Chronique | OLDD WVRMS - Codex Tenebris (Album, 2019)




Oldd Wvrms - Codex Tenebris (album, 2019)

Tracklist :

01. Ténèbres - 10:22
02. A l'or, aux ombres et aux abîmes - 07:11
03. Misère & Corde - 09:57
04. La vallée des tombes - 10:54
05. Fléau est son âme - 15:21

Streaming complet :



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À chaque album sa direction artistique. Telle pourrait être la définition de la discographie d’Oldd Wvrms. Après une longue pause comparée à la taille de leur carrière (entamée en 2014 et récemment achevée par ailleurs), les belges nous proposent leur Codex Tenebris, leur album le plus abouti, nous le disons tout de suite.

Né d’un quatuor somme toute classique (basse-guitare-batterie-chant), le groupe a proposé une série de deux EPs et 2 albums dans ses 2 premières années d’existence. Cependant, curieux virage qu’est celui pris par les belges avec ce nouvel opus. Le quatuor se transforme en trio, abandonnant au passage toute forme de cordes vocales, qui avaient d’ailleurs été progressivement mis en arrière plan dans l’album précédent. 

Défi osé, car mine de rien, la voix est un instrument primordial lorsqu’il s’agit d’accompagner des titres avoisinant les dix minutes. Ainsi, la problématique évidente est la suivante : comment proposer des titres aussi longs sans tomber dans le simple copier/coller constant de riffs pour étirer les morceaux ? Seconde interrogation : les morceaux instrumentaux seront-il à la hauteur ? Car nombreux sont les albums à rallonge dont les dernières minutes (voir dizaines de minutes) sont enrichies des doux ronflements de l’auditoire, bercé par une musique monotone. 

Ainsi, plongeons dans le Codex Tenebris pour voir quelle surprise nous est réservée. Un vent glacial, sombre nous accueille. Semblant fait d’un larsen et d’un flanger, il accompagne une guitare sobre pour une mise en condition habile. Jamais le vent ne tombera, et nous serons pris dans les abîmes tout au long du morceau. Oldd Wyrms oscille entre sonorités claires éthérées, minimalistes et rythmiques lourdes, saturées, pesantes, comme un parallèle entre le vide et le poids que ce vide représente.

Un même riff, interprété avec différentes techniques de jeux, et c’est ainsi que l’ennui est chassé d’un geste négligent. Jamais la musique ne s’emballe. Elle nous est comptée à mid-tempo pour que chaque note, chaque accord prenne l’ampleur qu’il mérite et soit pleinement perçu. De fait, les morceaux ont une durée moyenne de plus de dix minutes, offrant une longue possibilité d’immersion dans l’univers qui nous est instrumentalement conté. 

Au delà de la variation des techniques de jeux, Oldd Wvrms exploite une grande variété de rythmes en ne tombant jamais dans la facilité du tremolo, ceux-ci sont mis de côtés et utilisés avec une extrême parcimonie dans les rares occasions où la musique semble s’emballer, avant de retourner vers une suite d’accords puissants. 

Au final, on se laisse bercer par les accords dissonants et les leads épurés. Tantôt lourde, tantôt aérienne, la musique d’Oldd Wvrms gagne en profondeur dans un opus qui est un des meilleurs crus instrumentaux de ces dernières années. Un final brillant pour une formation qui aura su impressionner et dont on regrettera l’absence dans le paysage musical belge et européen.
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W.G.


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