Chronique | MONARCH - "Sabbat Noir" (EP, rééd 2019)


Monarch - Sabbat Noir (EP, rééd 2019)

Tracklist :

01. Sabbat Noir Pt. 1 - 14:12
02. Sabbat Noir Pt. 2 - 14:33

Extrait en écoute :



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Les rééditions c'est un peu toujours à double tranchant : entre celles qui sortent alors que l'album original est toujours disponible, celle où c'est remixé, remasterisé et qui fait perdre tout le charme d'une production imparfaite, ou celle avec des bonus inutiles, le tout pour te faire payer encore pour rien... On pourrait continuer comme ça et multiplier les exemples et ça ferait un article sur « Pourquoi les rééditions c'est quand même de la merde 90% du temps ». Mais, les rééditions sont aussi un moyen de remettre en valeur de refaire découvrir une œuvre après quelques années aux nouveaux fans, ou même aux anciens qui peuvent laisser certains albums se perdre dans les nombreuses productions qui sortent tous les ans.

Nous allons ici nous intéresser à un album de la seconde catégorie, la réédition de Sabbat Noir du groupe Sludge / Doom / Drone lorrain, Monarch. Le groupe a choisi le meilleur moment pour exhumer cet EP de 2010, alors que la scène Metal se tourne de plus en plus vers un occultisme de fête foraine. Le tout orné a merveille par Valnoir.

Divisé en deux parties quasi-égales, Sabbat Noir est un plongeon dans des abîmes instrumentals, seulement ponctués par quelques hurlements et chuchotements. Ces derniers rappellent la solitude des expériences mystiques qui existaient au XIXème siècle, où la communion des esprits et des êtres nous fondait dans le grand néant, le tout dans un salon bourgeois aussi raffiné que vide de sens. Le seul vrai vide est noir, infini... Quoi de mieux, pour illustrer cette perte de conscience, cette désorientation des sens, que les sonorités lentes et lourdes du Doom, quoi de mieux pour illustrer l'infini que le Drone, véritable retranscription du vide intersidéral, quoi de mieux que le Sludge pour dépeindre l'embourbent, le marécage de notre esprit perdu, à la fois mort et vivant fasse à l'immensité de ce qui nous dépasse.

Le Sabbat, à la fois religieux et occulte, revêt ici ses habits les plus noirs, une réunion religieuse sombre où l'on écoute le Monarch. Il serait absurde de s'attarder sur les caractéristiques habituelles lorsque l'on chronique un album. Les instruments existent, mais ils n'existent pas en tant qu'eux-mêmes. Ils se fondent, les isoler c'est déstructurer ce qui fait la magie du sabbat. La folie nous guette, telle les Grands Anciens, indéfinie et infinie. Le Sabbat Noir prendra la forme des peurs de l’auditeur, les cris sont ceux des angoisses qui luttent dans notre être, chaque note est l'écho de nos tourments.

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Morgan


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