Chronique | SINMARA & MISÞYRMING - "Ivory Stone/Hof" (Split, 2017)


Sinmara & Misþyrming - "Ivory Stone/Hof" (Split, 2017)

Tracklist:

01. Ivory Stone
02. Hof

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Ah l'Islande ! S'il y a bien une scène Black Metal que je me suis surpris à adorer instantanément, c'est bien la scène Islandaise. Je ne vois d'ailleurs pas trop comment décrire le son islandais si ce n'est par « primitif » et « ésotérique ». On est pas très loin d'un Black Metal assez classique vous me direz, si l'on considère uniquement ces adjectifs. Mais s'il y'a bien une raison pour laquelle la scène Islandaise s'est faite "hypée" ces dernières années, c'est pour ses sonorités novatrices et son côté très prononcé pour la violence sans retenue. D'ailleurs, avant qu'on s'attaque au split d'aujourd'hui, autant vous conseiller notre focus sur cette scène qui était assez renseigné sur le sujet, si jamais vous n'avez pas trop entendu parler de ce microcosme nordique. 


On va donc s'intéresser à la troisième sortie Islandaise de 2017, le split entre Misþyrming et Sinmara. Autant vous prévenir de suite, le split fait seulement deux tracks. Rien de bien fou, mais quand on connaît les productions existantes des deux entités, on sait direct à quoi on va avoir à faire.
Avant d'attaquer plus en détails mon écoute, j'aimerais tout de même revenir sur le visuel. Noir et blanc, mariant le cosmique et le terrestre, c'est un artwork relativement sobre mais encore une fois très approprié, en plus d'être superbement fait. Car oui, il y a cet élément qui m'a toujours captivé chez les Islandais : tous leurs artworks sont superbes, toujours très spécialisés et relativement épurés. J'en veux pour exemple l'espèce de monstre cosmique et monolithique de l'album de Misþyrming. En fait, les groupes Islandais ornent souvent leurs productions d'une créature fantastique et impressionnante, il en va de même pour Sinmara ou bien Naðra. Peut être cela provient-il du paganisme prépondérant sur cette île nordique et des mythes associés, ou bien "simplement" une esthétique commune.

Mais niveau musical, on est où ? On fera une analyse séparée pour chaque track, les deux formations ne partageant pas la même ambiance et le même son, ce qui rend cette association encore plus intéressante.



Sinmara a toujours eu un son beaucoup plus caverneux que Misþyrming, ce genre d'ambiance qui te propulse dans une caverne autour d'un feu pour des rituels étranges. Pendant ces 6 minutes, on change beaucoup de rythme, allant d'un gros blast qu'on leur connaît aux parties plus calmes et atmosphériques. En fait Sinmara a toujours eu ce côté bien spirituel marqué, notamment en mettant plus en avant les grattes aux sons aiguisés et occultes par rapport aux fûts qui seront dans l'arrière plan. Il en ressort un son beaucoup plus mental, plus captivant. On retrouve ce côté sacrément hypnotique des compos de Sinmara, tant leurs riffs sonnent comme une cérémonie. Le morceau se termine d'ailleurs sur de légers chœurs, prolongeant chez moi cette impression de rite. Somme toute, rien de nouveau pour la formation Islandaise, on retrouve juste avec joie et intensité la musique sombre et caverneuse qu'ils avaient déjà développée sur 'Aphotic Womb', avec un son beaucoup plus soigné, moins raw.



Pour revenir sur le terme « intensité », ça doit être le premier adjectif qui me vient à l'esprit quand on me parle de Misþyrming. Il faut dire qu'en l'espace d'à peine 2 ans, leur album "Söngvar elds og óreiðu" a impressionné pas mal de gens. Le côté « jusqu'au-boutiste » du Black Metal Islandais était encore allé plus loin, avec des guitares stridentes, un son primitif et une ambiance complètement bestiale. L'intro de cette nouvelle track 'Hof' laissait présager un adoucissement du son de la formation, jusqu'à que les riffs blastés surgissent de nul part comme ils en avaient l'habitude. S'en suit une déferlante occulte caractérisée par des cymbales très présentes et un son toujours plus profond. On pourra en revanche souligner des changements de rythmes et d'atmosphères assez réguliers, comme pour Sinmara. Mais le petit plus par rapport à la précédente formation, en tout cas à mon sens, c'est la voix de D.G. qui porte bien plus que celle du chanteur de Sinmara. Cette voix qui raisonne, hurle et cogne contre les parois d'une masse auditive compacte, superposée aux riffs toujours plus puissants et fascinants de Misþyrming. La track se finit dans une violence inouïe avec les mêmes riffs qu'au début du morceau, avec encore une fois ces hurlements puissants et désespérés qui faisaient déjà la force certaine de leur album. Je dénoterai en revanche un son de batterie un peu trop « acoustique », trop primaire, par rapport à leur première production où la batterie agissait comme un espèce de guide parmi cette masse sonore intense et lourde.

Ce split en soi, c'est un peu la réunion de deux des groupes les plus impressionnants de cette scène en matière de sons occultes et abscons. On pouvait difficilement en attendre mieux des formations, même si le crescendo apocalyptique de "Söngur heiftar" (Misþyrming) et ce riff si obsédant me manquent ici. On ne peut en revanche nier une volonté d'évolution chez les groupes, et parce qu'un morceau ne peut suffire à affirmer la direction des deux formations, j'espère qu'un nouvel album est en marche pour les deux troupes Islandaises. Ils n'ont fait que confirmer une fois de plus que l'Islande détient un son bien particulier, spécifique à leur scène. Un Black Metal d'une intensité folle, sauvage et déchaînée.

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Dopelord




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