Interview | HEXEN HOLOCAUST (Bestial Black / Death Metal - France) - Avril 2017


À l'occasion de la sortie de leur premier MCD 'Heretical Dreadful Orgies' aujourd'hui ainsi que de leur tournée française, les musiciens d'Hexen Holocaust (Bestial Black/Death Metal - France) ont acceptés de nous parler un peu plus de leur projet, la genèse de ce groupe, leurs motivations et directions. Composé de membres issus de Necroblood, Venefixion et Impure Ziggurat, le groupe vient enrichir une scène parisienne quelque peu déshabituée du son old school crasseux et bestial que nous propose cette formation, tel un retour aux sources incantatoire, brutal, satanique et orgiaque.  CDRK et Reido ont pu tous deux nous répondre. 


01. Salut CDRK et Reido , pouvez-vous dans un premier temps nous décrire la genèse de 'Hexen Holocaust':  sa naissance, vos envies à travers ce projet et finalement son arrivée en 2017 ? Quels sont les membres qui le compose et comment cet éclectisme a pu enrichir le développement du groupe ?

Cdrk : On se connaît tous depuis longtemps, voire très longtemps, alors on est parti du postulat que si on passait le plus clair de tous nos week-ends à descendre des bières ensemble, pourquoi ne pas le faire tout en jouant dans un projet commun ? Jusque là nous étions cloisonnés dans nos projets respectifs chacun de notre côté et comme on a tous des façons différentes de composer, c'était intéressant de mettre ça en commun et je pense que ça se ressent dans le MCD...

Reido : Le fait d’être géographiquement proches (contrairement à certains de nos projets parallèles) a également facilité la chose. Aux tout débuts nous n’étions d’ailleurs pas particulièrement ambitieux, mais le processus de création des morceaux et la spontanéité de la démarche ont été assez fluides et naturels… l’identité du groupe a donc rapidement pris forme. 

02. Dans la liste de vos influences vous citez Bestial Summoning, Profanatica, Blasphemy, Sarcofago, Von ainsi que Sodom à ses débuts, quel rôle ces groupes ont joués dans vos influences et directions ? 

Cdrk : Je dirais que tous ces groupes ont en dénominateurs communs : 1) des paroles aussi dégueulasses que cathartiques 2) une approche assez simple (voire simpliste pour certains) de la musique et ça, ça nous a toujours parlé. 
Avec Hexen Holocaust, on a voulu revenir à un style régressif, linéaire, révulsant, à l'opposé de toutes les gesticulations emmerdantes des cohortes de Black Metal islandais qui nous tombent dessus actuellement ou bien des horreurs « PostBlack » jouées par des dandys en chemisette Celio à peine sortis de leur école de commerce.

Reido : Respecter une certaine tradition (d’un point de vue musical comme thématique) est une chose importante, surtout quand on voit à quoi ressemble la scène extrême aujourd’hui. C’est devenu une grande mode de rejeter le metal en présentant des riffs dissonants et sans intérêts, ainsi qu’une imagerie bourgeoise faite de triangles, de beaux tatouages et d’occultisme du dimanche. De notre côté, nous préférons continuer de proférer les blasphèmes et riffs que nous inspirent Slayer, Sarcofago ou Beherit.


03. Comment définiriez-vous la musique produite par Hexen Holocaust, et d'où vous est venu le nom du groupe ?


Cdrk : Du Black/Death. Tout simplement. On est pas friands d'étiquettes tarabiscotées. Pour ce qui est du nom, notre musique étant agressive, le nom devait nécessairement l'être aussi. Je trouve qu'Hexen Holocaust dégage bien ce sentiment de violence sulfureuse recherché. 
A côté de ça, on est assez fans de quantité de groupes incluant « Holocaust » dans leur nom, comme les boliviens déjantés de Bestial Holocaust, les canadiens néandertaliens de Necroholocaust ou encore les brésiliens cultes d'Holocausto. Si le nom n'avait pas déjà été pris pour un éphémère coverband de Damon Bloodstorm, j'aurais bien proposé « Holocaust Wolves of the Apocalypse » en hommage au morceau de Bestial Warlust !


04. Votre MCD 'Heretical Dreadful Orgies' comporte notamment une reprise de 'The Black Vomit' de Sarcofago. D'où vous est venue cette idée et pourquoi teniez-vous à rendre hommage à cette horde mythique brésilienne ?


Cdrk : La scène brésilienne de la fin des 80'/début 90' est certainement une des plus essentielles dans l'histoire du Metal extrême et pas forcément une des plus reconnues par le public européen qui a tendance à ne jurer que par la Scandinavie... Alors que Vulcano, Sextrash, Mutilator, Holocausto, Lou Cyfer, Headhunter DC, Expulser, Dorsal Atlantica, Mystifier ou encore les vieux Sepultura... Bordel ! Reprendre un morceau de Sarcofago qui étaient un des chefs de file de cette scène était une façon de lui rendre hommage. D'autant que les paroles sont aussi régressives qu'écrites dans un anglais calamiteux. Bref, c'était du cousu-main pour nous.

05. Plus largement, quels sont les thèmes qui vous tiennent à cœur, et comment transparaissent-ils sur 'Heretical Dreaful Orgies' ?

Cdrk : Nos textes parlent principalement de blasphème, de dépravation sexuelle, de rites profanatoires. On a conscience que tout cela peut sembler galvaudé depuis le temps, mais quand tu vois ce qui se fait actuellement dans le BM, ça nous a semblé nécessaire de revenir à l'essentiel... Des groupes foireux, y'en a toujours eu, mais nous, ça nous gave de coexister dans un monde rempli de groupes qui s'appellent « Bonjour Tristesse » ou « Bosse de Nage » et où la moitié de la scène française tente de faire du « Rural Black Metal » et où l'autre moitié suce Diapsiquir.
Bref, niveau textuel on se sent proches des débuts d'Havohej et de Profanatica, et des tout premiers Deicide ou Samaël.


Reido : A titre personnel, je rejette toute idée imposée de morale judéo-chrétienne dans le monde qui m’entoure. L’imagerie sataniste est donc un parfait moyen pour exprimer ce dégoût du monde, en plus de la puissance des symboles qu’elle déploie. Dans ce MCD nous abordons surtout les thèmes de la sorcellerie car c’est une très bonne inspiration pour exprimer la violence et le fantastique dans notre musique.  

06. Au sein de votre musique nous percevons un son totalement old school et saturé, lourd, quel est votre processus de composition et vos volontés de production ?


Cdrk : En général chacun compose de son côté et on arrange ça ensemble en répète. Rien de foncièrement atypique. Pour la production, c'est notre batteur qui s'intéresse un peu au sujet et qui a assuré en autodidacte l'intégralité des prises de son pour tout le monde, ainsi que le mixage et le mastering. Il a vraiment su trouver le son qu'il nous fallait, un peu cradingue sans toutefois tomber dans les dérives de prod faméliques inhérentes à un certain style de Black Metal. C'est artisanal, assurément, mais audible.

Reido : Nous sommes plusieurs à avoir des idées de riffs, et le fait d’avoir plein de références en commun facilite beaucoup le processus de création car nous savons ce que nous aimons. La production quant à elle, nous la voulons spontanée et représentative de l’ambiance que nous souhaitons transmettre – c’est-à-dire quelque chose qui n’est pas parfaitement propre et sans âme. 


07. Comment s'est passé le processus de création de l'Artwork et donc votre collaboration avec Chris Moyen ? Le Logo a quant à lui été créé par une certaine SM, pouvais-vous nous en dire un peu plus sur ce point ? 


Cdrk : Avoir une release comportant un artwork de Chris Moyen spécialement fait pour nous, c'était un peu un accomplissement de l'adolescence, une ligne en plus à rayer dans la « Liste des choses à faire avant de mourir ». A fortiori quand on est fan de Beherit, Incantation, Demoncy, Blasphemy, Goatlord, etc etc et qu'on s'est un peu construit métalliquement avec les artworks de CD ou t-shirts dessinés par lui. 

Aucun d'entre nous ne le connaissait personnellement, on l'a donc contacté, lui avons exposé le projet, ça l'a botté et il a vraiment su retranscrire pile ce qu'on a pu lui décrire dans nos échanges, personne d'autre n'aurait pu le faire aussi bien.



Quant au logo, effectivement, il a été dessiné par SM, qui gravite autour de nous depuis longtemps et qui est déjà à l'origine du logo et des artworks d'Impure Ziggurat ainsi que de l'artwork pour la compil' CD de Necroblood. On lui a donné quelques indications et comme souvent, le premier jet était le bon. Le logo est à l'image de notre musique et à notre image aussi tout court : bête et méchant.

08. Plus largement, souhaitez-vous développer une identité esthétique marquée : éléments scéniques, artworks précis, références cinématographiques (nous remarquons par exemple l'utilisation d'un extrait de la bande originale du film 'The witch' en guise d'introduction de l'album) ? 


Cdrk : Exact pour l'intro. 'The witch' est effectivement un bon film qu'on a tous aimé, de par son côté épuré et sa vision assez « bestiale » de la sorcellerie. Ça correspondait avec la vision qu'on avait du sujet. On essaye pas de disserter de façon chiadée ou romancée sur la sorcellerie médiévale comme pourrait le faire Cultes des Ghoules. Notre perception du sujet est synthétisée dans notre artwork.
Et pour ce qui sera de notre apparence sur scène, ce sera définitivement old-school !




09. Vous avez annoncé une tournée francilienne partagée avec Ritualization et Affliction Gate courant Mai, comment cela a-t-il été rendu possible et organisé ?  


Cdrk : A la base c'est une idée de Laurent Grief d'Affliction Gate/Nox Irae qui s'est bien démené pour mettre cela sur pied. Comme on est potes avec la plupart des membres d'Affliction Gate et de Ritualization depuis des années, c'était une offre que l'on ne pouvait pas refuser, comme on dit. D'autant qu'il s'agit de deux des meilleurs groupes de VRAI Death Metal (pas de chiasse post-Deathcorisante) qui puissent être encore en activité en France !



10. Pour terminer, pouvez-vous me décrire le choix de votre collaboration avec le label Magister Dixit Records pour la sortie de 'Heretical Dreadful Orgies' ? 

Cdrk : Cas un peu similaire, on est amis avec les deux loubards de Magister, Tom Dehumanizer et Pz.Kpfw depuis 10 ans voire plus, alors signer avec eux a été quelque chose d'assez naturel. Les deux mecs sont deux vrais metalheads, pas des wannabe rockstars soucieux de se faire tailler des pipes sur Facebook. Et personnellement, pour avoir déjà bossé avec eux pour la démo K7, le shirt et le 7 'EP d'Impure Ziggurat, je savais à quoi m'en tenir !



Reido : Magister Dixit a également sortie la démo de l’un de mes vieux projets de doom, Ritual Temple, qui fut sa toute première sortie officielle. En plus d’être de très bons amis, nous avons le même état d’esprit et supportons à 100% tous nos projets respectifs, car ils s’inscrivent avec la même passion dans la même veine depuis des années. Hail them until death !!!

Et bien sur ces mots, je vous dis merci d'avoir répondu à mes questions, et rendez-vous à Rennes pour ma part! 



Retrouvez le groupe en tournée en France sur trois dates avec Afflition Gate (Death Metal - France) et Ritualization (Black/Death Metal - France) :


Vendredi 26 Mai au Le Grillen à Colmar :  Event

Samedi 27 Mai au Mondo Bizarro à Rennes : Event
Dimanche 28 Mai au Candy Shop à Paris (sans Ritualization) : Event


ExC

Commentaires