Chronique | Stigmata - Dark One (Album, 2018)


Chronique - Stigmata - Dark One (Album, 2018)

Tracklist :

01. Remission - 04:30
02. Leave Me Here - 04:10
03. Dig Me Up Tonight - 04:36
04. I'll Never Find - 04:30
05. Never - 03:34
06. Now For Cry - 05:14
07. Flowers Of Sadness - 05:34
08. Stop - 04:46
09. Alone - 04:31
10. Empty Eyes - 04:08
11. This Flame - 04:56
12. Last Wave - 04:16
13. Black Soul - 04:35
14. Cold Year - 03:41
15. Metal Alchemy - 04:20
16. Dream Of The Dead Days - 03:53
17. Yesterday - 04:23

Extrait en écoute :



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Stigmata est un projet français de rock gothique à tendances darkwave et industrielles. À ne pas confondre avec le groupe de grindcore américain, le groupe de black metal polonais, le projet techno allemand, le groupe de death metal russe, ou bien encore le projet de rock alternatif texan du même nom. Autant dire que le terme en lui-même est porteur d'une certaine force et d'un symbolisme certain, bien ancré dans la mémoire collective. Autant de stigmates pour autant d'écorchés vifs par la vie.

La pochette de ce Dark One est sobre et sans fioriture d'aucune sorte, d'un noir profond, avec le logo au centre, encadré par les noms du projet et du disque : dans la plus pure tradition post-punk constructiviste, rappelant les pochettes de Peter Saville, en version obscure. En somme, on peut facilement imaginer ce qui se trouve sur l'album.

Dès les premières notes de « Remission », on entend qu'on ne s'y était point trompé, on est en présence d'un goth rock pur et dur, avec de forts accents lorgnant sur The Fields Of The Nephilim, Guitares saturées, lourde voix d’outre-tombe. Ce côté très "nephilim" est également présent sur le titre « Empty Eyes », qui lorgne même vers le metal.

Mais si vous craignez que Stigmata ne soit qu'une énième copie des géants du genre, il n'en est rien. Une bonne partie de l'album tire sur un rock goth plus lancinant, comme sur « Black Soul » (qui, je l'admets, possède des sonorités rappelant quand même les Sisters Of Mercy), « Now For Cry », « Alone », ou bien encore « Dig Me Up Tonight » que je trouve moins aboutie au niveau de la voix au refrain.

Mais Dark One, ce n'est pas juste du goth rock lambda balancé à tout va, non. De nombreuses autres sonorités accompagnent le déroulement de l'album. Un peu de shoegaze sur « This Flame », un peu de post-punk expérimental avec « Cold Year », voire de la darkwave ambient avec « I'll Never Find ».

David Aboucaya, l'homme qui se cache derrière le nom de Stigmata, jongle également avec les éléments électroniques. « Leave Me Here » est une ode electro-darkwave, et les titres « Never » et « Stop » sont quasi industriels. Des touches d'EBM, voire presque d'électro-indus, peuvent être entendues sur « Flowers Of Darkness » et « Yesterday ».

Fait étrange, le pad d'introduction de « Last Wave » est quasi identique à celui de « New World » de Krystal System, et continue ensuite avec des sonorités caractéristiques du groupe parisien. D'ailleurs à la première écoute j'ai même cru que mon lecteur m'avait fait une blague, mais non. Il y aurait là un bon prétexte à mashup. Parfois le côté industriel est poussé au maximum, de quoi abandonner le goth rock pour le metal industriel sur les chansons « Metal Alchemy » et «  Dream Of The Dead Days ».

Pour du goth rock actuel, celui de Stigmata sonne moins conforme que celui de Merciful Nuns, moins atmosphérique que celui de Aeon Sable, moins dansant et catchy que celui de Terminal Gods, tout en gardant en commun avec les formations précitées un goût pour l'authenticité. Mais Stigmata trace son propre chemin à travers un genre souvent très répétitif, trop lourd, en y apportant sa touche personnelle.

En parlant de lourdeur, Dark One est un album bien trop long avec pas moins de 17 pistes. Il aurait probablement gagné en cohérence et en clarté avec une amputation de 4 ou 5 titres, surtout que l'on y retrouve plusieurs titres qui sont déjà présents sur Cold Year, paru en janvier 2015, tels que « Alone », « Cold Year », « Flowers Of Darkness », « Last Wave », « Dream Of The Dead Days ». Mais je comprends évidemment bien, vu qu'il s'agit d'un album autoproduit, la volonté d'utiliser le maximum de plages audio possible (l'album dure 75 minutes au total).

Malgré cela, on ne peut qu'applaudir la qualité sonore de l'ensemble, qui est loin de sonner « amateur ». Le mastering est clair, le mixage est juste et aucune fausse note ou problème technique ne viendra vous écorcher les oreilles. Le tout est parfaitement ajusté pour vous plonger dans une ambiance lourde et vous scotcher à votre fauteuil.

Clairement pas parfait, j'ai tout de même beaucoup aimé Dark One, ne serait-ce que par son ambiance très pesante et une atmosphère noire présente du début à la fin. Je le recommande vivement à tous les amateurs du genre et à tous ceux qui sont en recherche de quelque chose qui, sans jamais tirer vers le larmoyant, est profondément ténébreux, délétère, et empli de sonorités hybrides étouffantes.

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Aladiah

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