Live Report | Acherontas + Sinmara + Slidhr + Shrine of Insanabilis @ Gibus Live le 06.09.2016


À peine revenu du Fall Of Summer, j'enchaine avec un plateau copieux, et pour cause; ce n'est pas tous les jours qu'on retrouve Acherontas, Sinmara, Slidhr et Shrine of Insanabilis sur la même affiche ! Pour le coup, sur le papier, aucun groupe ne me fait moins envie que les autres, même s'il est vrai que je connais moins les Irlandais de Slidhr. Ces derniers ont sorti à l'occasion de ce "Dimensional Nomads Tour" un split avec Acherontas. Quant à Shrine of Insanabilis, ils viennent tout juste de livrer leur nouvel EP... Du neuf à proposer de la part des acteurs de cette soirée!

Le Gibus ouvre ses portes vers 18h45, et Shrine of Insanabilis est prévu pour 19h00, de quoi nous laisser du temps pour flâner devant le stand de CD, vinyles et autres produits distribués par le label World Terror Committee. Le public tarde à se faire nombreux, on se demande si la soirée sera un succès au niveau de l'affluence, et c'est avec assez peu de spectateurs que la première cérémonie débute.



Pour ceux qui ne connaitraient pas cette jeune formation allemande qu'est Shrine of Insanabilis, ce groupe est parfait pour s'immerger dans l'univers de cette soirée. Les musiciens présentent un Black Metal puissant et dévastateur, aux riffs percutants et aux accélérations fulgurantes. C'est à peu près ce qui m'a marqué à l'écoute de leur unique album "Disciples of the Void" sorti l'an dernier, ces impressions étant confirmées à l'épreuve du live qui s'avère être une véritable démonstration de la part du talentueux quartette. Un batteur impérial, un bassiste et vocaliste possédé... la prestation démarre et se termine sur des chapeaux de roue!

Aussi bien rythmiquement que musicalement, le show est carré, en place, on peut même dire qu'il est géré à la perfection. Si la musique de Shrine of Insanabilis est frontale et sans concession, les artistes ont su rendre les subtilités de leurs compositions, audibles et appréciables par les spectateurs, comme ces mélodies et dissonances sous-jacentes qui donnent à la horde teutonne une grande part de son identité. Ce set est un sans-faute qui a mérité son tonnerre d'applaudissements, plus fort au fur et à mesure que la salle se remplit. Quelle tuerie !


Slidhr diffère de ses prédécesseurs, puisque le trio irlandais prend plus de temps pour développer ses ambiances. Même si la bestialité et la brutalité sont toujours de mise, on a parfois du mal à s'immerger totalement dans leur univers qui fait la part belle aux arpèges dissonants et répétés, dont je suis friand par ailleurs, et qui n'ont pu réellement m'hypnotiser. Leurs morceaux les plus directs se prêtent davantage à l'exercice du live, se révélant plus efficaces. Certains passages m'ont galvanisé et transporté, mais jamais pour très longtemps.

En fait, je n'ai pas été impressionné outre mesure par ce show, mais je reconnais le talent de composition du groupe et comprends où ils veulent en venir. Mon problème est que je n'ai pas su me mettre en condition pour apprécier pleinement les séquences les plus tortueuses des compositions proposées: la relative hétérogénéité des atmosphères m'a décontenancé, m'empêchant de me retrouver pleinement dans leur univers. Slidhr est une découverte intéressante mais qui, pour ma part, n'a pas eu l'éclat d'un coup de coeur, même si une grande partie du public est totalement imprégnée de leur aura obscure et maléfique.


Sinmara prend place sur la scène du Gibus afin de nous délivrer son Black Metal ritualiste, complexe en studio mais qui se dévoile encore un peu plus en live. Je craignais un hermétisme indomptable de la part des créateurs du ténébreux "Aphotic Womb", je suis face à une formation qui déverse sa haine et son agressivité tout en restant fidèle au style qui a fait sa réputation. Le son de Sinmara est résolument moderne, dissonant, très à la mode en ce moment, mais il correspond pile à mes goûts et me fait instantanément voyager dans le chaos que nous proposent les Islandais. La grosse présence de la basse donne au groupe un côté carrément groovy qui donne à ce show une certaine vitalité.

Saisissant et incisif, Sinmara m'a propulsé dans ses ténèbres, alternant intelligemment entre des passages rapides et des parties un peu plus atmosphériques, et cela à chaque morceau proposé. Les blasts se révèleront intenses, les vocaux habités par une force diabolique; les musiciens sont à fond dans leur trip et ça se sent dans leur scénique et leur manière de jouer. J'ai tout simplement adoré, tout comme Misthyrming m'avaient scotché lors de leur date avec Mgła au Glazart. Je suis tout simplement féru de Black Metal islandais, et ne demande qu'à revoir un groupe de cette envergure fouler les planches d'une salle parisienne (on me souffle à l'oreille que Mannveira et Wormlust seront de passage d'ici peu) !

Je croyais avoir pris ma claque de la soirée, mais non, il reste encore à faire jouer la tête d'affiche, les mystiques Acherontas. Pour être honnête, je ne m'étais pas du tout renseigné avant ce concert, ne sachant par conséquent pas trop à quoi m'attendre au sujet de leurs lives. Première surprise, pas de basse. Le line-up, masqué, se réduit à deux guitaristes encadrant le vocaliste Acherontas V. Priest (qui à ce qu'on m'a dit est souvent au poste de guitariste en plus du chant, ce n'est pas le cas cette fois), ainsi que le batteur de Shrine of Insanabilis qui assure aux fûts. Ce ne sera pas un souci car le musicien est un monstre, un rouleau compresseur d'une précision sans faille.

Par conséquent, le son d'Acherontas est froid, très froid. À mille lieues du son de Sinmara. On remarque que les parties ambiantes et drone, extrêmement présentes dans la discographie du groupe depuis quelques productions, sont samplées et utilisées comme intermèdes dans un concert de Black Metal brut, mais mélodique. Les psalmodies du vocaliste apportent à la prestation son identité occulte et incantatoire, déjà mise en avant dans la décoration scénique et ses quelques bougies. La simplicité du jeu de lumières ne ternit nullement leur prestation.

En ce qui me concerne, je suis assez subjugué par la noblesse de ce Black Metal furieux parfois interrompu par des passages mid-tempo qui sont tout aussi immersifs. Des morceaux comme 'Legacy of Tiamat' sont représentatifs de l'univers dans lequel Acherontas nous plonge : mélodies, spiritualité et chaos s'unissent et charment un public qui regrettera que le concert soit un peu trop court à son goût. C'est vrai que c'est passé très vite, signe que le show a tenu ses promesses.


Cette soirée a été un véritable succès, avec un son parfait pour chacun des groupes, même si Acherontas n'avaient pas l'air entièrement satisfaits de la balance, demandant souvent à l'ingé son de faire de nouveaux réglages durant leur performance. Les quatre groupes ont su satisfaire un public relativement affluent. L'une des meilleures dates proposées par Pavillon Noir Asso, qu'on remercie pour cette soirée ainsi que les musiciens qui ont répondu présent !

T.

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