Chronique | SULPHUR AEON - The Scythe Of Cosmic Chaos (Album, 2018)


Sulphur Aeon - "The Scythe Of Cosmic Chaos" (Album, 2018)

Tracklist:

01. Cult Of Starry Wisdom
02. Yuggothian Spell
03. The Summoning Of Nyarlathotep
04. Veneration Of The Lunar Orb
05. Sinister Sea Sabbath
06. The Oneironaut - Haunting Visions Within The Starlit Chambers Of Seven Gates
07. Lungs Into Gills
08. Thou Shalt Not Speak His Name (The Scythe Of Cosmic Chaos)

Streaming intégral :

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En 2013 déboulait de nulle part l'entité Sulphur Aeon, heurtant de plein fouet la sphère Death Metal avec son premier album Swallowed By The Ocean's Tide au nom terriblement adéquat tant le tsunami auditif fut écrasant ! Suite à quoi le groupe marqua d'un coup d'un seul le Death Metal de son empreinte. Deux ans plus tard le groupe revient avec Gateways To The Antisphere, deuxième album attendu de pied ferme par un public toujours marqué par son premier opus. Sauf que... sauf que là où le premier album était un monolithe impénétrable de sauvagerie épique et monolithique, ce deuxième album fut à quelques exceptions près une déception fade et vide, que ce soit au niveau des morceaux peu inspirés ou de la production on ne peut plus plate (surtout après celle de Swallowed By The Ocean's Tide)... En somme là où le premier opus était un hymne à Cthulhu le second était plutôt un hymne à Bob l'éponge...

Qu'en est-il avec ce troisième album, The Scythe Of Cosmic Chaos, tout frais de cette fin d'année, sur lequel le groupe aura planché trois année, après avoir agrémenté son line-up de deux nouveaux membres à plein temps et grandement gardé le silence? Sulphur Aeon a t-il retrouvé son inspiration ou s'est il définitivement noyé ?

Fidèle à son label Ván Records, nous habituant à de bonnes sorties, le groupe s'est une nouvelle fois attaché les services de l'excellent Ola Larsson pour l'artwork qui pour le coup est à chaque fois d'excellente qualité. Et le bonhomme confirme son talent une fois de plus avec une superbe illustration vierge de tout logo et titre d'album. Exit le côté Cthulhuesque des précédents opus, celui-ci délaisse les abysses marins au profit des éthers cosmiques peuplés de créatures tout aussi malsaines et occultes, à l'image de cet amas de tentacules ailées planant dans un ciel orageux au dessus d'une église pas franchement des plus engageantes...

L'album démarre au son d'une incantation au début de "Cult Of Starry Wisdom", avant que le morceau ne se lance pour de bon avec sa touche 100% Sulphur Aeon parfaitement reconnaissable, mais intégrant la première et principale nouveauté de cet album : le chant clair. Chant clair aux effluves incantatoires comme on le retrouve sur le très bon "Yuggothian Spells", qui sera au début quelque peu désorientant, mais qui une fois la surprise passé s'avère parfaitement coller à la musique du combo. La surprise ne dure hélas pas bien longtemps puisqu'on ne retrouvera ce chant clair qu'en toute fin d'album sur l'ultime morceau "Thou Shalt Not Speak His Name" qui du coup clôt l'album en beauté avec cet aspect légèrement doom, incantatoire...

Viennent ensuite la doublette "The Summoning Of Nyarlathotep" et "Veneration of The Lunar Orb", aux arpèges plus Black Metal déjà entraperçus sur le précédent opus, oscillant entre rythmes mid-tempos et accélérations épiques sur lequel le batteur fait des merveilles agitant en tout sens ses nombreux tentacules. Notons que cette triplette "Yuggothian Spell", "The Summoning Of Nyarlathotep" et "Veneration Of The Lunar Orb" est le point culminant (me concernant du moins) de ce nouvel album de Sulphur Aeon, avec des titres puissants et épiques qui nous tiennent jusque là en haleine !

Arrive la moitié de l'album avec le lugubre et monolithique "Sinister Sea Sabbath" aux relents black indéniables avec son refrain prenant et sa lourdeur pachydermique, avoisinant les dix minutes au compteur, qui s'avère être un bon morceau lui aussi avec un gros potentiel mais qui pèche un peu de trop par sa longueur, qui aurait pu amplement être amputée de ses deux dernières minutes trop longues et répétitives. Là est d'ailleurs le principal bémol de cette album (un peu comme sur le précédent ceci dit, bien que plus inspiré dans l'ensemble ici), son essoufflement sur quelques morceaux parfois trop longs et répétitifs en fin d'album, mais pourtant entrecoupés d'excellents moments de bravoures avec des leads et des riffs très bien sentis qui vous font relever la tête... "The Oneironaut" en est un bon exemple avec une intro laissant entrapercevoir quelque chose de puissant, et puis non derrière c'est plutôt lambda et long, sans que rien n'en ressorte particulièrement. Et comme pour le précédent titre "Sinister Sea Sabbath", celui-ci aurait pu être amputé de deux bonne minutes pour en retenir l'essentiel et éviter cette essoufflement et ce surplus de longueurs... "Lungs Into Gills" aborde cet écueil à l'opposé commençant par une intro bien longue avant que ne surgissent les accélérations et les leads épiques sur fond de matraquage à la batterie comme ils nous en ont servis sur Swallowing The Ocean's Tide... Et c'est justement ça qu'on veut ! Moins d'arpèges pseudo black occulto-lugubres, sans pour autant complètement les ôter et plus d'accélérations, de puissance et de leads épiques et sauvages ! 

Du côté de la production, on se souvient tous forcément de la claque de celle monolithique et écrasante de Swallowing The Ocean's Tide qui vous donnait l'impression d’être plongé la tête sous l'eau et entraîné dans les abysses. Et surprise avec son deuxième album Gateway To The Antisphere, Sulphur Aeon nous servait sa galette saupoudrée d'une production faiblarde, plate et on ne peut plus fade. Rassurez-vous bien  qu'on n'ait pas un Swallowing The Ocean's Tide bis, les allemands ne nous refont pas le coup d'une production plate comme la Mer Morte. Non ce coup ci, la production a nettement plus de relief et se veut plus éthérée, plus aérienne, ce qui confère aux morceaux ce côté parfois grandiose, parfois épique, tout en bénéficiant d'un surplus de lourdeur...

Bref il y a d'excellents moments dans ce The Scythe Of Cosmic Chaos, qui s'avère être un bon album, malgré quelques passages trop longs et superflus... Mais Sulphur Aeon s'il n'atteint pas avec ce troisième album la puissance de feu, la lourdeur et la sauvagerie de Swallowing The Ocean's Tide, évite tout de même l'écueil et la noyade que fut Gateways To The Antisphere. Le groupe retrouve une bonne partie de son inspiration, de sa sauvagerie, de son côté épique et grandiose, gardant toutefois un des principaux problèmes de son précédent opus : les longueurs... 5 à 10 minutes en moins à ôter à droite à gauche sur certains morceaux, et l'album aurait pu être encore meilleur et gagner en impact ce qu'il perdrait en "fatigue". Espérons dès lors que Sulphur Aeon saura s'en défaire avec son prochain opus pour nous ré-offrir ce qu'il a su faire en 2013...  

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Nyarlathotep

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