Chronique & Exclu | BLISS-ILLUSION (虚极) - Leave Abhassara Deva (EP, 2020)


Bliss-Illusion (虚极) - Leave Abhassara Deva (EP, 2020)

Tracklist :


01. Leave Abhassara Deva - 15:48
02. Leave Abhassara Deva (Erhu version) Feat Laang () - 15:47

Streaming "Leave Abhassara Deva (Erhu version)" Feat Laang (冷) :


________________________________


En mai 2018, Bliss-Illusion faisait une entrée très remarquée dans le monde du black metal. En effet , l’album Shinrabansho a reçu un très bon accueil et a très vite su trouver son public en dehors de son pays d’origine, la Chine. Avec ce nouvel EP, à paraître le 20 mars prochain chez Tear Water Records, le groupe nous propose une nouvelle fois sa musique ritualiste qui mêle savamment les influences modernes du metal et la musique traditionnelle chinoise. Ce sont donc deux titres qui nous sont proposés ici, chacun durant quasiment 16 minutes. En réalité, à une seconde près, les deux morceaux ont la même durée puisqu’il s’agit de deux versions d’un même titre : à savoir Leave Abhassara Deva exécuté par Bliss-Illusion et une version avec Laang ().

Laang () est un one man band de black metal atmosphérique, tirant sur le post-hardcore, originaire de Taïwan. L’artiste aime aussi à qualifier sa musique de « terror black metal » et il faut dire que la pochette du dernier album nommé Hǎiyáng (海洋) donne le ton. En effet, on peut y deviner un Cthulhu surgissant des profondeurs et adulés par une horde de cultiste. Ce qui correspond bien à Laang () étant donné que celui-ci aborde des thèmes aussi variés que la folie humaine, la désolation ou encore la terreur brute.

Leave Abhassara Deva commence d’abord très aérien avec des guitares très douces et une rythmique lente. Le chant est clair et parfois même murmuré. On peut entendre en fond des sons qui nous fond penser à des pépiements d’oiseau. Il faut dire que dans la cosmologie bouddhiste Abhassara est supposé être « Le monde des Devas », un monde où se trouve des êtres spirituels de la nature. De ce fait, Bliss-Illusion arrive très bien, à travers cette musique, à nous transporter dans un monde qui semble pur et beau. Puis à 9 minutes on glisse d’un coup vers une ambiance plus agressive avec le chant de Dryad qui se fait hurlant, les guitares deviennent plus mélancoliques, la batterie se fait plus violente et c’est un sentiment de profonde tristesse qui gagne l’auditeur. Et pour cause, on nous décrit l’exil, la chute du protagoniste, de ce monde plein de beauté car l’amour lui a fait perdre sa divinité. Et c’est là, selon moi, la force de ce groupe : nous faire ressentir deux émotions différentes dans un seul morceau, sans que l’on s’y attende et même sans que l’on comprenne exactement tout le sens derrière les paroles. Le titre finis sur une flute et des notes de piano qui finissent par s’évanouir doucement.

Le morceau en featuring avec Laang () commence presque immédiatement avec l’instrument traditionnel à corde nommé « erhu », très marqué, qui suit la mélodie tout au long des quasi 16 minutes du morceau comme une seconde voix. On pourrait presque chanter en suivant l’instrument. Une version qui met en avant une sonorité méconnue de la musique traditionnelle asiatique, ce qui est une très bonne chose.

Bliss-Illusion nous offre là encore un travail de qualité et c’est presque frustrant de n’avoir qu’un EP à nous mettre sous la dent. C’est donc avec hâte que j’attendrai le prochain album.

________________________________
Taarna.



Facebook  Bandcamp | Label |

Commentaires