Chronique | RORCAL - Muladona (album, 2019)


Rorcal, Muladona (album, 2019)

Tracklist :

01. This is how I came to associate drowning with tenderness
02. She drained you of your innocence and you poisoned her with it
03. I'd done my duty to my mother and father. And more than that I'd found love
04. A sea of false smiles hiding murder jealousy and revenge
05. Carnations were not the smell of death. They were the smell of desire
06. The only constant in this world is blackness of the human heart
07. I was the Muladona's seventh tale

Streaming intégral :


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Le gué qui lie les différentes formes d'art est très souvent emprunté par les acteurs de la scène Metal. En témoigne la dernière production de Rorcal, qui propose dans son dernier album une mise en musique de la nouvelle d'horreur Muladona écrite par Eric Stener Carlson.

À l’épilogue de la première guerre mondiale, dans la ville texane d’Incarnation, sévit la grippe espagnole. L’hécatombe, la putréfaction, l’horreur vécues par les habitants sont traduites par un long son monocorde qui accompagne le narrateur dans son récit. Impuissant face à la situation, Verge Strömberg, fils malade du pasteur de la ville est enfermé, prisonnier de sa propre maison, seul à l’âge de l’adolescence. Dehors, l’horreur s’épand. Le bruit monocorde devient de plus en plus assourdissant, rejoint par un ensemble instrumental qui matraque à la porte à l’unisson. Puis, le vent souffle, véhiculant une odeur de mort et de destruction totale par un organisme que nous ne pouvons voir. Enfin, le silence. Seulement brisé par la voix du narrateur, le garçon susnommé qui raconte cette histoire dont jamais personne n’aurait dû connaitre l’existence.

Car si la grippe espagnole semblait être une menace propice au récit, le danger vient d’ailleurs. Alors que le garçon est prisonnier des barreaux de sa propre maison, la Muladona vient à sa rencontre à la nuit tombée. Et si l’enfant lui réserve tout d’abord un accueil bienveillant, la créature se révèle rapidement d’une malfaisance sans égale. Âme condamnée, transformée en mule par le Malin, chuchotant à l’oreille de l’enfant des histoires terribles, qui filtre au travers des doigts qui tentent de protéger ses oreilles innocentes de ces immondices.
« La maison hantée est atteinte la nuit, noire comme la mort. Entrer dans la maison, c'est comme entrer dans un cauchemar. Bientôt, la mort est sur eux. Son incarnation répand une lumière et un doux parfum. » (Traduction des paroles de “She Drained You of Your Innocence and You Poisoned Her with It”)

C’est alors que le récit est entonné avec fureur par Rorcal, une voix rauque et lointaine nous conte l’aventure morbide originellement sortie de l’esprit de Carlson, accompagnée des vrombissements de guitares distordues, d’une batterie martelée avec une fureur impartiale, formant une puissante masse sonore qui témoigne de la violence des mots.

Les dissonances nous rappellent la malfaisance de Muladona. La lourdeur des riffs véhicule la douleur de Verge. Rorcal, qui a sobrement orné son album d’une représentation assez chétive de la créature, cachant derrière cette pochette si sobre, au fond blanc comme neige, une violente épopée particulièrement crue, transportée par une masse instrumentale dévastatrice. Une œuvre d’art qui rend un hommage digne à l’œuvre d’Eric Stener Carlson.
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Deimos.
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Rorcal :

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