Chronique | Coldworld - Autumn (Album, 2016)



Coldworld – "Autumn" (Album, 2016)

Tracklist :

01. Scars
02. Void
03. Womb Of Emptiness
04. Autumn Shade
05.The Wind And The Leaves
06. Climax Of Sorrow
07. Nightfall
08. Escape II

Écoute intégrale : 


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Malgré une discographie assez minime, Coldworld (ainsi que son maître a penser, George Börner) a gagné moult succès en une vitesse folle. C'est vrai quoi, deux albums en onze ans, on aura vu plus prolifique. Néanmoins, son seul album (avant le petit nouveau dont nous allons parler ici) nommé "Melancolie²", sorti en 2008, fut extrêmement bien accueilli au sein du style, comme étant un album d'un froid et d'un « brumeux » jusqu'ici assez mal exploité dans le DSBM.

Parce que oui, en dehors de sa couverture enneigée et des ses ambiances que je qualifierais de « brouillard », si tant est qu'on assume le terme en tant qu'adjectif (c'est simplement le mot le plus approprié pour qualifier la musique de Coldworld), le DSBM produit par Börner était très ambiant, combinant le froid et l'aérien comme on peut le retrouver chez Paysage D'Hiver, entre autres. 

"Melancolie²" était un véritable voyage en forêt, perdu dans le blizzard, seul. Le style bien dépressif du projet vous emmenait encore plus loin que ça, vous recouvrant d'un manteau blanc peu à peu au cours de l'album pour finir enseveli sous la neige. Après huit ans de longue attente pendant lesquels le premier opus eut le temps de végéter et d'être étudié sous tous ses aspects, voici son successeur.

À l'imagerie déjà plus colorée et au thème moins froid, c'est un opus nommé "Autumn" que nous présent Börner. On retrouve ainsi le logo très champêtre de Coldworld, qui arbore un marron légèrement grisé, avec en image centrale un personnage en boule, aux couleurs très épurées et simples. De premier abord, on se dirige vers une musique plus calme, voire plus joyeuse, même si pour le coup ce serait un gros changement musical.

L'album commence sur un 'Scars' assez rapide, à l'intro douce mais au blast soudain. On constate directement l'ambiance beaucoup moins brumeuse qui règne dans la musique. C'est à partir du second titre 'Void' que l'album va réellement commencer à arborer ses couleurs. Des accords post rock et une atmosphère pure et éthérée se présentent dès le début du titre, rapidement suivis par une voix beaucoup plus « propre », si l'on peut qualifier de cet attrait un chant Black Metal.

Plus que propre, la voix a en fait suivi le changement de son de l'instru, pour se clarifier tout en restant bien criarde. Elle est juste moins éloignée, moins enfoncée dans la brume sonore de "Melancolie²". C'est un peu plus tard dans ce titre qu'arrivent des chants féminins, venant se calquer sur les accords profondément post rock. L'ambiance prend une tournure totalement lyrique, s'imprégnant de la contemplation que l'on peut trouver dans le Post Black Metal. Sans dire que les titres sont plus travaillés, on est simplement sur un changement total d'ambiance. Là où nous trouvions la neige et la glace précédemment, nous régnons désormais sur une froide montagne, au pelage marron d'automne.

C'est en visualisant cette montagne que j'ai pensé au concept des albums. Même si il est vrai que nous n'en sommes qu'au second album, un tel changement musical paraît tout de même étonnant. C'est pour cette raison que j'ai imaginé une suite à "Autumn", une fois de plus calquée sur les saisons, avec à nouveau un changement « d'ambiance naturelle », si l'on peut nommer cela ainsi.

'Womb Of Emptiness' suit à nouveau cette direction, débutant par des chœurs sur de lents accords. On aborde encore une ambiance reposée, tout en ressentant une certaine mélancolie, venant surement de la patte originelle de Coldworld. "Autumn" serait donc une suite logique de "Melancolie²", où le style sombre et froid du premier opus évoluerait vers une nouvelle saison, présentant ainsi un nouveau son.  
De breaks ambiant en blasts carrés, on parcourt un album de Post Black Metal d'une beauté inouïe, aux ambiances travaillées avec une multitude d'éléments. Que ce soit les longs riffs bourrés d'effets ou bien les chœurs qui saupoudrent chaque musique de l'album, l'atmosphère pure qui règne dans l'album me rappelle Acacia, groupe d'Atmospheric Doom de Suède. Tous deux possèdent une finition musicale bien personnelle, avec toujours cette touche qui leur est propre.

L'évolution de l'album est aussi remarquable, tant la place choisi pour les musiques est parfaite. Je prendrais simplement pour exemple la succession des deux morceaux 'The Wind And The Leaves' et 'Climax Of Sorrow' (ce titre étant le plus triste de l'album, vous l'aurez deviné). La première étant entièrement instrumentale (cette compo si douce me rappelle le très fameux morceau 'La Dryade' du groupe Québécois Gris) et la seconde beaucoup plus Black Metal. La succession des deux entités est frappante, tant l'ambiance diffère. Le choix de l'artiste de faire suivre ces deux musiques n'est peut être pas audacieux, tant les titres annoncent également la couleur, mais la transition entre les deux est superbe.

J'aurais néanmoins un regret par rapport à cet album, au niveau du dernier morceau. N'importe qui ayant écouté" Melancolie²" se souvient du dernier morceau sobrement nommé 'Escape'. Plus qu'une simple fin d'album, il s'agissait d'un pur voyage, comme son titre l'indique. A moitié trip-hop et post rock, l'ambiance super apaisante de ce morceau n'a pour moi jusqu'ici jamais été égalée. Alors en voyant 'Escape II' à la fin d'"Autumn", je m'attendais à un successeur de la même envergure. Cette fois-ci le titre me rappelle beaucoup le type d'ambiance de "Melancolie²", déjà bien plus embrumée. C'est un titre de Black Ambiant superbe, aux chœurs une fois de plus magnifiques, mais qui m'a laissé sur ma faim en cette fin d'album.

Concluons. Malgré le dernière touche un peu plus négative, il faut dire qu'"Autumn" m'a stupéfait. Au vu du travail fourni par l'artiste, je pense que comprendre ses huit ans d'absence est désormais plus aisé. Après être passé d'un DSBM froid et ambiant à un Post-Black plus aéré, je me demande réellement ce que Börner nous réserve pour le prochain opus. Il est néanmoins sûr et certain que, tout comme son prédécesseur, "Autumn" va tourner un sacré moment sur la platine, et va être également étudié sous tous les angles possibles. Alors… A dans 8 ans pour "Summer" ? 

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Dopelord.




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