Chronique | DARKESTRAH - "Turan" (Album, 2016)


Darkestrah - "Turan" (Album, 2016)

Tracklist :

01. One with the Grey Spirit
02. Erlik-Khan
03. Conversions of the Seer
04. Gleaming Madness
05. Bird of Prey
06. The Hidden Light

Extrait en écoute :

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"Turan" est le sixième album du groupe kirghize et allemand Darkestrah, sorti le 27 avril 2016. Un album sorti après moult changements dans le line-up du groupe : le départ de la chanteuse historique Kriegtalith, remplacée par l'Allemand Merkith (ayant joué dans des formations telles que Vargulf et Nebelstille), l'arrivée de Cerritus (bassiste russe) et la participation de Ragnar (guitariste allemand ayant déjà quitté le groupe) "Turan" reste ancré dans ses origines khirgizes, au carrefour de l'Asie Centrale et de l'Europe de l'Est. 

La pochette de l'album témoigne de cet univers riche aux accents chamaniques. En effet, on a là le classique paysage enneigé et montagneux, poncif éculé de l'univers visuel du Black Metal (notamment Pagan). On voit au centre de l'image un personnage accomplissant une danse rituelle et jouant du tambour, entouré de loups, nous sommes donc en plein dans l'univers spirituel et naturel des traditions chamaniques omniprésentes dans cette région Eurasienne.

Darkestrah se désignent eux mêmes comme un groupe d'Epic Shamanic Black Metal, ce qui se retranscrit dans la présence de chants transcendants - l'incantation au milieu de 'Conversions of the Seer' -, de claviers quasi mystiques et de riffs guerriers et prenants. Cette influence nomade, bien que moins présente que sur les précédents opus, "Manas" et l'excellent "The Great Silk Road", reste néanmoins l'un des éléments phares de la musique du groupe.

Dès le début de l'album, on est peu à peu immergé dans la froideur de l'hiver et le monde des esprits, l'intro acoustique saupoudrée de violon, le chant parlé arrivant au loin, la batterie et les guitares électriques se font enfin entendre, et c'est sur un riff aux accents très drudkhiens qu'on entre réellement dans l'album avec 'One with the Grey Spirit'. Des nappes de claviers hivernales et mystiques se joignent à des guitares guerrières et au chant possédé de Merkith officiant tantôt dans un registre saturé et aigu, tantôt dans des incantations aux sonorités gutturales et profondes.

Les cordes et les claviers ajoutent une tension dramatique et une mélancolie à la musique, comme à la fin de 'Erlik Khan', qui après une introduction lancinante et possédée, envoie une rythmique guerrière et des chants sauvages, jusqu'au point de rupture, où la tristesse reprend le dessus sur la sauvagerie, où la nature reprend ses droits. Les mélodies à la guitare et la batterie quant à elles transmettent la sauvagerie et le coté tribal de la musique de Darkestrah, que ce soient les cleans rythmés et envoûtants de 'Gleaming Madness' ou la rythmique dansante de 'One with the Grey Spirit'.

L'album se clôt sur 'The Hidden Light', morceau mid tempo avec son intro au chant guttural diphonique typique d'Europe de l'Est (notamment connu dans le milieu Black Metal grâce à Attila des groupes Tormentor et Mayhem) et sa mélodie lancinante qui nous suivra tout au long du morceau tout en montant en intensité. Nous avons donc affaire à un bon album de Black Pagan aux accents atmosphériques, qui bien qu'ayant perdu de son identité nationale et sonore avec les changements de line-up, reste solide et authentique dans sa démarche.

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Caelwyd




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