Cân Bardd - "The Last Rain" (Album, 2019)
Tracklist:
01. Between Hope And Reality
02. Celestial Horizon
03. Fog Of War
04. Clouds And Feuds
05. The Last Rain
Extrait en écoute:
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C'est
assis à un bout de table, après une longue journée de marche dans le cadre unique et particulier de l’île de Skye que
je me lance dans cette nouvelle chronique. Et une fois n'est pas
coutume, ce ne sera pas une chronique de Death Metal comme à mon
habitude, mais cette fois-ci de Black Metal Atmosphérique/Épique. Genre
s'accordant à merveille avec les paysages grandioses s'étirant à
perte de vue de là où je me trouve. C'est néanmoins vers les Alpes et
ses paysages tout aussi majestueux que je me tourne avec la jeune
formation Cân Bardd. Fort de son premier album Nature Stays Silent
sorti de nulle part chez Northern Silence Records en début d'année
2018 et faisant grandement parler de lui, le projet mené par Malo
Civelli, compositeur et multi-instrumentiste épaulé par Dylan
Watson à la batterie, s’attelle derechef à la composition de
nouveaux morceaux. C'est ainsi qu'un an seulement après la parution
de Nature Stays Silent, Cân Bardd revient avec son deuxième album
The Last Rain, toujours sous la houlette du prisé Northern Silence
Records.
Qu'en
est-il donc de ce deuxième chapitre, si peu de temps après un
premier album laissant à présager de bonnes choses ?
Visuellement,
Cân Bardd poursuit ce qu'il avait entrepris avec l'artwork de son
premier album, offrant à ce The Last Rain une peinture de
paysage montagneux duquel jaillit un torrent bouillonnant. Cette fois
néanmoins, l'artwork n'est pas un tableau d'artiste naturaliste ou assimilé utilisé à outrance dans le genre mais une pièce créée
spécialement pour cet opus. Notons que la thématique montagnarde
présente sur les deux albums du groupe n'est pas anodine, Cân Bardd
abordant cette thématique dans sa musique, s'inspirant des massifs
d'Interlaken et du Jura...
Musicalement,
le groupe aura su faire en l'espace d'un an de sérieux progrès. Tant dans la composition de ses morceaux, plus développés et plus
riches, que dans ses parties vocales, Cân Bardd a gagné en
maturité. Le chant est mieux maîtrisé et avec un guttural plus
puissant et surtout un chant clair plus propre et juste qui
présentait sur Nature Stays Silent quelques faiblesses, pouvant
parfois rebuter. Chant clair par ailleurs très bien intégré à
l'ensemble composé par les suisses.
En
parlant de faiblesses et de progrès, les avis s'étaient fait assez
critiques concernant la production et le mix du premier album, qui il
est vrai n'était pas exceptionnel, trop sourd et épais pour la
musique de Cân Bardd. Mais après tout il s'agissait d'un premier
album, qui plus est d'un premier jet, sans label au moment de son
enregistrement pour épauler le groupe... Ici toutefois le groupe a
tenu comptes des avis et s'est rendu au Conatus Studio de Vladimir
Cochet (Mirrorthrone, Weeping Birth...) afin de donner à sa nouvelle
sortie un son professionnel, plus propre, clair et puissant qui
confère dès lors à sa musique une élégance et une force
certaine !
On
retrouve sur ce nouvel album un fort accent à la Gallowbraid, en
particulier sur le titre d'ouverture de l'album "Between Hope And
Reality" avec son interlude acoustique assez typique du projet de Salt
Lake City à laquelle s’enchaîne une cavalcade épique redoutable.
De même sur le titre "Clouds And Feuds", au final tout en beauté
entre ses guitares mélodiques et épiques, son matraquage écrasant
et la finesse de sa mélopée acoustique. Autre formation
américaine, à nouveau originaire de la cité de Salt Lake qui a sans
doute beaucoup influencé nos petits suisses (si si je l'ai
faite...), à savoir Caladan Brood. Sans pour autant faire dans le
Summoning worship comme le font les américains, Cân Bardd en colore
par moment sa musique, dans une veine plus proche du fils prodige que
du père autrichien. Ceci est particulièrement vrai sur le titre "Celestial Horizon" (sans doute mon morceau favori de l'album), que ce
soit dans son intro au clavier avec son air médiévalisant au son
des tambours, des hautbois et de la harpe, et jusque dans les lignes
de guitares du morceau. Et cette fin absolument prenante, malgré l'étonnant break où Malo Civelli déclame son texte de sa voix éraillé avant que ne vienne s'y superposer la musique...
Plus
inattendu, le titre "Fog Of War", un instrumental aux claviers, serait le
petit point faible de cet album. S'il est judicieusement placé en
plein milieu de l'album, permettant un moment d'accalmie et de
quiétude, il a plutôt tendance à épuiser. En effet, Cân Bardd
avec ses titres longs développe déjà beaucoup d'atmosphères et
varie régulièrement le rythme et l'intensité de ses morceaux.
Morceaux où se mêlent également déjà intro, outro et autres
interludes aérant d'eux même l'ensemble. Ce titre instrumental de
plus de 5 minutes me semble ici du coup un peu trop long, avis
subjectif ceci étant dit n'étant pas particulièrement friand de
ces longs intermèdes instrumentaux...
C'est
sur le titre éponyme "The Last Rain" que se clôt l'album, titre plus
lourd et posé, à l’aspect particulièrement majestueux qui
m’amène à penser à une troisième formation originaire des
Rocheuses (et une fois de plus à la production unique), Ered Wethrin...
La lourdeur, la beauté et ce petit quelque chose de plus épique et
orchestral de ce morceau n'y étant sans doute pas pour rien. Le tout
se terminant en apothéose dans une envolée épique où
s’entremêlent chœurs et orchestrations (on pensera à vous savez
qui...).
Cân
Bardd loin toutefois de singer ses idoles ne sonne pas pour autant
aussi épique que les dits groupes, ajoutant à sa musique une touche
personnelle à mi chemin entre Black Atmosphérique et Black Épique,
les différenciant et lui conférant une certaine identité. Identité
que le groupe se forgera s'en doute, on l'espère avec le temps, et qui
sait sur son prochain album...
Ainsi,
si l'on aurait pu croire avec son premier album à un énième
projet de Summoning Worship et autres, Cân Bardd nous prouve avec
son deuxième album qu'il n'en est rien oscillant entre Black Épique
et Black Atmosphérique, plus proche de la scène locale de Salt Lake
City que des nombreuses autres sorties dans le genre. Avec ce The
Last Rain plus travaillé que son prédécesseur et de pareilles influences, il ne fait pas de doute que Cân Bardd trouvera un écho des plus favorables auprès des adeptes de cette scène et saura se
faire une place de choix !
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Nyarlathotep
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