Chronique | WITCHER - A gyertyák csonkig égnek (Album, 2019)


WitcheR - A gyertyák csonkig égnek (album, 2019) 

Tracklist :
01. A gyertyák csonkig égnek 11:20   
02. Feloldozás 08:42   
03. Az én csendemben 08:45   
04. Az utolsó utamon 08:09   
05. A hattyúk tava Op. 20. 1. Jelenet (Pyotr Ilyich Tchaikovsky cover) 03:20

Streaming complet :

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Face à l'afflux constant de nouvelles productions par ras de marée, il est de plus en plus complexe de faire un choix quand il s'agit de formations que nous ne connaissons pas. Comment, en tant que groupe, faire pour attirer de nouveaux auditeurs ? Doit-on soigner le visuel ? Communiquer sur la singularité de notre musique ? En tant qu'auditeur, il est de plus en plus complexe de distinguer les groupes émergeant qui méritent qu'on s'y attarde. Mais parfois, un simple élément déclenche la curiosité.

WitcheR, en soi, n'avait rien de particulier pour que je m'y attarde plus qu'un autre groupe. Encore un énième groupe de Black atmosphérique... et là... une reprise de Pyotr Ilyich Tchaikovsky en guise de bonus track. Paf ! Le CD dans le lecteur, curieux de voir à quelle sauce les hongrois ont décidé de manger le maître. Mais surtout, pourquoi ? Pourquoi ce titre précisément, quel est le lien entre cette reprise, le traitement choisi et l'esthétique musicale de WitcheR ? Car il est bien joli de rendre hommage à l'un des plus grands maître romantique russe, mais encore faut-il que cela ait un sens.

 Ainsi, une fois n'est pas coutume, arrêtons-nous tout d'abord sur le dernier titre de l'album, à savoir la reprise sus-mentionnée. Voici donc le thème dans une version orchestrale, suivie de la reprise de WitcheR, pour que vous l'ayez dans l'oreille.




Ainsi donc le traitement reste assez minime sur le travail du morceau : le synthétiseur a pour rôle de reprendre la structure du morceau dans les nappes d'accords, puis dans la progression du thème et des variations. La guitare en trémolo suit ce clavier dans une ligne sans nuance de jeu. Enfin, la batterie martèle un roulement de double tinté de caisse clair et charleston en rythme avec la musique originale. Peu de parti pris, si ce n'est une réorchestration rapide de l'originale pour s'accorder au style Black atmophérique. On supposera donc que le rôle de cette reprise tient lieu d'hommage au compositeur qui aurait un rôle dans l'esthétique musicale de WitcheR.

Avec cette notion en tête, il est temps d'écouter et de s'intéresser au plat de résistance, à savoir les compositions. Et dès le premier titre, l'influence de la musique orchestrale est flagrante, ne serait-ce que dans le traitement des progressions d'accord du clavier qui, s'il avait été joué par un orchestre, aurait eu un rendu proche de la musique romantique pour sûr. On retrouve une batterie qui occupe le simple rôle de marquer les temps, s'autorisant un roulement de double régulier entrecoupé de rythmiques plus simples, mais où les fantaisies sont rares. L'instrument percussif n'a ici qu'une place de soutien, tout comme cela avait été évoqué au sujet de la reprise. C'est véritablement le synthétiseur, instrument roi de l'album, qui fait la richesse musicale de WitcheR. Car les progressions harmoniques et mélodiques sont belles. Le rapport à l'héritage romantique se ressent tout au long de l'album et on comprend alors la cohérence du choix final pour l'hommage. 

Ainsi, l'arrivée en fin d'album de l'extrait du Lac de Cygnes se fait naturellement, comme si l'esthétique de l'album avait entièrement été créée pour préparer l'arrivé de ce final majestueux. Alors si dans son ensemble A gyertyák csonkig égnek est classique par son intrumentarium, la véritable richesse de WitcheR se trouve dans l'héritage romantique qu'il défend, loin des pionniers du Black Metal ambiant et atmosphérique qui n'offrent que le timbre des instruments et la voix. 

Ainsi, la peur que j'ai ressentie lorsque j'ai vu le nom du maître russe apparaître dans la tracklist se dissipe par son rôle dans la musique. Il n'est pas question de proposer une version "meilleure" ou "moins bonne" de l'extrait choisi, mais de rappeler le rôle important de l'esthétique de Tchaikovsky dans l'expression musicale de WitcheR. Un hommage réussi, pour un album qui l'est tout autant. Agréable, enivrant, A gyertyák csonkig égnek est une invitation au voyage dont la destination ne dépend que de notre imagination.
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Deimos.
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