Live Report | ROGER WATERS - Us + Them Tour @Halle Tony Garnier - Lyon (09.05.2018)


Après avoir fait tourner son show The Wall pendant de nombreuses années tout autour du monde, Roger Waters revient cette fois-ci avec un tout nouveau spectacle intitulé Us + Them dans lequel il interprète un répertoire plus varié, allant des classiques de Pink Floyd jusqu'à son dernier album solo, Is This The Life We Really Want?

Ce soir-là et à l'occasion de sa première date française pour cette tournée, Roger Waters pose ses écrans géants et ses modules démesurés à la Halle Tony Garnier le temps d'un concert qui rameute des fans de cette légende et des mythiques Pink Floyd venus de tous les coins de France et d'Europe.

La question qui m'est restée à l'esprit tout au long des mois précédant ce concert est comment Waters pourrait égaler l'incroyable mise en scène de la tournée The Wall, durant laquelle un mur d'une dizaine de mètres de haut était bâti puis détruit au cours d'un concert ayant usé d'un grand nombre d'effets visuels sur celui-ci ?

Petit rappel pour ceux qui n'ont pas eu l'occasion d'y assister ou qui ont la mémoire courte :


Ce soir, dans la Halle étendue à son maximum, le public se masse devant la scène derrière laquelle un immense écran servira de support visuel. A 20h sonnantes, l'écran s'allume, dévoilant l'image d'une femme assise sur le bord d'une plage et contemplant la mer. Durant une petite demi-heure, cette image restera accompagnée par une bande sonore discrète constituée de bruits marins qui se transformera peu-à-peu en chant féminin.

Sur la bande son de "Speak to Me", les différents musiciens occupent la scène sous un décor spatial. "Breathe" est alors entonné, suivi de "One of These Day" dont le rendu live est juste parfait, l'écran géant projetant une mise en image créée pour ce spectacle. 

Une horloge se dessine sur le fond de l'écran, c'est l'heure, l'heure de "Time", un des morceaux emblématiques de la carrière des Pink Floyd qu'il est inutile de présenter ici. S'ensuit une reprise de "Breathe" qui s’enchaîne avec le mythique "The Great Gig in the Sky". Roger Waters s'est, cette fois, entouré de deux femmes aux déguisements uniformes en tout point qui se démarquerons sur ce titre avec le solo bien connu au cœur du morceau. Malgré une tentative d'harmonisation à deux voix, le duo est bien loin d'égaler la performance de Clare Torry. D'ailleurs dans l'ensemble, leurs voix sont loin d'être parfaites, au contraire, elles constituent la plus grosse déception du concert de mon point de vue, ces dernières étant loin d'avoir un niveau requis pour une telle performance. Cet avis a d'ailleurs été partagé par l'ensemble des personnes avec qui j'ai pu discuter à l'issue du concert.

Après "Welcome to the Machine", il est temps pour Waters de changer de période et de passer à sa carrière solo, le temps des morceaux "Déjà Vu", "The Last Refugee" et "Picture That" avant de revenir aux grands classiques : "Wish You Were Here", "The Happiest Days of Our Lives".

"Another Brick in the Wall" partie 2 & 3 terminent cette première partie avec la montée sur scène de 12 adolescents lyonnais vêtus de tenues orange de détenus, la tête recouverte d'une cagoule noire qu'ils ôteront avant de danser, vêtus d'un t-shirt sur lequel le mot "Resist" est imprimé.

Setlist de la partie 1 :

Speak to Me
Breathe
One of These Days
Time
Breathe (Reprise)
The Great Gig in the Sky
Welcome to the Machine
Déjà Vu
The Last Refugee
Picture That
Wish You Were Here
The Happiest Days of Our Lives
Another Brick in the Wall Part 2
Another Brick in the Wall Part 3

(Les images ont été prises avec un téléphone car je n'ai pas obtenu d'accréditation presse. A défaut d'une qualité irréprochable, elles serviront ici à illustrer le présent article).




20 minutes d'intermède sur fond de discours anti-militaire et anti-politique extrême d'aujourd'hui et nous voilà repartis avec cette fois-ci une énorme structure qui se déploie au dessus du public et qui représente la Battersea Power Station de la pochette de Animals. C'est donc tout logiquement "Dogs" qui ouvre ce second acte, suivit de "Pigs" où le visuel du cochon est associé à Donald Trump sur les projections (qui sont à la fois sur les écrans de fond de scène et au dessus du public, voir les images en fin d'article) et où les musiciens simulent un banquet de porcs à l'aide de masques. Trump est également associé à l'image d'une prostituée, accompagné de slogans tels que "Les Porcs gouvernent le monde" ("Pigs rules the world"), "Résistez aux porcs" ("Na! Resist the Pigs").

Vous l'aurez compris, le côté dénonciateur et anti-inégalité de Roger Waters sera de sortie. Cela ne s'arrête pas là car sur "Money", c'est au tour de tous les politiciens, comprenant Vladimir Poutine, Marine le Pen et bien d'autres d'en prendre pour leur grade sur les écrans. Il se permet également une leçon d'histoire adressée à notre président : "Les Palestiniens sont tués comme des chiens. Dites à monsieur Macron d’arrêter ça. On a oublié 1789 en France ? Moi je me souviens !"

Seul morceau de Waters de cette partie, "Smell the Roses" marque la pierre angulaire durant laquelle la structure surplombant le public se replie et laisse (enfin) ce dernier placé au fond de la salle voir la scène. Car oui, cette structure a masqué la scène de ceux qui étaient au centre à partir du milieu  de la salle pour une bonne partie du concert la faute à un panneau qui leur faisait face et qui, au fond, n'apportait pas grand chose question visuel : il aurait suffit de le remonter après l'image de l'usine et de ne garder que les panneaux latéraux pour dégager le champ de vision du public. 

La plus grosse réussite visuelle de la soirée revient à "Eclipse", sur lequel un prisme se dessine au dessus du public à grand renfort de laser, imageant la pochette de  The Dark Side of the Moon (voir photo).

En guise de rappel, Roger Waters se permet un meeting de dénonciation contre les problèmes politiques, économiques et écologiques de notre planète. "Mother" est ensuite interprété suivi du morceau conclusif "Comfortably Numb" et son incroyable solo de guitare qui me donnera toujours des frissons et sur lequel le visuel ultra-coloré des écrans sera soutenu par lasers et cotillons pour un final de toute beauté !

Pour conclure et apporter un ressenti personnel, malgré un concert très réussi, je reste sur ma faim en comparaison à The Wall. Pour autant, à 74 ans, tenir une telle forme et proposer un concert de trois heures avec un tel dynamisme n'est pas donné à tout le monde et ça, personne ne pourra le lui reprocher !


Setlist de la seconde partie :

Dogs
Pigs (Three Different Ones)
Money
Us and Them
Smell the Roses
Brain Damage
Eclipse

Rappel :
Mother 
Comfortably Numb



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Textes et Photos : W.G.

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