Chronique | LA TORTURE DES TÉNÈBRES - "Civilization Is the Tomb of our Noble Gods" (Album, 2016)


La Torture des Ténèbres - "Civilization Is the Tomb of our Noble Gods" (Album, 2016)

Tracklist:

01. Column of Astrological Memories
02. The Great Escape from Capricorn
03. Descending through Autumn Fields
04. The Doom of New Orleans
05. Machine Flesh of the City Girl
06. Broadcasts from the Phantom District
07. Into the Metropolitan Abyss: First Movement
08. Into the Metropolitan Abyss: Final Movement

Extrait en écoute:


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La Torture des Ténèbres, mystérieux projet de Black Metal Ambiant venu d'Ottawa, s'est montré très prolifique depuis sa création, avec deux albums sortis en mai et avril 2016. Mais l'année n'est pas terminée pour les musiciens qui nous proposent pour le 31 décembre un troisième opus baptisé "Civilization Is the Tomb of our Noble Gods", à paraitre au format cassette chez Vomiting Choir, division du label Fallen Empire. 

On observe un radical changement de décor puisque l'univers dans lequel nous allons évoluer durant ces huit pièces se distingue de celui, cosmique, des deux premiers efforts studios, dont les visuels étaient assez semblables. Ici, nous sommes plongés en plein cinéma expressionniste, la pochette rappelant aisément le cadre urbain de "Metropolis", pour ce citer que ce chef d'oeuvre du genre. À en juger les noms de ces morceaux, le propos ressemble à l'avertissement de Fritz Lang, à la différence que La Torture des Ténèbres nous conte notre présent de manière dystopique et tragique. 

Life is a pointless, manipulative game
Do not be swayed by its false promises


L'intro dégage une atmosphère de fausse tranquillité, avec des mélodies typiques que je situerais entre les années 1930 et 1950, sur fond de trafic automobile et de bruits urbains. Ce côté rétro  mérite son nom de 'Column of Astral Memories'.  Ces souvenirs préliminaires nous introduisent dans une trame qui m'a fait penser à celle du jeu vidéo Bioshock, pour rester dans les dystopies rétro-futuristes et horrifiques qui font froid dans le dos. L'atmosphère de cet album consiste en un Black Metal mêlé de Noise et de musique ambiante, qui confère à cette oeuvre un caractère dément. Les vocaux d'écorché vif sont noyés sous une chape de désespoir où la souffrance devient inaudible.

Les morceaux donnent à entendre une trame sinistre, où les samples introductifs provoquent l'impression que les morceaux se suivent comme à travers un scénario. Les mélodies sont voilées sous des sonorités bruitistes, les lignes de guitare dissonantes remplissant leur office de coups de klaxon frénétiques, symboles d'une existence qui ne prend plus le temps de se vivre. Le résultat est une fanfare de l'apocalypse, un chaos absolu à la noire transcendance, une lente destruction au cours de laquelle les souvenirs sont l'intermédiaire entre l'âme et le néant. Héritant de sonorités empruntées à Darkspace et de la majesté mélancolique de Spectral Lore, La Torture des Ténèbres nous emporte en des contrées métaphysiques, oeuvrant dans une tentative d'échapper à un enfer construit par l'homme, et dans lequel ce dernier s'est enfermé, tel un Dédale architecte de sa propre captivité. 

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T.


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