Live Report | Belenos + Nydvind + Les Chants de Nihil + Griffon le 10.09 @ Backstage O'Sullivans By The Mill
En cette douce soirée post-estivale, je me rends avec entrain au O'Sullivans By The Mill du féérique quartier de Pigalle afin de poursuivre ma rentrée des concerts parisiens. Au programme de cette soirée qui marque la première collaboration entre Ondes Noires et Battle's Beer, quatre groupes de Black Metal qui ont presque tous en commun cet attrait pour la culture celtique... peut-être un peu moins chez les Bretons des Chants de Nihil, la seule formation encore inconnue de ma personne pour ce qui est des concerts, et qui m'a quelque peu décidé à me déplacer. L'évènement était initialement programmé pour le 11 juin mais reporté à cause de l'Euro. Dans l'ensemble, les quatre hordes présentes sur ce clinquant flyer présentent un Black Metal mélodique, décliné sous des formes diverses et variées, ce qui annonce une soirée éclectique bien que celle-ci soit, pour l'essentiel, placée sous le signe des Anciens Dieux...
Je pénètre dans la salle juste à temps pour l'intro du set de Griffon, dont le premier album baptisé "Har Hakarmel" est sorti au mois de janvier. Au Ragnard Rock Fest, j'avais été plutôt enthousiaste de voir que les nouveaux morceaux rendaient très bien sur scène, mais c'est ce soir que je prends la pleine mesure de leur efficacité. Franchement, le quintette sait s'y prendre pour rendre le show dynamique et vivant, notamment le vocaliste Aharon dont la gestuelle me fait penser à un prisonnier se libérant de chaines, celles d'un système de valeurs sclérosé l'éloignant de ses racines pré-chrétiennes... Du côté des guitaristes, même constat, on sent l'envie d'en découdre, le plaisir est palpable.
Disons le honnêtement, cela nous change de certains groupes statiques qui jouent tellement sur leur côté frileux et misanthrope que leur jeu en devient ennuyeux pour leur public. L'usage du chant clair est audible, bien qu'un peu trop discret par moments, mais il accentue le côté plaintif et torturé que l'on peut trouver au Black Metal mélodique des parisiens. Les solos de Sinaï, exécutés avec brio, démontrent une aisance technique certaine. Décidément, Griffon est une formation à suivre de près en ce moment. Pour les découvrir, quoi de mieux que se bouger pour les voir - ce qui était le cas, pour une fois, de nombreuses personnes dès le premier groupe de la soirée - ou l'achat de "Har Hakarmel"?
On enchaine avec Les Chants de Nihil, un collectif qui se démarque du reste des noms ornant l'affiche de ce samedi. La raison? Les thèmes, déjà... plus personnels, hors des clichés du groupe de Pagan Black Metal (normal, ça n'en est pas). Annoncer un morceau nommé 'Rouge comme tes lèvres', c'est quand même rare et assez untrve pour mériter d'être mentionné. Moi, j'applaudis d'avance sur les chansons du dernier album, "Armor", qui m'a vraiment marqué et que j'ai régulièrement réécouté depuis sa sortie. Mais la palme revient ce soir à l'indémodable 'Dissidence décadente' extrait de l'avant-dernier opus, un morceau qui se distingue par ses riffs entêtants et son puissant refrain.
Jerry, chanteur et guitariste soliste du groupe, délivre ses discours poétiques et nostalgiques avec une ferveur et une personnalité que j'admire vraiment; sa diction permet de reconnaitre les paroles de ses textes travaillés où se conjuguent colère, dérision et sensibilité à fleur de peau. Le bassiste assure aussi ses lines audibles et intéressantes, notamment cette jouissante intervention sur 'Roule et enrôle'; de manière générale, les parties de basse sont un élément important de "Armor" et elles ne seront pas rognées durant ce show à la fois épique et mélancolique. Une seule petite déception en ce qui concerne le son des guitares qui m'a paru un peu en retrait, étant donné que tout en connaissant leurs compos sur le bout des doigts, j'ai eu du mal à reconnaitre certains riffs, ce qui malgré tout est à nuancer puisqu'il parait que devant le son était parfait... Quoiqu'il en soit, on ne m'avait point menti, les Armoricains valent vraiment le coup en live, et c'est avec grand plaisir que je m'en irai les revoir s'ils repassent en nos contrées bétonnées.
"Placide et froid comme un hibou
Abandonné jusqu'à trop tard :
Mes yeux, brûlés par quelques phares
Creusent leur tombe dans mes joues."
(LCDN - 'Roule et Enrôle')
La climatisation de la salle a été le prélude à quelques bourrasques du grand Nord... Nydvind débarque sur scène de manière enjouée et sur-vitaminée; place à un Pagan Metal d'une grande qualité, qui rappelle quand même beaucoup les références scandinaves que sont Kampfar, Borknagar... et qui nous mettront une belle fessée ce soir. Hypnotiques, les Parisiens sont en forme, délivrant une prestation intense et puissante, à peu près du niveau de ce que j'avais pu voir au Cernunnos Pagan Fest de l'an 2013, sans avoir été happé par leur jeu de scène. Je ne sais pas comment j'ai pu passer outre ce jour-là, car ce soir je suis assez impressionné par l'efficacité du groupe, qui déclenche d'ailleurs les premiers pogos de la soirée à grand renfort de riffs belliqueux.
On revient dans le thème principal de cette cérémonie, et faisons renaitre l'esprit des anciennes divinités. Les passages plus posés, acoustiques, comme celui de 'Eternal Winter Domain', arrivent à nous plonger dans une sorte de transe contemplative qui n'est pas pour me déplaire! Dans l'ensemble, la prestation de Nydvind met à l'honneur les passages les plus accrocheurs de sa discographie, aussi bien ceux de "Eternal Winter Domain" que ceux de "Sworn to the Elders", leurs deux albums parus à ce jour. Nydvind est une valeur sûre, qui nous emporte dans la froideur de ses riffs scandinaves. 'Blood and Steel' est un morceau qui restera scotché dans un coin de mon cerveau jusqu'à ce que je rentre chez moi le réécouter. C'est dit! Sacrément pechu, et encore plus percutant en live.
On ne va pas se mentir, Belenos est aussi une très bonne raison de se déplacer, même lorsque c'est la quatrième fois qu'on les voit. Surtout que ce soir marque le lendemain de la sortie de "Kornôg", le tout dernier album de ce fer de lance du Black Metal hexagonal. Ayant déjà pu entendre un extrait de ce septième chapitre discographique, je m'attendais à ce que les Celtes dédient un peu leur setlist à ce dernier. Que nenni! Nous n'aurons que deux morceaux issus de "Kornôg", le superbe 'D'an usved' et le plus direct 'Amorica'. De quoi nous donner une idée de ce à quoi ressemble ce full-length sans pour autant empiéter sur les classiques du groupe : les hymnes 'Morfondu', 'L'Antre Noir', 'Chant d'Automne' ou encore 'Fureur Celtique' sont toujours du plus bel effet, et le public commence à sérieusement se déchainer. On a aussi droit à 'Le Déluge' tiré de la première démo du groupe, Loïc Cellier aura pioché un peu partout dans son répertoire pour proposer la setlist la plus exhaustive pour les amateurs du groupe.
Ceux qui les verraient pour la première fois ce soir (ils ne doivent pas être des tonnes, Belenos est un groupe qui tourne pas mal) auraient là la parfaite setlist pour se plonger dans l'univers de la formation. Un sans-faute pour terminer cette soirée sous les meilleurs auspices !
Bilan de cette soirée, aucune déception en ce qui me concerne. Les quatre groupes ont su proposer des spectacles de qualité pour un public qui s’est déplacé en masse les soutenir. Un coup de chapeau aux orgas et un grand merci aux groupes bretons pour leur venue sur la capitale!
Report : T.
Photographies : Morgane Nihilator
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