Chronique | K.F.R (كافر) - Ad Manifestationem Diaboli / Par le sang (Albums, 2018)


K.F.R (كافر)
- Ad Manifestationem Diaboli (Album, 2018) & Par le sang (Album, 2018) -


Tracklists :

Ad Manifestationem Diaboli :

01. Il n'y a pas de Paradis où je traîne, que des baisés qui ont la Haine - 07:42
02. Darkness and Pain - 04:38
03. In my Dreams of Morbidity - 05:32
04. Under the World - 05:16
05. Through the funeral Maelstrom of Evil (Mütiilation cover) - 09:05
06. I Hate - 08:08
07. Here I Crawl - 03:42
08. Ad Noctis Huius Calíginem Destruéndam - 04:53

Extrait à écouter :



Par le sang :

01. My Curse upon Men - 05:20
02. Rosary of Flesh and Pain - 06:38
03. We're Born Dead - 07:19
04. La pourriture des limbes - 05:44
05. Larv II - 07:54
06. Swallow the Light - 13:08

Extrait à écouter :



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Depuis quelques années déjà, Maxime Taccardi a décidé de faire de son sang les arts noirs et des arts noirs son sang. Loin du Djihad, l’artiste aux multi-facettes vient répandre le Kâfir, K.F.R (كافر) ; s'enveloppant d'occultisme, il embrasse le nihilisme, la souffrance aliénant la vie. Cette année verra l'appel de deux entités, Ad Manifestationem Diaboli et Par le sang. Entité bicéphale ? Êtres uniques et indépendants ?

Il est temps de progresser dans ces dédales, images mystiques où se mêlent cauchemars et réalité, où chaque recoin est un fragment de l'esprit noir qui nous accueille. 'Il n'y a pas de Paradis où je traîne, que des baisés qui ont la Haine' ; les limbes s'ouvrent sur une guitare bruitiste et des claviers obscurs et psychédéliques alors qu'une voix nous accueille :

         « La rédemption c'est pour les baltringues, j'assume tout ! Je n'ai jamais eu besoin de vos                     drogues pour voir le diable... »

Les sons se font envoûtants, le diable se fait perceptible dans cette voix écorchée. Obscure, malsaine, la musique est cette combinaison, ce mélange obscène et inhumain. Une forme putride et corrompue du Djihad, la guerre n'est pas sainte, elle est le sang ténébreux qui s'insinue dans notre esprit. Elle s'installe insidieusement, chaque note, chaque morceau nous rapprochant de l'épicentre de ce labyrinthe psychique. Ritualiste et diabolique, l’atmosphère de K.F.R (كافر) créé un paysage sonore dévasté propice aux invocations. 'In my Dreams of Morbidity' est une litanie à la mort, ou le chant Black Metal résonne tel des psaumes corrompus. Les morceaux s'enchaînent, nos corps sont les réceptacles de nos peurs antiques et mystérieuses. Le Black Metal est la partie palpable d' Ad Manifestationem Diaboli, qui prend toute sa dimension grâce aux éléments sonores Ambient et ritualistes, qui rappelleront Enemite (怨) et Aek Gwi (厄鬼​), avec qui Maxime Taccardi a d'ailleurs partagé des splits mais aussi le projet obscur chinois Claustrophobia.

Une page se tourne … Et un nouveau chapitre de ce voyage s'écrit Par le sang.

Plus brut, plus Black Metal, après un album plus introspectif, ce second album crache à la face du monde la souffrance intérieure explorée par Ad Manifestationem Diaboli. Dès 'My Curse upon Men' notre plongeon se fait au son d'une guitare Raw, et d'un chant dépressif plus lugubre. Les moments ésotériques ne sont pas en reste. 'We're Born Dead' combine avec perfection ce Black Metal et des passages mélancoliques empreint d'une noire douceur, d'une pureté délétère. Ces éléments prennent toute leur splendeur dans 'La pourriture des limbes', mélange du solo d'Eric Draven sur les toits, la nuit dans une ville qui n'attend que les flammes dans The Crow, et des claviers qui peignent un château de Dracula mystérieux et démoniaque que n'aurait pas renié Francis Ford Coppola. S'ensuivent de longs passages Ambient, qui créent une véritable continuité entre les deux œuvres.

Avec K.F.R (كافر), Maxime Taccardi continue d'expérimenter, d'explorer ce qui fait le Black Metal, la musique ritualiste et ambiante. Puisant ces racines dans les premiers temps du Black Metal et dans les facettes les plus obscures de la musique quelle qu'elle soit, il ne tombe pas pour autant dans l'expérimental à proprement parler. Ad Manifestationem Diaboli et Par le sang sont un ensemble, sans ordre d'écoute particulier. Un reflet de l'être et du non-être, du monde intérieur et du monde extérieur, un miroir noir, obsédant, où le soi et le monde ne font qu'un dans les limbes.

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Morgan


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