Il y a toujours un album qui nous fait découvrir un groupe, c'est un peu une évidence dit comme ça - mais je vais m'expliquer. Le Metal existe désormais depuis plusieurs dizaines d'année, des groupes se créent toujours, chaque jour, mais ce n'est pas pour autant que cela éclipse les autres. Quand on découvre un album et le groupe qui l'a créé ça peut être des années après, ou au moment de sa sortie, et cet album est représentatif du groupe au moment où le groupe l'a sorti. Le groupe n'a peut-être plus ce style, l'album est peut-être un "OVNI" au sein de sa discographie comme l'album Glam Rock / Metal Cold Lake de Celtic Frost. Après cette découverte, on a envie de creuser, de s’intéresser à ce que le groupe produisait avant ou après. Si certains n'ont pratiquement pas bougé et sont restés fidèles à leurs premiers accords comme Napalm Death qui au mieux a un album plus Death Metal ou Grind, certains ont radicalement changé de style, certains groupes qui au fil des années sont devenus des piliers d'un genre n'ont pas du tout commencé par celui-ci, ou leur son a tellement évolué qu'il devient difficile de les reconnaître.
Nous avons voulu, ici, exhumer ces premières démos, albums, EPs et les comparer avec ce que les groupes sont devenus aujourd'hui. Ulver fait partie des groupes les plus connus à avoir radicalement changé de style, tout comme Paradise Lost, mais nous allons essayer de vous faire découvrir d'autres groupes. Ulver et Paradise Lost sont des groupes qui ont sorti quelques albums qui les ont fait connaitre dans le Pagan Black Metal et le Doom Death Metal avant de commencer à virer de bord. Nous avons cherché des groupes où c'est plus "radical".
Les groupes choisis l'ont été aussi car ils n'ont pas changé de nom au court de leur évolution stylistique, comme cela arrive souvent pour marquer une rupture assumée.
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Restons un peu dans les pionniers du Doom Death avec les anglais d'Anathema. S'ils sont aujourd'hui connus pour leur rock atmosphérique et progressif aux ambiances cinématographiques qui tirent vers la BO de film, le groupe, à sa création, officiait avec Paradise Lost et My Dying Bride dans le lent et le morbide.
Avec ses premières démos An Iliad of Woes (1990), All Faith Is Lost (1991) et They Die / Crestfallen (1992), leur musique se faisait malsaine, avec un guttural lent et aux ambiances plus proches des films d'horreurs que du cinéma d'auteur. Glauque, pénitentielle, l’anathème était prononcé et les seigneurs des ténèbres célébrés.
Cette période d'Anathema continue d'inspirer les groupes de Doom Death Metal comme le montre le logo du groupe japonais Anatomia.
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Quand on écoute Sólstafir, l'ambiance païenne est toujours omniprésente, mais plus introspective. La relation s'explore davantage entre soi, ses croyances et le monde. Lors des débuts du groupe, le paganisme se traduisait plus par de grands coups d'épées dans le corps. Même s'ils ont rapidement adopté leur logo définitif - qui en général est un bon éléments pour connaître le style d'un groupe mais aussi suivre l'évolution d'un groupe - Sólstafir officiait dans un Pagan Black Metal directement inspiré d'Ulver et d'Enslaved.
C'est chanté en islandais ; entre 1995 avec Í Norðri puis leur premier EP Til Valhallar (1996) et enfin Black Death en 2001, Sólstafir ça parle de conquête et de légendes vikings. En 2014 le groupe a proposé sur la version Deluxe d'Ótta une nouvelle version de "Til Valhallar", un mélange entre les débuts et l'actuel Sólstafir, où les influences Black Metal, Post-Rock, Post-Metal et Pagan se mêlent à merveille.
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Cradle Of Filth, les vampires les plus célèbres d’Angleterre avec leur Metal Extrême gothique et sophistiqué, n'étaient pas aussi endimanchés à leurs débuts. Avec Invoking the Unclean (1992) et Orgiastic Pleasures Foul (1992) l'ambiance était plus à la débauche, aux riffs Death / Black sales et sans fioriture, le chant guttural et diabolique. C'est sur Total Fucking Darkness (1993) que quelques claviers commencent à être mis en avant, prémices de The Principle of Evil Made Flesh (1994) et de leur période Black Metal Symphonique.
La compilation de 2014 Total Fucking Darkness reprenant leurs trois premières démos totalement remasterisées fait perdre le côté malsain et crade des enregistrements démos. Les parties aux claviers trop propres par rapport au reste créent un décalage qui n’existait pas dans les démos, où l'ensemble était un agglomérat de riffs blasphématoires et obscènes.
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Les Suisses de Samael ont fait balancer ma réflexion et mes critères lorsque j'ai sélectionné les groupes. Pourquoi les mettre si j'enlevé Ulver, le groupe a sorti entre 1988 et 1989, trois démos, un EP et une compilation au Black Metal satanique typique de la période, puis deux albums Worship Him (1991) et Blood Ritual (1992) dans la droite lignés des démos, juste mieux produits mais toujours aussi sataniques et occultes. Mais Samael est le premier groupe que j'ai découvert qui a fait un tel changement de style. Ils ont réalisé la prouesse de passer d'un Black Metal qu'on qualifierait aujourd'hui d'Old-School à du Metal Indus / Electro tout en gardant un côté très ritualiste dans l'esthétique, comme si Samael avait modernisé sa secte écartant son regard des tréfonds de la terre vers l’immensité du cosmos.
Les débuts de Samael font partie de ce qui se faisait de mieux en terme de Black Metal occulte et médiévalisant, avec Satyricon ou encore Dimmu Borgir.
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Sans doute les débuts les plus connus et les plus méconnus à la fois. Les Brésiliens de Sepultura, pionniers du Black Metal pour certains - dont moi - avec Sarcofago, Bathory et Hellhammer. Les plus connus, car dans la scène Black / Death Metal, Bestial Devastation (1985) et Morbid Visions (1986) - avec cette intro samplée de Carmina Burana absolument magnifique - font figure de pionniers du Metal Extrême et d'oeuvre cultes. Schizophrenia (1987) a eu la même résonance dans la scène Thrash Metal, même si ce dernier est bien plus connu car il se retrouve dans les packs de réédition de Sepultura. Lorsque l'on discute avec des fans de l'actuel Sepultura (ou avec ceux des frères Cavalera) il est souvent considéré à tort comme le premier du groupe.
Le split/EP et le premier album sont souvent méconnus de ces fans, bien qu'ils soient cultes dans la scène extrême. Une dualité intéressante qui sera peut-être abordée un jour dans ces pages...
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Entre terme de changements, In Flames et Sepultura se font écho, passant d'un Metal Extrême à un style que l'on pourrait qualifier de plus "grand public". Les albums Lunar Strain (1994) et The Jester Race (1996) ainsi que l'EP Subterranean (1995) sont dans un registre Death Metal aux accents mélodiques sans tomber dans le mélodieux. Même si The Jester Race commence à tracer l'esthétique visuelle future du groupe - avec la figure de leur futur mascotte - nous sommes loin d'un Children Of Bodom par exemple.
Les débuts d'In Flames vous feront oublier leur musique groovy / metalcore alternativo-machin-truc et trouvera sa place aux côtés de Morbid Angel et de ce qui se faisait de mieux en matière de Death Metal !
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En terme de changement de style Therion est un cas d'école. Lors de ses débuts à la fin des années 80, Therion faisait partie des gros noms du Death Metal de l'époque avant de virer vers un Metal mêlant la musique classique symphonique et l'opera.
Jusqu'à Of Darkness... (1991) et avec la démo Paroxysmal Holocaust (1989) et l'EP Time Shall Tell (1990), les atmosphères de Therion étaient morbides et occultes. Le groupe a gardé cette fascination de l'occultisme à travers la littérature notamment, mais les débuts avaient ce quelque chose de plus réel, moins littéraire, plus palpable, comme l'expression de nos peurs cachées.
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Pionniers du Blackgaze, Alcest ont aussi beaucoup évolué depuis leurs débuts. Il est plus question d'évolution chez Alcest que d'un changement radical même si entre Tristesse Hivernale (2001) et Le Secret (2005) le changement est déjà là. La première démo est à l'image de la pochette et du logo, du Black Metal froid et old-school où on retrouve tout de même la mélancholie qui habitera Alcest jusqu'à aujourd'hui. Le premier EP est vraiment la sortie charnière : le côté Black Metal est toujours présent mais cohabite avec des passages déjà plus Post-Black.
Le dernier artwork illustre la contribution d'Alcest pour leur split avec Angmar sorti en 2007, soit la même année que Souvenirs d'un autre monde. Il s'agit de la version originale de leur démo, comme un rappel de leurs racines Black Metal.
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Depuis les débuts, si on devait tracer grossièrement un point commun, c'est que les groupes deviennent plus sages au court des années, moins extrêmes, même chez Samael qui reste dans le metal mais avec une musique moins violente. Mais il existe aussi l'inverse : Ministry.
Tous les singles du groupe jusqu'au premier album With Sympathy (1983) sont dans un style purement New Wave avec un chant féminin et délicat. On y trouve des influences Synth-pop éthérées, quelques touches électros. Même si la scène New Wave et Electro / Indus ont des affinités, on trouve à cette époque assez peu d’éléments qui laissent présager le changement industriel et électronique puis Metal qui s’opère dès Twitch en 1986.
Des artworks en noir et blanc faits en cut and paste aux premiers albums plus travaillés, ils sont les témoins visuels de ce que faisaient les groupes à leurs débuts. Ces courtes descriptions et ces extraits sont là pour vous faire découvrir les débuts de groupes devenus connus et reconnus. Redécouvrir les groupes que vous aimez avec un nouvel œil grâce à ces débuts ou encore vous plonger dans une époque révolue.
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Morgan
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