Chronique | YIY - DKVDNT (EP, 2019)



YIY - DKVDNT (EP, 2019)

Tracklist :

01. Dkvdnt 09:54
02. Incandescence 12:23
03. Vrt ov Lxv 14:44

Streaming intégral :

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Derrière Ynyr Indiko Yul (YIY) se cache un seul homme, Y, qui semble vouer une forme de culte à l’avant-dernière lettre de notre alphabet. En effet, Y officie derrière les fûts de Dysylumn (Progressive Black/Death Metal – Lyon). De son vrai nom Oliver Kaah le français installé à Berlin (selon la page Facebook de YIY) ou Helsinki (selon Metallum) nous a dévoilé un premier EP tout de consonnes nommé, à l’opposé du nom du projet.

DKVDNT a été composé avec une intention précise : "YIY vous emmène faire un voyage cauchemardesque dans votre propre esprit. Chaque morceau a pour but d'évoquer des images sombres et déploie un récit inquiétant créé par votre imagination." Le ton est donné, l’esthétique, suggérée. Avant même la première écoute, on s’attend à une musique pesante, emplie de dissonances, plus mid que rapide, plus en accords qu’en tremolos.

Trois titres, 40 minutes de musique, en avant pour un voyage personnel dans les méandres de nos esprits.

"DKVDNT" le titre cette fois, entame notre périple en créant une sorte de confusion auditive par superposition de couches : on entend jusqu’à trois riffs de guitare superposés, l’un en accord, l’autre en arpège, et le dernier jouant un thème, l’ensemble formant une harmonie à la fois malsaine et pesante. L’absence de voix permet d’apprécier le travail sur la composition instrumentale excellente et riche. L’utilisation de tremolo (avec justesse, sans en caler de partout) donne un côté brutal à cette immersion dans notre esprit et agit comme une attaque pour nous forcer à aller dans nos retranchements.

À l’inverse, "Incandescence" offre une expérience plus posée avec 12 minutes de mid-tempo dans une esthétique certes proche du premier morceau mais plus expressive selon ma perception, notamment grâce à un développement soigné et moins agressif. Comme une exploration des abîmes, la musique de YIY prend le temps de se développer et de dévoiler ses cartes en évitant avec succès le piège de la redondance, inhérent à la musique instrumentale.

Enfin, "Vrt ov Lxv" conclu le voyage par une première partie assez proche dans le rythme du morceau précédent, mais achève notre écoute par une partie plus agressive et directe, comme si on était forcé de repasser par le même chemin, celui par lequel nous étions entré. Une sorte de dernière claque avant d’achever notre écoute par un ralenti progressif du rythme qui conduit à un fondu de sortie, comme si on s’éloignait peu à peu pour prendre nos distances avec le lieu que nous venons d’explorer.

En somme, DKVDNT est un premier essai qui convainc dans un domaine, la musique instrumentale, où l’erreur conduit vite à l’ennui. Ici, YIY maitrise son sujet et propose une première offrande qui démontre d’une grande maturité en termes de composition. Un premier pas dans l’exploration de l’esprit, qui nous emmènera, je l’espère, à d’autres voyages tout aussi bien menés. 
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Deimos


Format physique de l'album à commander chez Egregor Records

YIY :

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