Chronique | Griffon - "Har HaKarmel" (Album, 2016)


Griffon - "Har HaKarmel" (Album, 2016)

Tracklist :

01. L'apostat
02. La cité est perdue
03. L'arbre blanc
04. Har HaKarmel
05. La lisière
06. Psaume
07. Tout est accompli

Extrait en écoute :


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Paru chez Hass Weg Productions en tout début d'année, le premier album de Griffon, intitulé "Har Hakarmel", continue dans la voie tracée par leur EP "Wig Ah Wag" deux ans plus tôt, proposant un Black Metal mélodique et épique. La formation francilienne, que j'ai découvert en live en 2015 lors d'un concert au Cirque Electrique, s'est cependant quelque peu transformée entre temps, changeant de logo et modifiant son line-up. Les musiciens, qui comptent dans leur rang des membres de Neptrecus ou encore Moonreich, ont remplacé leur section rythmique par le bassiste 'Macabre' (Azziard, Mortis Mutilati...)  et le batteur 'Kryos' (The Negation, Neptrecus...).



Les présentations faites, entrons dans le vif du sujet avec ce nouvel album, illustré par Tedd de Wyrms, une patte reconnaissable entre toutes, et que j'avais découvert en me procurant le split du groupe cité avec les Niçois de Fhoi Myore. Ses artworks collent bien avec la nouvelle esthétique de Griffon et son logo plus agressif, plus imposant, qui rend mieux justice au Black Metal guerrier que nous propose le quintette.

Teintée de paganisme, la musique de Griffon illustre les thèmes lyriques de la réaction aux monothéismes, principalement, à travers une interprétation de l'histoire en regard de la progression d'un christianisme qui écrase toutes les traditions et annihile les cultures polythéistes qui se dressent sur son passage. Aux côtés de la pochette représentant le prophète Elie égorgeant des prêtres de Baal sur le mont Carmel (d'où le nom de l'album), la première strophe du morceau 'Tout est accompli' est assez représentative de ce que les musiciens veulent faire passer à travers leur art :

"Dix siècles de lutte, mille hivers passant
Il conquit la lune, tuant les dieux d’antan
Rend servile la faune, aliénant la terre.
La rendant stérile et infectant l’air."

Les compositions de Sinaï ont acquis une certaine richesse depuis l'EP, incorporant des passages davantage atmosphériques et planants, parfois typés symphoniques. Surtout, les morceaux m'ont paru moins linéaires donc plus intéressants à ré-écouter, sans pour autant perdre de leur hargne ni de leur appétit pour les mélodies addictives. Le morceau 'Psaumes' contient par exemple un passage inspiré de la toccata en ré mineur de J.S. Bach, difficile de faire plus mélodieux. Le résultat est tout simplement plus mature et cela s'entend grâce à une production impeccable de la part de Déhà, qui rend justice à toutes les innovations que les musiciens se sont attachés à mettre en avant dans cet album. Je pense en particulier au chant clair que l'on peut entendre dans des titres comme 'La Cité est Perdue' ou 'À la Lisière', un chant qui apporte une once de poésie à l'ensemble, sans non plus tomber dans le Blackgaze le plus mièvre, hantise de beaucoup de """trve blackeux""" (à chaque fois qu'il y a du chant clair dans le Black Metal aujourd'hui, on se fait taxer d'Alcest-like, c'est presque vrai).

"Har Hakarmel" est un authentique album de Melodic Black Metal , à la rythmique dynamique et  aux riffs efficaces, qui ne se contente pas de bêtement reprendre les structures anciennes, mais nous apporte ce que l'on attend : du neuf à partir du vieux, quelque chose qui rappelle les meilleures heures du genre sans non plus nous désespérer de son avenir. Une franche réussite.

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T.


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