Savez-vous ce que j’apprécie le plus quand arrive le mois de
septembre ? C'est le renouveau de l'obscurité. L'été se
termine, le soleil tout-puissant va bientôt redescendre de
son trône doré. À partir de l'équinoxe, la nuit
reprendra ses droits. Septembre c'est aussi l'annonce que nous ne
sommes plus qu'à deux petits mois de la Samhain (Halloween,
pour les deux du fond qui ne suivent pas), mais c'est surtout la
reprise des concerts et soirées gothiques de l'association rennaise
La Villa Diodati. Septembre c'est l'avènement du règne des
ténèbres.
Autant
dire que je profite à fond de ma journée du huit septembre, date de
cette reprise des activités post-punk à Condate (Rennes, pour les
deux du fond qui ne suivent toujours pas), en compagnie de deux amis
bretons de Nantes, que je salue au passage : achat de billets
pour le concert de Dead Can Dance en mai prochain, acquisition
de la réédition chez Dark Entries de Space Museum de Solid
Space (uniquement pour la pochette en référence à Doctor Who)
en fouillant dans les bacs du disquaire Blindspot, lèche vitrine,
crêperie... Bref, une bonne mise en jambe pour le concert.
Une
reprise 2018 sous le signe de la coldwave. La Villa Diodati nous a
gâtés en invitant le duo
néerlandais Bragolin
à venir se produire devant le petit nombre de créatures de la nuit
que nous sommes. Plaisir également de pouvoir réentendre les amis
Nico et Mik de Follow
Me Not, duo qui fait
désormais partie des groupes que j'ai le plus vus en live. Alors
« Listen to them - children of the night. What music
they make » ?
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Follow Me Not
C'est Follow Me Not
qui ouvre le bal des vampires. Le Melody Maker, situé Rue Saint
Mélaine, possède une toute petite salle dédiée aux concerts,
séparée du lieu où se trouve le comptoir. L'espace exigu,
l'absence de passage et les lumières tamisées sont propices à
l’installation d'une ambiance intimiste.
Les deux compères ne
perdent pas de temps et commencent leur set, constitués de morceaux
classiques de la formation, mais également d'un nouveau morceau dont
nous avons la primeur.
Je ne sais pas si cela est dû à la taille de la pièce, aux
réglages sonores, voire aux deux, mais le son est bien
différent de toutes les fois où j'ai pu voir le duo jouer. La voix
est moins claire et plus saturée, les accords plus lourds et
agressifs. Bref, c'est pour moi le meilleur concert de Follow
Me Not que j'ai pu faire, en matière de
musicalité.
Avec ce son bien plus mûr, plus pesant, et cette ambiance très
privée en fin de compte, il s'est très vite installé une
certaine proximité entre le public et le groupe. Quel bonheur de
pouvoir danser tranquillement dans cette atmosphère rappelant les
premières heures de la new wave londonienne.
Unique bémol,
l'enceinte de droite qui crachouille légèrement sur "Deny It",
l'une de mes compositions préférées, gâchant un peu le gimmick de
basse caractéristique de la chanson, et privant les spectateurs de
leur jouissance totale. Un problème qui va être réglé avant le
passage de Bragolin.
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Bragolin
Le temps de boire une
bière en prenant l'air dehors, tout en discutant avec les amis (de
musique bien évidemment et des prochains concerts espérés comme
DEAD, Bleib Modern, Carpenter Brut, Kaelan
Mikla et bien entendu Dead Can Dance), et voilà que l'on
nous hèle, nous exhortant de rejoindre la petite salle. Le duo,
composé d'Edwin Van der Velde (Zwarte Poëzie) et Maria
Karssenberg, est déjà en place.
Je me glisse jusqu'au
premier rang pour ne pas en perdre une miette. Il faut dire que
l'album I Saw Nothing Good So I Left ma bien scotché et fait
partie de mes révélations de l'année. Il me tarde donc de voir ce
que cela donne sur scène.
On démarre avec le
titre "To Hide To Shine To Cross". Tout comme pour
Follow Me Not juste avant, le son est de telle manière que la
voix d'Edwin se fait beaucoup plus agressive que sur l'album. Hormis
cela pas de changement par rapport à la version studio. Un doute
soudain m'assaille, vite effacé avec les compositions suivantes. La
coldwave des néerlandais prend aux tripes.
La surprise vient de
plusieurs libertés prises vis-à-vis du disque, comme certains
gimmick de synthétiseurs remplacés par de la guitare en live, le
non-changement d'octave du chant sur "In Our Field Of Oaks"
(ce qui la rend tout particulièrement moins éthérée et bien plus
sombre, les deux versions me satisfaisant énormément), du fait que
ce soit Edwin qui chante tout du long du concert, contrairement
à la version LP. De même sur l'éponyme "I Saw Nothing
Good So I Left". Tout un tas de petites choses du style, qui
donnent une nouvelle saveur à l'ensemble du travail de Bragolin.
Maria ne fait pas montre
d'énormément de joie de vivre et gère la partie synthétique comme
il se doit. En gros, on se prend un claque. Le public ne bouge pas
beaucoup, mais ondule tel des tiges de roseaux dans une brise légère,
moi le premier. Mais, parce qu'il y a un « mais », je
n'apprécie pas autant que je l'imaginais. Peut-être du fait que j'en
attendais trop, probablement plus du fait de la courte durée du
concert. On me dit qu'ils ont joué 40 minutes, mais avec seulement
les huit chansons de l'album, soit 28 minutes, sans aucune reprise ni nouveau morceau, je doute.
Un peu déçu donc. Mais
au final ce fut une très bonne interprétation et cela ne me gâche
pas mon plaisir pour autant. Je leur redonnerai leur chance sans
hésiter.
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La soirée s'achève et je ne traîne pas plus que cela. Mes pieds
commencent à devenir douloureux à force de piétiner et de me
trémousser au rythme des sons enivrants des deux
formations. Le temps de dire au revoir aux amis de longue
date (dont les deux du fond qui n'ont toujours rien suivi), et
je m'éclipse. Merci à La Villa Diodati pour nous avoir encore
une fois concocté une sombre soirée comme elle sait le faire. Je
rentre heureux, le sourire aux lèvres, le cœur empli de
ténèbres apaisantes.
Aladiah
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