Chronique | BENIGHTED - Obscene Repressed (Album, 2020)



Benighted - Obscene Repressed (album, 2020)

Tracklist :

01. Obscene Repressed
02. Nails
03. Brutus
04. The Starving Beast
05. Smoke Through The Skull
06. Implore The Negative
07. Muzzle
08. Casual Piece Of Meat
09. Scarecrow
10. Mom, I Love You The Wrong Way
11. Undivided Dismemberment
12. Bound To Facial Plague

Extrait en écoute :


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Il y a plus de 20 ans sortait Benighted, premier essai éponyme du groupe français. Alors considéré comme projet secondaire par les musiciens, l'accueil chaleureux qui leur a été réservé leur a vite fait revoir leur copie et se concentrer pleinement à la Bête. Si ce premier essai était une forme bâtarde de ce qui se faisait de plus brutal à l'époque, avec une forte dominante Black Metal dans l'esthétique musicale, l'identité musicale des stéphanois se dessinait déjà.


Depuis leurs débuts et jusqu'à aujourd'hui, Benighted a produit de nombreux chefs d’œuvre à un rythme régulier et développe aujourd'hui une discographie fournie sans réel faux pas. Bien sûr, la production s'est modernisée, le style s'est affuté, le côté Black Metal flotte aujourd'hui au dessus de leur musique comme une aura, tintant certains riffs ou titres de sa couleur. Car aujourd'hui, les compositions du quintette développent une forme Brutal de Death Metal à la frontière audible du Grind. Si la thématique du mal est développée dans le premier essai du groupe, Julien Truchan (seul membre fondateur encore présent dans le groupe) a rapidement fait le lien entre son métier en hôpital psychiatrique et les thématiques des morceaux. 

Ainsi, les thématiques abordées dans les productions de Benighted se tournent exclusivement vers la pathologie mentale la plus sombre. Obscene Repressed est ainsi un exemple de la réussite textuelle du quintette. Car comme pour Necrobreed, l'album est concept par son texte, racontant une histoire cohérente du début à la fin. Si ce dernier s'attardait sur l'histoire d'un homme atteint de schizophrénie, survenue à la suite d’un traumatisme infantile lié à la mort de son animal, Obscene Repressed s'attarde sur Michael. Michael est un jeune enfant sans ami à cause d'une fente labiale qui n'a pas été soignée car ses parents ne l'ont pas laissé voir de chirurgien. 

Michael est alors devenu son propre ami, trouble psychologique qui a progressivement pris le contrôle de sa vie jusqu'à désirer un but ultime pour renforcer le lien avec sa mère : retourner en elle pour retrouver le lien le plus fort qui soit, et qu'ils soient heureux pour toujours...

Comme toujours, de la pure poésie à l'image du clip qui vous a été présenté en guise de joyeux préambule ci-dessus. Nous vous laisserons le soin de découvrir l'entièreté de l'histoire en écoutant l'album par vous même, et il est temps pour nous de nous intéresser à la musique de ce nouveau chef-d’œuvre. Si l'EP anniversaire Dogs Always Bite Harder than Their Master nous a offert un excellent préambule au line-up actuel du groupe, Obscene Repressed est le premier album studio qui accueille Kevin Paradis derrière les fûts et Fabien Desgardins pour accompagner Emmanuel Dalle à la guitare. Ce dernier est d'ailleurs aujourd'hui pilier de la composition instrumentale du groupe, sur lequel Julien dépose ses douces paroles. 

L'accueil qui nous est réservé à l'ouverture de l'album est sans fioriture. Après quelques bruits morbides, Benighted nous propose une leçon de violence en grande pompe. L'esthétique musicale du groupe reste fidèle à leur précédents opus, moins virtuose dans les mélodies que leur confrères d'Aborted auxquels ils sont facilement comparés, sans pour autant que l'écriture ne tombe outre mesure dans la facilité. Le groupe a toujours préféré l'enrichissement des rythmiques de tous les instruments à l'exposition de solos virtuoses.

D'ailleurs, aucun instrument ne prend le dessus, la masse instrumentale formée par le quartet Dalle-Paradis-Desgardins-Arnoux évolue en harmonie (dissonante certes), sublimée par un mixage confié à Kristian Bonifer du studio allemand Kohlekeller, maintenant habitué à travailler avec le groupe. Unifiée sous le thème d'une violence constante, la musique de Benighted prend pourtant différentes formes au fil des morceaux. Incisive et rapide sur "Smoke Through The Skull", teintée de Hardcore sur "Implore the Negative" (plutôt normal d'ailleurs car le groupe accueil Jamey Jasta de Hatebreed sur ce titre), lourde et brute sur certains passages de "Casual Piece Of Meat"...

Un album de Benighted ne serait pas complet sans invités, et c'est une règle à laquelle on ne déroge pas. D'abord est accueilli sur le titre "The Starving Beast" Sebastian Grihm de Cytotoxin, choix on ne peut plus évident d'abord suite à la tournée où ils avaient fait route ensemble, puis par la similarité de leurs musiques respectives. On notera d'ailleurs des rythmiques assez similaires au style de Cytotoxin lors des interventions de Sebastian au fil du morceau. Comme noté plus haut, Benighted accueille également Jamey Jasta de Hatebreed pour un titre résolument tourné vers l'esthétique Hardcore. Enfin, Karsten Jäger (Disbelief, Morgoth) vient déposer sa voix sur "'Mom, I Love You The Wrong Way", où à nouveau Benighted adapte son titre à l'esthétique de son invité, preuve au passage que les trois vocalistes ne sont pas seulement là pour faire joli sur la tracklist, mais qu'ils apportent réellement une richesse dans les compositions de l'album.

Ainsi, avec Obscene Repressed, Benighted s’appuie sur de solides bases esthétiques muries au cours des vingt dernières années. L'album s'écoute et s'apprécie comme la suite logique de la carrière du groupe, c'est à dire en cohérence avec son passé, avec un son toujours plus précis, une écriture toujours mieux maîtrisée, et une cohérence globale plus forte que jamais grâce à une véritable histoire racontée au fil des titres. Grâce à cet opus, Benighted s'impose comme l'une des figures les plus importantes (si ce n'est LA plus importante) de la scène extrême française.

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Deimos.


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Benighted :

Season of Mist :

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