À
l'occasion de leur passage au Samaïn Fest à La Mézière le 29
octobre, Aladiah ressort des cartons sa toute première interview, de Greg
Moine, chanteur du groupe breton de black/pagan metal
Möhrkvlth. Une occasion de connaître un peu le groupe qui se fait
rare sur scène.
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Bonjour Greg,
peux-tu rapidement nous présenter Möhrkvlth et le concept qui se
cache derrière ce projet ?
Möhrkvlth est un groupe
de black metal chouan qui s'est formé au début de l'année 2015 .
C'est un vieux projet de l'autre Greg, le guitariste.
L'une des
caractéristiques principales du groupe c'est bien sûr le chant en
breton. Ce qui est logique en soi puisque chaque membre est né ou
vit en Bretagne. Et puis le breton ne doit ni être, ni devenir une
langue morte, elle doit être palée, chantée. Ce sont les deux
guitaristes qui s'occupent de composer. Personnellement j'ai intégré
le groupe, en dernier, car les autres connaissaient mon engagement
pour le black metal ainsi que pour la culture bretonne.
Justement, pourquoi
cet attrait particulier pour la culture bretonne ?
Chaque membre du groupe a
un intérêt particulier, à un niveau différent pour celle-ci.
Disons que ça nous paraît juste évident. C'est le pays dans lequel
on vit et chacun d'entre nous à son vécut personnel, ses
expériences qui expliquent en partie leur engagement.
Moi je suis prof
d'histoire et d'histoire des religions, le batteur l'est également.
Tu vois, il n'y a pas d'apprentissage de l'histoire de la Bretagne
dans les programmes scolaires, alors que c'est un pays bien plus
ancien que la France. C'est l'occasion de réparer les torts, de
faire parler de ce pays à l'histoire méconnue, voire bafouée, de
la faire connaître.
Du coup, quels sont
plus précisément les thèmes que vous abordez dans vos chansons ?
Comme je l'ai déjà dit,
ils tournent autour de l'histoire de la Bretagne mais pas seulement.
On aborde également toute forme de mythologies celtiques. Bien
évidemment, tout cela on le met à notre sauce, car ça n'aurait
aucun sens de raconter de vieilles histoires déjà entendues mille
fois. On les réinterprète et du coup on mélange l'histoire de
cette Bretagne avec ces légendes. J'aime particulièrement quand les
deux se rencontrent.
On tente en fait d'ouvrir
une porte entre les deux mondes et il y a une punition pour ceux qui
ne prient pas les dieux ! On aborde par exemple la navigation de
Saint Brendan, la chouannerie (attention, pas celle de Vendée...).
On n'est pas royaliste, on a juste les pieds dans la terre. On est
païens et on fait ressortir une part de notre identité dans
Möhrkvlth.
Mais attention, ce n'est
pas parce que l'on est en Bretagne que l'on est obligé de passer par
la musique traditionnelle, le biniou et tout ça ! Au contraire.
Éviter la musique folklorique c'est faire évoluer la tradition, ne
pas la faire stagner, la faire vivre.
Möhrkvlth c'est aussi le
culte de la mort, l'ombre de l'Ankou qui plane. Mais est-ce vraiment
le culte de la mort ou le culte mort ? Et quel culte est mort ?
Tout ça est passionnant.
Niveau musical,
quels sont vos inspirations pour Möhrkvlth ?
Personnellement, pour
moi, je dirais qu'un groupe comme Kampfar, une formation de black
metal / black pagan norvégienne, que j'écoutais beaucoup quand
j'étais ado, m'a vraiment marqué. Ce n'est que maintenant que je
remarque l'impact que ça a eu sur moi depuis que je les ai réentendu
au Hellfest. Sinon il y a d'autres groupes comme Beherith ou Absu,
qui possèdent également des thématiques celtiques sans les
instruments traditionnels. Impaled Nazareth aussi.
Pour le reste du groupe
on peut citer Emperor, Mayhem, Darkthrone. Mais on peut citer aussi
des formations moins connues comme Grim Monolith dont on a fait
quelques reprises, et toute la scène québécoise qui est certes
récente mais fabuleuse ! Thy Light aussi, un groupe de black
metal brésilien, vraiment sympathique.
Justement, au niveau
de votre propre black metal, quelles ambiances vous distillez ?
Notre musique possède un
énorme côté cérémoniel. Un concert ce n'est pas que de la
musique que l'on partage entre potes, c'est beaucoup plus profond. Tu
vois, sur scène on a notre décorum, des bougies, de l'ajonc
symbole de la Bretagne, une statuette de la Déesse Mère, des
offrandes dont une mixture alcoolisée que je fabrique moi-même et
que l'on partage avec le premier rang... Chaque morceau que l'on joue
à sa signification et donc sa place. L'ordre des morceaux est
important car ça fait partie du rituel : la préparation au
passage, le culte de la mort.
Un concert ce n'est pas
qu'une playlist. On partage plus que la musique. Quelque chose
d'autre se met en place, un lien entre les gens. C'est un moyen de
communication et de communion avec les dieux. On ne fait pas beaucoup
de concert car on veut garder le caractère sacré. On doit le vivre
comme un moment exceptionnel.
Au-delà de ça, on a une
volonté d'authenticité. On est du pays et tout ce que l'ont produit
est local. Le merch est fabriqué en Bretagne, que ce soit les
patchs, les badges, les CDs, y compris le cidre et le chouchen
Möhrkvlt qui est fabriqué à Gouézec, à côté de Châteaulin,
par un druide, et de manière artisanale.
On cherche à recréer
une véritable ambiance de black metal des années 90's en direct.
Une volonté de pas se faire chier avec du « true »
chiadé qui part dans tous les sens. C'est ce qui ma plaît dans
Möhrkvlth. Pour moi le black metal c'est dans des caves sombres, pas
au Hellfest. C'est pas pour rien que l'on répète dans une cave en
face d'un cimetière. Le culte des morts, on le fait en direct.
Comment vous
entendez vous avec le reste de la scène black metal en Bretagne et
au-delà ?
En Bretagne on se connaît
quasiment tous et des projets se montent petit à petit. Il y a une
forte collaboration, une grande dynamique. Avec les groupes français
aussi, par exemple on espère un jour pouvoir jouer avec les gars de
Sectarism. On est également en contact avec des groupes au niveau
européen, souvent plus amicaux que musicaux d'ailleurs, avec
Cruachan ou Sorcier Des Glaces par exemple. Dans d'autres styles, on
aime bien jouer avec des groupes comme Seil. Ce sont des copains,
c'est assez agréable de partager une scène ensemble et de jouer
avec eux. Tranzat également.
Des projets à
l'avenir, parallèles ou pour Möhrkvlth ?
Des projets parallèles ?
Non pas le temps, sinon je partirais dans l'industriel et le dark
folk. Tu sais j'ai fait partie de Sexticid avec Jean-Loup de Seil, ce
n'est donc pas trop étonnant. Tout ce que je fais, je le fais par
passion de toute manière. Mon meilleur public c'est ma fille. Mais
bon, entre le groupe et mes activités de prof et les conférences,
tout ça, je n'ai pas vraiment l'occasion de me pencher sur autre
chose. Je dois respecter les emplois du temps.
Après, on fera sûrement
des collaborations, une démo, de nouveaux morceaux pour un album en
préparation, des concerts. D'ailleurs on a une proposition pour le
prochain Samaïn Fest.
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Merci à Greg pour ses
réponses et pour sa patience face à mon stress plus que prononcé.
Retrouvez donc Möhrkvlt
sur la scène du Samaïn Fest à La Mézière (Salle Cassiopée
13 rue de Texue),
samedi 29 octobre 2016 à 17h afin de célébrer le culte des morts !
Interview : Aladiah
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