Live Report | Behemoth + Mgła + Secrets Of The Moon @ Le Transbordeur, Villeurbanne le 28/10/2016


Il faut reconnaître que le Transbordeur n’a pas vraiment l’habitude d’entendre raisonner les douces mélodies du Black Metal entre ses murs ; et pour cause, rares sont les groupes qui s'offrent ce genre de salle à leurs venues. Pourtant ce soir, les vestes à patches et les t-shirts trves étaient de sortis, tous bien rangés en file attendant patiemment de pénétrer de la salle. Je suis arrivé peu de temps avant l’ouverture et la queue s’étendait sur une bonne centaine de mètres si ce n’est plus. Cela ne me surprend guère car les polonais de Behemoth se sont forgés une sacrée réputation sur scène. En février 2014, la bande à Nergal avait choisi le CCO en compagnie d’In Solitude, Inquisition, et Svattjern. Cette année, c’est en l’honneur de la tournée Europa Blasfemia Part II que le quatuor nous fait à nouveau l’honneur de sa présence, accompagné cette fois-ci des Polonais Mgla et des Allemands de Secrets of the Moon.

Pour moi, c’est une première pour chacun de ces groupes et en grand fan de Behemoth, c’est avec grande impatience que j’attendais ce show, alors pas question d’en sortir déçu ! Concernant les deux autres formations, j’étais également curieux d’assister à la performance de Mgla, que j’ai découvert grâce à l’affiche de la tournée et qui m’a séduit sur CD, et notamment avec leur dernier album en date "Exercises in Futility". Secrets of the Moon me laisse cependant dubitatif : s’il m’arrive régulièrement d’écouter ce groupe sur CD, leurs productions bien plus ambiantes que les autres groupes m’effraient quelques peu en live. Le running order les faisant passer en seconde place, j’ai la crainte que l’ambiance ne se tasse un peu et qu’ils ne soient pas appréciés à leur juste valeur.

Mais revenons devant la salle de concert où une nouvelle venait de se propager dans la file : Secrets of the Moon a du intervertir sa place avec Mgla dans le déroulement de la soirée et c’est pour moi une excellente nouvelle tant il semble que les fans de ces derniers sont venus en nombre (à en juger par les t-shirts). 18h30 sonnante et les portes s’ouvrent, laissant – après une fouille minutieuse de nos corps – la foule pénètre dans la salle. Lyonnais depuis peu, je découvre alors une belle salle, bien agencée et relativement spacieuse (capacité d’accueil de 1800 personnes selon le site internet du Transbordeur).



Formé en 1995 Osnabrück en Allemagne, le combo a depuis toujours été prolifique question sorties : 3 démos entre 1995 et 1998, puis ce n’est pas moins de 6 albums, 3 splits, 4 EP, 2 compilations et un album live qui furent produits en 17 ans soit pratiquement une sortie par an. Avec des débuts franchement Black Metal, le groupe a évolué vers une musique catégorisée tantôt Blackened Metal, tantôt Avant-gardiste, le côté Black un petit peu mis de côté selon moi.

C’est devant une salle à moitié pleine que les Allemands foulent les planches du Transbordeur. Dans un décor relativement sobre et avec des lumières très mal gérées (lights bleues projetées depuis l’arrière qui ne mettaient absolument pas en valeur les musiciens), les Teutons nous proposent un set principalement axé autour de leurs dernières productions. Avec 50 minutes et 7 morceaux dont plus de la moitié extraits de "SUN", sorti en 2015, le groupe ne fait malheureusement pas l’unanimité. Force est de constater que le public reste globalement impassible face à une musique qui, il faut le reconnaître, s’avère bien planante et peu propice au déboitage de nuques. Loin de moi l’idée de juger la qualité de leurs morceaux, le principal bémol de ce concert réside plutôt dans le manque de riffs accrocheurs pour nous donner envie de secouer la crinière.

S’il me fallait émettre une réaction, je dirais que l’ambiance intimiste créée par leur style serait bien plus propice à une salle de moins grande envergure, et entouré d’artistes évoluants dans un style similaire. Ce ne fut néanmoins pas désagréable de voir le combo défendre des morceaux comme 'Hole', 'Dirt Black', ou 'Mind Behind the Sun', issus de leur dernier né. Je reste quelque peu sur ma faim mais espère avoir l’occasion de les revoir avec une affiche plus en accord avec leur style.


Le duo Polonais né en 2000 à Cracovie fait de plus en plus d’adeptes ces dernières années ; et pour cause, ce n’est que très récemment que le binôme a choisi de fouler les planches. Après deux démos non éditées officiellement ('Northwards' en 2000 et 'Necrotic' en 2001), le groupe sort en 2005 sa première production officielle, le split "Crushing the Holy Trinity", qui sera suivi de 3 EPs et une compilation avant que le premier long format du groupe ne vois le jour en 2008 sous le nom de "Groza". Ce n’est qu’après la sortie de leur second album, "With Hearts Toward None", parue en 2012, que Mgła choisit de défendre en live ses couleurs.

Couleurs… le terme n’est pas totalement approprié car c’est visages masqués par des cagoules opaques, avec jeans, sweats et perfectos noirs que Darkside et M., accompagnés de deux musiciens de sessions font irruptions sur la scène du Transbordeur. Bénéficiant de la même durée de set que Secrets of the Moon, les polonais nous ont gratifiés d’un show de qualité malgré une simplicité d’action déconcertante : les quatre musiciens sont restés statiques tels des statues, je me suis surpris à les comparer aux Nazgûls dans le Seigneur des Anneaux avec leurs cagoules noir qui, avec des lumières bien mieux gérées que le groupe précédent, étaient du plus bel effet. Malgré une communication inexistante avec le public, celui-ci a répondu avec frénésie à la musique délivrée par le combo, avec pogos, headbangs et slams (sérieusement ?).

Avec une setlist variée composée de 8 titres, proposant des morceaux tirés de toute la carrière du groupe, dont 3 morceaux de leurs dernier (et excellent) album en date "Exercises in Futility", on a eu droit ce soir a un concert de grande qualité. L’accord dans les codes vestimentaires, allant même jusqu’à arborer des instruments noirs (et pratiquement les deux mêmes modèles de guitares concernant les guitaristes) témoigne d’un véritable soin accordé au visuel par le groupe. Côté musical, le son m’a semblé bien équilibré, étant placé au centre et au second rang, je distinguais chaque instruments assez nettement ce qui n’est pas forcément chose évidente selon les salles. En résumé ce fut une très bonne performance que nous a délivré Mgla ce soir, chauffant le public à bonne température en vue de la suite de la soirée.



Nous y voilà, après une demi-heure de montage de scène, les lumières s’éteignent, annonçant l’entrée en scène des pionniers Behemoth, aujourd’hui réputés pour leurs shows de qualité parmi les meilleurs du genre. Et quand on connait le passé du groupe, on avait de quoi en douter, et principalement en 2010. Nergal, leader du combo est alors frappé d’une leucémie contre laquelle il dû entamer un lourd combat. On imagine qu’il ne s’en est pas sorti sans séquelles et que le combat fut rude contre la maladie. Totalement guéris, Nergal et sa bande se remettent au travail et sortent en février 2014, une véritable bombe atomique. "The Satanist", bien que différent du reste de la discographie du groupe, a fait l’unanimité dans la presse et chez la plupart des fans. Si certains regrettent le manque de puissance en comparaison avec les albums précédents, cet album, bien plus personnel pour Nergal, est surement le plus abouti du groupe.

D’ailleurs c’est bien simple, l’album sera joué dans son intégralité ce soir, point. C’est donc sur le véritable hymne 'Blow Your Tumpet Gabriel' que débute le show. Les quatre membres entrent en scène dans un noir complet, seules deux torches aux mains de Nergal apportent une lueur dans l’obscurité. La guitare se fait entendre, le riff introductif, pourtant épuré à l’extrême, est d’une puissance monumentale en live. Ce n’est pourtant pas un morceau qui semblait taillé pour la scène, et bien c’est ici tout le contraire que nous démontre Behemoth. "The Satanist" est alors joué dans son entièreté, et bien qu’excellent en studio, il est clair qu’en live on est loin de la puissance de titres comme 'Christians to the Lions', 'Demigod', ou de la production de cette époque. Cependant, le résultat reste quand même excellent. Visuellement, les pieds de micros et décors de scène en fer forgé, le backdrop et l’impressionnant kit de batterie d’Inferno sont du plus bel effet, complétés par les costumes du groupe, travaillés dans les moindres détails.

C’est sur le retentissement 'Ô Father Ô Satan Ô Sun' que s’achève la performance du combo qui quitte la scène sous les applaudissements … Enfin pas tout à fait car ce n’est en réalité que l’achèvement de la première partie du set. A présent, on attaque les choses sérieuses avec la crème des œuvres de leur discographie. Un long rappel de 6 morceaux comprenant tout d’abord 'Ov Fire and the Void', immédiatement suivi du puissant 'Conquer All', puis s’enchaineront 'Pure Evil and Hate', 'At the Left Hand of God', 'Slaves Shall Serve' avant d’achever le concert avec un 'Chant for Eschaton 2000' qui aura raison de ma nuque.

Après une heure et demie de show, Behemoth nous prouve à nouveau sa qualité en matière de retournement de salle. Le public a été particulièrement furieux, répondant à la puissance dégagée par l’attitude et la musique du groupe. Bien que le son ne fut pas totalement parfait (Nergal parfois difficilement audible et surtout gros bémol concernant les solos de guitares qui ne ressortaient pas assez selon moi), les jeux de lumières furent parfaitement maitrisés.


Globalement, ce fut une soirée de grande qualité et mijotée aux petits oignons que nous a organisé Sounds Like Hell productions et on ne peut que louer leur travail, un grand merci à eux ainsi qu’aux groupes pour leurs prestations de qualité et à tout ceux qui ont pu contribuer à la réussite de cette soirée. A très bientôt j’espère pour une autre soirée comme celle-ci !

W.G.

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