Chronique | CATALOGUE - High Grey Effective (Album, 2019)





Catalogue - High Grey Effective (Album, 2019)

Tracklist :

01. La Disco - 03:50
02. Brightness - 04:22
03. Sleeping Revolution - 04:13
04. 100 Times A Day - 03:30
05. Purgatoire - 03:21
06. Acrobatic - 03:10
07. Cœur De Silex - 04:17
08. Lousy -   04:17
09. N°5 - 02:50
10. Shoes - 02:31
11. Haw - 03:06


Extrait en écoute :



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Il y a quatre ans, je posais mon premier pas chez Scholomance Webzine par une chronique assez alambiquée. C'était une chronique sur le premier album éponyme de la jeune formation marseillaise Catalogue. Un doigt dans un engrenage qui a entraîné tout un bras, puis l'entièreté de mon corps, m’amenant jusqu'à participer à une interview de Christian Death, à jouer dans un clip pour Trouble Fait', à rencontrer, voir, et taper la discussion avec des groupes montants des différentes scènes post-punk : de Saigon Blue Rain à L'An2000, de Ash Code à Terminal Gods, de Poison Point à Egoprisme (et bien d'autres encore...). Quatre années donc, riches en découvertes, en émotions et en partages.

Et me voici donc en présence du deuxième album de Catalogue, High Grey Effective, un album enregistré par Didier Bautzmann, masterisé par Paul Lavigne et produit par Crapoulet Records et Hell Vice I Vicious Records ; et forcément il a ce goût particulier pour moi, bien avant même de l'avoir écouté, pour tous ces souvenirs qu'il soulève malgré lui.

Pour toutes les personnes qui auraient manqué ma chronique du premier album, je recontextualise : Le Catalogue dont on parle ici n'est pas le groupe de l'avant-gardiste Jac Berrocal, qui a sorti son premier album éponyme en 1979. Non, il s'agit du groupe de post-punk originaire de la cité phocéenne, réunissant Emma Amaretto au chant et à la guitare, Éric Trolux à la deuxième guitare, Raph Bathore à la basse et enfin anciennement Bruno Yark-Zymo, à la basse uniquement sur "Sleeping Revolution" pour cette fois.

Dès les premières notes de "La Disco", on constate que High Grey Effective est dans la droite lignée de son prédécesseur : guitares incisives, rythme frénétique, chant saillant. On nage entre le punk et le post-punk, la no wave et un brin de deathrock. La majorité de l'album est de cette facture, oscillant entre des sonorités rappelant tantôt Sonic Youth, tantôt Wire, parfois Leitmotiv ; tantôt Abwärts, tantôt 45 Graves, parfois !Action Pact!. "La Disco", "Purgatoire", "Acrobatic", "N°5", "Haw", (et dans une certaine mesure "Cœur De Silex"), sont la quintessence (voire sextessence) de l'album et la représentation parfaite de cette no wave acérée.

La voix d' Emma Amaretto est digne de toute la mouvance Riot Grrrl, un peu plus agressive que sur Catalogue, avec quelques cris bien sentis. La basse, grondante, est elle aussi plus appuyée je trouve, ce qui n'enlève en rien la qualité de la production, bien au contraire. Niveau paroles, que ce soit en français ou en anglais, là encore on est en territoire pseudo-punk et nihiliste : « Déploie tes ailes et colle les aux murs », « On se fait chier ! », « Quand on passe les vitesses sur le parking de la discothèque », « Respirer l'asphalte », « Il y en a qui vivent l'enfer, toi c'est le purgatoire ! », « C'est ton dernier combat ! », « Tu te lèves pour voir les corbillards qui passent », « Tu traces ta route jusqu'au cimetière ! » : tout un programme.

Quid des autres titres alors ? Bien moins darkwave que d'autres productions, High Grey Effective possède quelques titres bien post-punk, tels que "Brightness", dont le gimmick final me fait étrangement penser à celui du refrain de "Put" de Morbidi I Mnoći. Il s'agit du titre que j'aime le moins de l'album car je le trouve bien secondaire. Dans la même veine on retrouve les titres "Lousy" et "Shoes".

Avec la même logique, on trouve également "100 Times A Day", mais en lorgnant fortement sur un post-punk bien plus léger dans le genre de ce que peut faire un Marquis De Sade ou surtout un Television. Niveau prise de risque, on notera également "Sleeping Revolution", un titre bluffant, tirant sur des sonorités et une voix bien plus darkwave, ambient et ritual, marchant, et je n'ai pas peur de le dire, dans les traces d'artistes tels Kælan Mikla. Une volonté de nous montrer tout le spectre musical dont Catalogue est capable.

La pochette nous le confirme. L’œuvre, par Jean-Christian Rieu, Eric Trolux et Erational, nous présente un enchaînement de photos représentant le trio, le tout arrangé de manière à former le logotype de la formation, une sorte de mise en abyme, et une représentation de cette multiplicité des facettes du groupe. Du moins, c'est comme cela que je l'interprète.

J'avais conclu la chronique du premier album en ces termes : « Un premier opus musicalement abouti et mature, avec des titres qui s’enchaînent sans répit. On se laisse absorber, on est assimilé, on ne fait plus qu'un avec la musique. [...] il est à espérer que le groupe revienne avec un deuxième album aussi travaillé. [...] Un peu déjà entendu, mais tellement efficace. ». Force est de constater que High Grey Effective est tout aussi abouti et mature, plus encore que son prédécesseur. On est moins happé cette fois, Catalogue cédant la place d'une sombre noyade à une course agressive et une recherche d'autres horizons.

Un album un peu moins monolithique, mais toujours aussi efficace.

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Aladiah


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