Interview | Hyvermor & Tulzcha de VÉHÉMENCE (Black Metal Médiéval - France)



Véhémence sort officiellement son deuxième album, Par le Sang Versé, le 18 février 2019, et fait déjà l'unanimité auprès de tous. Après un changement de line-up, le groupe revient donc après 5 ans d’absence. Entretien avec Hyvermor et Tulzcha.
__________________________________

Pour ceux qui ne vous connaîtraient pas encore, pouvez-vous nous expliquer comment est née l'idée de Véhémence ? Comment s’est déroulé le changement de line-up ?

Tulzcha : L’idée de Véhémence a toujours fait partie intégrante de moi-même, elle végétait en moi dès mon plus jeune âge. J’ai toujours été fasciné par l’Histoire et son côté malléable. Selon les opinions de celui qui la raconte, on peut glorifier certaines parties ou en omettre d’autres tout en respectant les grands jalons historiques. C’est donc finalement un terreau inépuisable pour l’imaginaire. Le Moyen Âge s’est imposé de suite à moi car c’est une période extrêmement cruelle et sordide de l’Histoire mais c’est également une période remplie de mythes et de légendes qui laissent libre court à notre imagination. C’est donc le Moyen Âge que l’on sublime à travers Véhémence.

Concernant le changement de line-up au chant, B.R. n’a pas souhaité continuer avec Véhémence et s’est plus tourné vers le Stoner (style que je ne supporte pas) que le metal. J’ai par la suite rencontré Hyvermor un peu par hasard et nous avons tout de suite sympathisé. Nous avions les mêmes références et nous étions passionnés tous les deux par la musique et l’Histoire. C’est donc tout à fait naturellement que je lui ai proposé de devenir membre de Véhémence et d’assurer le chant. Il a fait bien plus puisqu’il assure également l’identité visuelle du groupe, c’est un artiste complet. Hyvermor a également un projet très médiéval du nom de Grylle et je conseille à tout le monde d’aller y jeter une oreille car c’est tout à fait divin.

Hyvermor : Je n’ai jamais participé à un projet en tant que membre à part entière sans avoir fondé le projet à la base (à part quelques guests). Quand l’idée a germé de faire le chant dans Véhémence ça s’est pourtant imposé à moi comme évident. J’étais conquis par la musique, par la personnalité du projet et les paroles sont venues si aisément, si incroyablement évidentes, que j’ai l’impression d’avoir toujours eu cette part de Véhémence en moi. Je n’ai même pas besoin de retravailler la rythmique du chant, les dynamiques non plus, cela semble s’écrire seul. Tulzcha compose une des rares musiques qui vit d’elle-même aujourd’hui, c’est très déroutant à quel point certain riffs semblent venir du fond des souvenirs de ceux qui les écoutent.



Concernant les textes, on sent que vous avez été influencés par les chansons de geste, les légendes arthuriennes, il y a un côté très authentique. Avez-vous puisé dans d’autres imaginaires ? À travers Véhémence, cherchez-vous à transmettre des valeurs particulières ou pas du tout ?

Hyvermor : Oui, les légendes du Moyen Âge, le Moyen Âge fantastique dans ce qu’il a de légendaire. C’est à dire, le Moyen Âge qui se rêve lui-même. Grylle c’est le Moyen Âge fantastique accepté comme tel. Véhémence, c’est encore autre chose, plus humain et chevaleresque : c’est le fantastique incompris et inexplicable. Les évènements fantastiques sont bien là, on les constate et on s’en étonne et on ne leur donne pas d’explication. C’est venu très simplement, car Tulzcha donne des titres de travail à ses chansons, et ces titres ont des allures d’épopée. Et moi j’écris les paroles à partir du titre en interprétant cela à la lumière de la musique. J’aime bien voir Tulzcha comme un prince-poète qui rêve son propre Moyen Âge. Alors je donne une part de mystérieux et de fantastique aux paroles. Plein de probité, de franchise, d’ardeur au travail et de fougue, mais aussi de curiosité, il me fait penser à Perceval ou à Lancelot.

Tulzcha : Il n’y a pas de valeur spécifique que nous souhaitons transmettre avec Véhémence mais plus des bonnes pratiques d’écoute de la musique que nous souhaitons remettre à l’ordre du jour. Tu ne peux pas apprécier l’album si tu l’écoutes d’une oreille distraite. Il faut se plonger dedans, à corps perdu et ne faire que ça. Nous ne souhaitons pas transmettre de valeur politique avec notre musique si telle était ta question. Nous ne faisons pas de politique et si nous en faisions, enfin pour ma part, je préfèrerais me présenter pour une élection quelconque et défendre mes idées directement plutôt que de les distiller dans ma musique, qui reste un domaine purement artistique.


Sur les valeurs je pensais plus à une réflexion sur l'Histoire, la sauvegarde du patrimoine, le régionalisme (on voit apparaître des groupes qui introduisent des langues régionales, des contes locaux)... Mais effectivement, on assiste à une politisation de la scène depuis un certain nombre d'années. Êtes-vous peinés par ça ou pensez-vous que le Black Metal doit s'exprimer dans toute sa radicalité, en tant qu'art sans concession ?

Hyvermor : Il est aisé de trouver des légendes sombres dans n’importe quel terroir français, c’est sûr, et c’est parfois un recours de mon projet Hanternoz (Black Breton). Dans Véhémence, c’est autre chose. C’est peut-être le Moyen Âge allemand, français, anglais, c’est en fait tous les Moyens Âges. C’est peut-être le haut Moyen Âge, le XIV-ème ou le Moyen Âge tardif. En fait, on ne sait pas. Véhémence n’est pas un projet dont les paroles sont “historiques”. Ce sont des histoires où le merveilleux et le fantastiques sont incompris, inexpliqués, et qui peuvent se passer n’importe où, n’importe quand.


Tulzcha : Je n’aurais pas pu l’exprimer mieux que Hyvermor. Véhémence est une bulle se promenant dans divers Moyen âges sans qu’on ne puisse attribuer une période ou un lieu précis. En ce qui concerne le Black Metal et la politique, c’est assez complexe. En effet, le radicalisme a toujours fait partie intégrante de l’histoire du Black Metal. Prenez l’édition originale de Transilvanian Hunger de Darkthrone, retournez-la et vous trouverez au dos « norsk arisk black metal » (« black metal norvégien et aryen »). Ce n’est donc pas si récent que cela. Je ne suis pas de ceux qui condamnent le NSBM puisque j’en écoute moi même (le talent ne choisit pas sa cible). Cependant je persiste à penser que la politique ne devrait rien avoir à faire avec le black metal. C’est une musique qui prête à la transcendance, au voyage initiatique, au chaos ou aux confins de l’horreur. Il y a donc une manière de raconter l’horreur. Faire l’apologie des guerres pour ce qu’elles apportent d’horreurs et de destructions, c’est dans l’ADN même du black metal, c’est un choix artistique. Mais détourner ça pour faire l’apologie du Troisième Reich, c’est de l’ignorance, de l’inconscience ou de la bêtise. Malheureusement il y a de plus en plus d’idiots et de suiveurs qui ne connaissent rien à l’Histoire. Cela ne les empêche pas d’être parfois talentueux musicalement parlant.

Puisque vous évoquez le line-up, pourquoi avoir recruté Thomas Leitner, qui a notamment officié avec Wallachia et Harakiri For The Sky ?

Tulzcha : Sur le premier album de Véhémence, Assiégé, je n’avais pas de batteur. Il s’agissait donc d’une boîte à rythme. Pour cet album, j’ai été beaucoup plus ambitieux et je souhaitais absolument qu’un bon batteur joue la partie rythmique de Véhémence. Bien entendu, j’ai composé l’ensemble des parties de batterie avant de les faire jouer au batteur. Et donc qui de mieux et de plus compétent que Thomas Leitner pour jouer Véhémence ? En effet, il existe peu de batteurs capables de tenir une cadence de 240 BPM, Thomas fait partie de cette minorité et a pu le démontrer au travers de ses nombreux projets.


En dehors du Black Metal, on sent une très forte influence Heavy Metal sur cet album. Quelles sont vos sources d’inspirations musicales en général ?

Tulzcha : Effectivement tu as vu juste. En tant que compositeur de la totalité des parties musicales, j’essaie d’intégrer plusieurs influences au sein de Véhémence. Enfin disons que je ne le fais pas exprès car composer relève majoritairement d’un processus émotionnel plus qu’intellectuel et le résultat est bien souvent indépendant de ma volonté.
Pour en revenir à mes influences, j’écoute énormément de Black Metal. La scène Black actuelle est d’une richesse phénoménale : le Black Metal traditionnel n’a jamais été aussi bien représenté (Aegrus, Arkha Sva, Dumal pour ne citer qu’eux) tandis que certains groupes apportent une réelle fraîcheur (Progrenie Terrestre Pura, Bergthron, Volahn,...). Bien évidemment j’ai quand même mes groupes fétiches : Dissection, Windir, Sühnopfer et Taake (jusqu’à Doedskvad qui représente l’apogée du groupe).
Et c’est exactement la même chose avec le heavy metal qui a le vent en poupe. Je suis bien sûr fan de la NWOBHM et des vieux groupes de Hard Rock / Heavy Metal de la même époque tels que Satan, Iron Maiden (faut-il vraiment les citer ?), Winterhawk, Quartz, Sortilège, H-Bomb, Pagan Altar… et de quelques très bons groupes de heavy actuels comme Enforcer, In Solitude, Atlantean Kodex. Il ne serait d’ailleurs pas exclu qu’un titre majoritairement “Heavy Metal” sorte un jour du fourreau de Véhémence.
Enfin j’aime beaucoup l’acoustique et le néo-folk : Birch Book / In Gowan Ring, Vàli, Sangre de Muerdago font partie de mes références. Ce qui explique également les nombreuses parties acoustiques parsemant notre nouvel album.
Je souhaite tout de même ajouter que bien qu'inspiré par de nombreux groupes, Véhémence n’est pas un assemblage de toutes ces influences. Nous essayons de créer notre propre musique en nous émancipant de nos influences pour bâtir quelque chose d’unique sans pour autant révolutionner le Black Metal (ce n’est pas notre but).

Hyvermor : Du Black en majeure partie en effet, sous toutes ses formes, bestiales, atmosphériques, classiques/traditionnelles ou grandiloquentes. Souvent aussi des groupes mêlant le Black au Death, je trouve que la frontière est intéressante à faire tomber. Du Death pur, bien entendu. Moins de Heavy qu’avant, et en tout cas moins que Tulzcha. De la Neo-Folk également, par contre, en bonne quantité, surtout le sous-style ultra-fermé et inconnu “ur-folk”. Un peu de Rock, Death-Rock, Punk. De la musique ancienne aussi, avec notamment le XVème de la Cour de Bourgogne, les Cantigas, et la musique des troubadours d’Occitanie.

Envisagez-vous une série de concerts un jour ?

Tulzcha : Honnêtement je pense que chacun d’entre-nous rêverait de pouvoir un jour monter sur scène pour proposer Véhémence en live. Cependant je doute fortement que cela soit possible et ce pour 3 raisons :
- Nous habitons Hyvermor et moi dans des villes différentes et le batteur, Thomas Leitner, est autrichien.
- Les nombreux instruments présents sur l’album ne nous permettraient pas de proposer une expérience complète au public.
- Je suis à titre personnel extrêmement pris par mon travail qui bien que passionnant me demande d’y passer au moins 10 à 12 heures par jour. Je n’aurais donc pas beaucoup de temps à consacrer aux répétitions le cas échéant.

Une explication sur le titre “La Sorcière du Bois Lunerive” ? J’ai beau avoir cherché partout, j’aimerais savoir s’il s’agit d’une légende locale ou d'une pure fiction…

Hyvermor : C’est une sorcière visiblement, du moins le croit-on, mais seulement le titre la désigne ainsi. Elle a sans doute vécu dans cette fameuse forêt mais les paroles de la chanson sont les seules explications qui existent sur cet être, difficile de te donner plus d’informations sans moi-même interpréter. Quant à Lunerive, j’ignore toujours où c’est situé, le lieu a sans doute changé de nom. Je ne suis même pas sûr que Tulzcha puisse le dire. Il est des histoires qui disparaissent dans les âges et qui reviennent dans les rêves des trouvères de notre temps.


Brièvement, votre regard sur la scène actuelle en général ? Est-ce que vous faites partie des personnes qui disent “c’était mieux avant” ou alors vous trouvez que les réseaux sociaux ont permis de se diffuser plus amplement, pour la bonne cause ?

Tulzcha : Alors sur cette question il est important de différencier deux choses : la musique en tant que telle et la diffusion / promotion de la musique qui a été bouleversée par les nouvelles technologies. Au sujet de la musique, comme évoqué plus haut, je trouve que la scène Black Metal actuelle est foisonnante. On arrive à des niveaux de création / compostion jamais atteints jusqu’à présent. Sur ce point là je pense que beaucoup de bons groupes d’aujourd’hui surpassent de très loin les “classiques” du Black Metal des 90’s. Cependant on perd peut être en “âme” ce que l’on gagne en qualité de composition. Le Black des 90’s était vindicatif, les mecs croyaient à fond en ce qu’ils faisaient et ne jouaient pas un rôle, c’est ce qui rendait le Black Metal subversif. Aujourd’hui ce style est accepté par le peuple et a peut-être perdu de ses aspérités. Bien sûr il y a toujours des groupes qui résistent et dont on sent qu’ils sont passionnés et croient en ce qu’ils font. C’est un mal pour un bien je dirais, c’est dans l’ordre classique de l’évolution de la société.

Cependant la façon dont la musique se promeut et s’écoute a bien changé, et c’est là que nous attaquons le problème par le prisme du développement des réseaux sociaux, d’internet et des nouvelles technologies en général. En effet, aujourd’hui la musique est sans doute devenue l’art le moins élitiste qui soit à cause de la technologie. Il est donné à tout le monde de gratter 3 cordes de guitare et de poser sa voix par dessus pour peu que l’on ne chante pas faux (et encore il y a des outils permettant de combler ce manque) ou pire encore, d’assembler 4 samples avec une rythmique électro et d’en faire un tube. Cela permet donc deux choses :

- L’ouverture de l’art musical à l’ensemble du peuple
- La multiplicité des petits projets individuels qui se font connaître grâce à internet

Et cela dévalue la musique. Prenez par exemple un appartement d’un prix relativement élevé car recherché. Maintenant construisez 300 appartements similaires à côté, vous verrez sa valeur plonger. C’est exactement pareil pour la musique. Les gens n’accordent plus d’importance à la musique en elle-même car il y a trop d’albums accessibles en un clic : ils écoutent un album en lisant, en travaillant, en cuisinant, en baisant, mais ils n’écoutent pas un album en écoutant.

Et croyez moi, c’est exactement la même chose pour beaucoup de groupes qui, pour s’adapter à ce nouveau mode de consommation (la musique est consommée), ne pensent qu’aux nombres de “vues” sur YouTube et de “likes” sur Facebook. A leur décharge, il est vrai que lorsque l’on travaille sur un album pendant 2 ou 3 ans, on a envie qu’il soit écouté, on est donc obligé de s’adapter. Si la composition n’avait qu’une vertu cathartique pour son auteur, il n’y aurait pas des milliers d’albums de metal mis à la disposition du public tous les ans comme c’est le cas aujourd’hui.

En conclusion, les nouvelles technologies permettent à de nombreux groupes extrêmement talentueux de se faire connaître mais déclassifie la musique de son état d’art pour la mettre au rang de passe-temps.

Hyvermor : Je ne l’eusse pas mieux exprimé. Beaucoup de tout, donc besoin de présence pour tout le monde. Finalement, ce qui fera la différence c’est le fait d’être vu de tous. Tout cela a bien changé. Mais c’est la marche du monde. Le Black Metal a été une attitude, une posture et un état d’esprit jadis. Aujourd’hui c’est une manière d’exprimer son regard sur le monde par la musique sans forcément devoir prouver autre chose. Je me demande si d’une certaine manière elle ne s’exprime pas plus rapidement, avec moins d’intermédiaires et plus sobrement à travers l’anonymat de nombreux artistes mieux conservé que dans les temps premiers du BM.

Question plus particulièrement pour Hyvermor, tu gères déjà un label (Antiq Label) et tu officies dans plusieurs groupes (Grylle, Régiment, Braquemaard, Hanternoz). Est-ce que c'est compliqué finalement d'être à la fois créateur et "distributeur" ? Comment te positionnes-tu avec ces deux casquettes, même si on sait très bien que beaucoup de personnes gérants des labels sont également présentes dans des groupes ?

Hyvermor : Compliqué non. Mais beaucoup d’organisation, bien placer son temps et ne pas trop compter son énergie. Et croire, croire aux projets, croire jusqu’à la mort, en voir tout le bénéfice pour le monde.

Je sais que Par le Sang Versé s'apprête à sortir dans quelques jours, mais envisagez-vous de poursuivre dans le Black Médiéval ou partir ensuite sur un autre concept comme par exemple un album Heavy pur souche (ce que tu semblais évoquer brièvement Tulzcha) ?

Tulzcha : Pour l’instant nous avons beaucoup d’idées. Bien entendu il n’est pas prévu que Véhémence change de style. Nous souhaitons rester dans le thème médiéval et sur une base Black Metal. Après, comme tu l’as très bien remarqué, les compositions de Véhémence sont variées. On peut donc retrouver plusieurs styles au sein de l’album sans pour autant sortir totalement du Black Metal. Un titre Heavy Metal est tout à fait envisageable mais cela ne concernerait qu’un titre et non un album. Enfin, Hyvermor et moi même adorons l’acoustique et le Dark Folk. Ainsi un hypothétique EP acoustique est peut être à envisager… qui sait ?

Hyvermor : Véhémence peut être perçu comme un grand cri dans une forêt sombre à la tombée de la nuit. Et le temps que le souffle nous revienne, un autre cri pourrait déchirer encore la nuit.



En tout cas merci beaucoup d'avoir accordé du temps à cette interview. Pour conclure, on vous laisse la parole, si vous voulez faire la promotion de groupes/projets qui vous tiennent à cœur…

Hyvermor : Merci pour ces questions qu’il était intéressant de développer. Merci pour le soutien et pour le professionnalisme de la part de Scholomance.

Tulzcha : Merci à vous pour cette interview et vos questions que j’ai trouvées intéressantes et pertinentes. Et bien je vais en profiter pour saluer et faire la promotion d’un projet de Black Metal proche de Véhémence puisqu’il traite de la période médiévale chinoise. Il s’agit d’Holyarrow. Les deux albums, Oath of Allegiance et Fight back for the Fatherland sont excellents. Je communique régulièrement avec leur auteur et je peux vous dire qu’il met de l’âme dans sa musique. Merci à toute l’équipe de Scholomance !
__________________________________
M.

Liens :
Facebook | Bandcamp | Antiq Label |


Commentaires