pas besoin de batterie, d'amplis etc... une petite sono et tu peux jouer partout. Du coup, cette scène m'intéresse de plus en plus.

Faut aussi comprendre que pour un groupe traditionnel, ça coûte cher de tourner, faut acheter des billets de train (les tournées se font en train), l'hôtel etc. Par exemple, pour SCOD, à 4 pour faire un concert à Pekin ça coûte 3000 yuans rien que pour le train, et encore c'est le train lent, pas le train rapide.


J'ai fait pas mal de concerts à Pékin, surtout Metal/Expérimental, et j'ai l'impression que les Punks et les Metalleux ont très peu de contacts entre eux.

Oui, tout à fait d'accord. Les groupes sont très classés, genrés si tu veux. Ça me rappelle un peu quand j'habitais en France. À Paris, y avait vraiment des scènes séparées, genre les punk français, les hardcoreux, les crustys, les squatteurs, les skins antifascistes alors qu'à Nancy, on avait vraiment une super scène avec des gens de divers horizons qui faisaient la fête ensemble et c'est pour moi un très bon souvenir. Je sais pas trop si c'est la même chose dans le métal mais j'imagine que oui, genre les black metalleux ne trainent pas avec les death metalleux ou les heavy metalleux ? (c'est une question, pas une affirmation, je connais très peu la scène métal en France). Bon revenons à la Chine. Oui donc les genres ne sont pas mélangés. Le plus gros problème pour moi vient que je fais pas vraiment du punk ni du metal. Mon projet Milu, c'est de l'électro punk mais pour beaucoup de chinois (même si ça évolue), le punk, c'est le punk anglais des débuts. Donc c'est parfois chiant de se retrouver le cul entre deux chaises. Pour moi, le punk est vraiment un mot qui englobe beaucoup de trucs, un groupe Noise ou un mec qui fait du breakcore taré, je peux le mettre dans la scène punk. Donc c'est souvent un problème pour mes groupes car ça va pas forcément intéresser les punk ni les metalleux. Avec SCOD, on arrive mieux à jouer dans les deux scènes je trouve mais ça vient du fait qu'Ozzy est actif depuis très longtemps dans la scène metal et que c'est un sous label de Dying Art (un label indé Metal chinois assez connu) qui a sorti notre CD.

Comme la pochette du premier album SCOD... tu peux nous raconter son histoire ? 

Alors la pochette, c'est une peinture à l'huile d'Ivan Brun qui représente une classe au lycée chinois avec des étudiants sous perfusions. Ivan Brun, pour ceux qui connaissent pas, je les invite à découvrir, il fait de super illustrations et BD politisées et il a fait pas mal de pochettes de groupes punk français. C'était un peu un « rêve » (je trouve pas d'autre mot moins con) d'avoir une pochette de disque d'Ivan Brun pour un de mes groupes. Donc en gros, pour comprendre la pochette, faut comprendre que l'examen du Bac chinois, le Gaokao, c'est l'examen le plus important dans la vie d'un chinois. En gros, c'est cet examen qui décide de ton futur car plus tu réussis, plus tu auras la chance d'intégrer une bonne université (c'est comme un concours après la prépa si tu veux un peu). Et bonne fac = bon boulot (l'inverse est vrai aussi). Faut comprendre que la pression (de la famille, des profs, de la société) pour cet examen est énorme. Donc l'idée de la pochette vient d'un fait divers lu sur le net chinois : dans ma province, un lycée mettait les étudiants sous perfusion de vitamines pour qu'ils soient moins fatigués en classe. Bon c'est juste un fait divers, y a pas ça dans tous les lycées, faut pas non plus imaginer toute la Chine comme ça... donc j'ai montré des photos de référence (genre des classes en Chine, des uniformes etc) à Ivan Brun avec cette idée en tête. Moi j'imaginais un truc tout noir et blanc avec les gamins en tête de mort mais en fait, il a fait cette peinture à l'huile que j'adore. Et si tu regardes, y a plein de petits détails sur la pochette (y a les deux faces), la caméra, les portraits d'hommes politiques, c'est vraiment réaliste.


Comment s'exprime la vision anarchiste / communiste et critique sociale dans le Punk en Chine ? 

Avant à Wuhan, au début des années 2000, y avait des punks qui avaient fait un super zine qui s'appelait Chaos avec des interviews de groupes punks chinois et internationaux et des traductions d'articles du collectif anarchiste crimethInc.
Après les mêmes personnes ont loué une maison un peu excentrée du centre où ils ont essayé d'expérimenter la vie communautaire et faisaient aussi des activités, des conférences (anti G8 par exemple), quelques concerts, expos. Ils étaient aussi actifs pour lutter contre le projet de construction d'un parc d'attractions sur le Lac de l'Est (plus gros lac à Wuhan) avec pas mal d'artistes de la ville. C'était possible à l'époque, ça me paraît beaucoup plus compliqué maintenant. Après je connais personne d'autre qui ait fait des trucs comme ça mais j'imagine qu'il doit se passer des trucs dans d'autres villes mais pas forcément que par des punks. Y'a des musiciens qui font de la folk et qui ont des textes bien plus politisés que des groupes punk, y a aussi des « artistes » qui se bougent le cul et font des trucs bien classes (je parle pas des artistes « prout prout » pour les bourgeois) mais je connais pas trop non plus.

Tu as d'autres projets comme Digou avec Kim Jean Poulpe d'Octopoulpe avec qui tu tournes partout dans le monde et longtemps. Que tires-tu de ces expériences ?

Yes, JP, c'est le mec que je considère comme mon meilleur pote. Si t'as jamais vu Octopoulpe et qu'il passe près de chez toi, faut y aller, c'est pour moi un des meilleurs projets que j'ai vu (et j'ai dû le voir au moins 70 fois et je ne m'en lasse toujours pas). J'ai la chance de faire avec lui un groupe de powerviolence costumé qui s'appelle Digou, je dis la chance car c'est plutôt rare de trouver un mec si motivé et classe où tu dis, une tournée en janvier t'es chaud ? Et il répond toujours oui. Alors on a fait plusieurs tournées en Chine, au Japon aussi, en Corée du Sud, Vietnam, Cambodge, Indonésie, pas mal en Asie en fait parce qu'il habitait avant en Corée du sud. Maintenant il habite au Mexique donc on vient juste de faire une tournée au Mexique qui était excellente. Alors qu'est-ce que j' en tire : un mal de foie énorme, un mal de dos, des dents pourries, des mycoses, de la fatigue, et une grosse dépression au retour ha ha ha. Non mais, je sais pas comment expliquer, j'adore juste tourner, faire la fête, rencontrer des gens, découvrir des supers lieux, voir des nouveaux groupes, bouffer de la nouvelle bouffe, dormir chez des gens... J'aimerais te donner une super raison politique ou originale ou te dire que je fais ça pour partir à la rencontre de nouvelles cultures mais je pense c'est juste la façon que j'aime pour voyager, m'amuser, et me faire des nouveaux amis, rien de plus. Et l'occaze de revoir mon pote JP chaque année.





Tu aurais des groupes de Punks chinois à conseiller à nos lecteurs ? 

Alors le truc, c'est que j'écoute plus beaucoup de punk ni de grind depuis pas mal de temps, je sors toujours à des concerts quand y a des trucs qui m'intéressent mais j'écoute plus des trucs Post Punk ou des trucs fait avec des synthés. Au niveau punk, je dirais D-Crash de Pékin, Di San Xian de Shenzhen, Die Chiwawa Die de Canton, Skullcrusher de Wuhan, King of Lazy de Kunming (stoner), Ugly girl de Pékin, Demerit... Après au niveau des groupes basés en Chine avec que des étrangers dedans, Struggle Sesssion (avec Nevin du label Genjing records, un américain qui habite aussi en Chine depuis moult, fin connaisseur de la scène en Chine, très actif à Pékin, et un super type), Alpaca groupe de sludge de Shanghai. Bien sûr, SMZB, ça reste la grosse référence de Wuhan (si tu demandes à un chinois de te citer un groupe punk, y a de fortes chances qu'il cite SMZB). Même si je suis vraiment pas fan du punk irlandais, ça reste un groupe que je respecte pour leur démarche et leurs concerts sont vraiment bien. 

Un mot de la fin ?

Je tiens vraiment à dire que je n'ai jamais vu de chauve-souris ni de pangolin sur un marché en 14 ans de vie en Chine. J'espère que cette merde de virus va vite se terminer, c'est vraiment la merde pour tout le monde (je suis actuellement bloqué hors de Chine depuis janvier sans possibilité de rentrer là-bas ni de voir ma fille (chinoise)) et surtout j''espère que cette guerre idéologique puante (des deux côtés) entre les États-Unis et la Chine va s'arrêter...

Et sinon, un grand merci à toi et à toute ton équipe pour cette interview et aux gens pour la lire.



Retrouvez le documentaire ci-dessous. Il a été réalisé par GGXQ/Zeppo.


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Questions : Morgan




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