Hyoscyamus niger - « Sen / W świecie pana Heina » (EP, 2008)
Tracklist:
1. Sen 2:45
2. Kwiat ciszy we mgle 3:19
3. Sen (Ofensywa 2005) 2:48
4. W świecie pana Heina (live) 3:14
5. W izolacji (live) 3:29
Extrait en écoute:
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Quand votre platine vous lâche subitement et que votre lecteur CD, un malheur n'arrivant jamais seul, décide lui aussi de se mettre en grève définitive, c'est peut-être un signe. Frustration budgétaire et musicale, on se replonge alors dans ses vieux fichiers audio oubliés, perdus depuis des lustres sur des disques durs poussiéreux au fin fond d'un tiroir crasseux et franchement bordélique.
C'est comme cela que je suis tombé il y a peu sur un dossier intitulé « Hyoscyamus niger ». Ressemblant plus à un nom issu de mes vieux cours de biologie, je me suis d'abord dit que cela devait être une erreur de classement. Que nenni. Bien que ce nom latin soit celui de la jusquiame noire, utilisée dans certains onguents de sorcières, Hyoscyamus niger est aussi un groupe obscur de post-punk polonais. Au chant on trouve un certain Tomasz Sokolowski, accompagné de Bartosz Górnik au clavier, de Bartosz Koprowski à la basse et de Marek Gwóźdź à la guitare. Bien du courage à qui trouve plus amples informations. On me reproche souvent de ne pas chroniquer des groupes plus underground de cette scène qui s'y prête pourtant bien, j'espère donc que cette brève contentera les pinailleurs.
J'ai téléchargé cet EP autoproduit, sortit en mai 2008, sur la page du label indépendant Zorch Factory Records. « Sen / W świecie pana Heina » inclut en réalité la réédition de l'EP « Sen » datant de 2006, et du matériel live enregistré à Legnica en janvier 2008. Alors avant d'aller plus loin, à quoi peut-on s'attendre ? la pochette est le fait de Tomasz Sokolowski. Ici tout est fait maison, attitude « DIY ». Cette pochette donc, sobre, est divisée horizontalement en deux au niveau du milieu avec en haut un dé transparent à six faces et en bas, un image floue du chanteur plutôt bien habillé, en plein concert. Tous ces éléments me mènent à penser que nous sommes en présence d'un groupe de synthpop ou au minimum de coldwave synthétique.
Dès les premières notes de « Sen », je me rends compte que mon flair ne m'a pas trompé. Boucle ultra-synthétique et acide, rythme minimal, voix sombre. Tous les éléments caractéristiques sont là. Musicalement c'est assez entraînant, du moins si vous aimez danser comme un robot ou une une boîte de conserve métallique. Encore une fois on ne fait point dans la joie ici. Le chanteur fait montre de désespoir dans sa voix, offrant des trémolos parfois peu juste, mais qui font toute la force de ce genre de musique. On retrouvera une autre version de cette composition sous le nom de « Sen (Ofensywa 2005) », qui n'apporte pas grand-chose de plus, voire même l'inverse, le côté industriel y étant gommé.
Même sauce pour l’imprononçable « Kwiat ciszy we mgle » (Les fleurs du silence dans la brume) dont l'introduction très aérienne me fait indéniablement penser à du Kraftwerk. Cette composition est beaucoup plus électronique. Elle se laisse écouter, voire danser pour les plus assidus du dancefloor, mais fort à parier qu'en soirée, celle-ci s’apprêterait plus pour une pause entre deux balancements frénétiques de gothiques survoltés sur une piste glacée. Tout cela me fait penser à un titre que j'ai sur un de mes vinyles, mais ma platine étant hors d'usage, il m'est impossible de remettre le doigt dessus.
On passe aux compositions lives avec « W świecie pana Heina ». Plus romantique dans son instrumentation, le titre ne manque point de charme. Les synthétiseurs s’étalant en nappes cristallines et servent de maintient à un chant quasi récité. « W izolacji » revient au basique du genre. Synthétiseurs acides, rythme minimaliste et très entraînant encore une fois. Il est clair que le groupe, avec une maîtrise certaine, tente de communiquer un certain malaise, de communier un mal-être, par une musique froide et inspirée des plus grands noms de la scène minimal wave, à mi-chemin entre Absolute Body Control et 18-e Oktober, avec un soupçon de Modèle Mécanique ou de Les Visiteur Du Soir.
Voilà qui conclut cette courte chronique. Un EP correct pour découvrir, assez accrocheur pour ne pas s'ennuyer, sans aller jusqu'à la transcendance, qui promet quelque chose. Une promesse oui, car si l'ensemble des premiers titres donnait une impression moyenne, la dernière composition à le mérite de donner envie d'en entendre un peu plus, de pousser le voile de l'univers de Hyoscyamus niger, entre new wave glacée, coldwave synthétique, synthwave néo-romantique slave, darkwave ténébreuse et sonorités electro-industrielles. Un univers très « dark disco », qui parlera à ceux qui ont lu mes papiers sur Egoprisme et Ys Atlov. Je ne sais pas ce qu'est devenu le projet après 2012, mais il serait bien dommage que cette courte aventure se soit arrêté là.
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Aladiah
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