Live Report | Skeletal Family au Bus Palladium le 28 janvier 2016



C'est avec une certaine impatience que je me rends, fébrile, à la gare de Brest en cette après-midi froide du 28 janvier. La cause ? Je m'en vais voir une légende du rock gothique des années 80, Skeletal Family, un groupe qui a marqué de son empreinte le genre.

Gare de Brest donc, je me pose sur un banc attendant mon moyen de transport ferroviaire préféré (en même temps, il y en a d'autres ?), quand j'entends résonner à mes oreilles, sur le piano mis à disposition des voyageurs, les notes du troisième mouvement de la sonate pour piano nº 2 de Chopin, la fameuse « marche funèbre ». À ce moment précis je sus que je passerais une bonne soirée. Le présage était en tout cas fort amusant. Votre serviteur prend sur soi les quatre heures et demie de train et les trente minutes de métro rien que pour pouvoir vous livrer ce report, rien que pour vos yeux. Bon j'admets, surtout pour les miens en fait, et pour mes oreilles surtout. Scholomance est donc encore une fois sur place pour un nouveau concert partenaire avec Le Boucanier & Smeralda.



Comtesse Léa


On salue les habitués, comme toujours. C'est une petite famille. À force on finit par tous se connaître plus ou moins. L'attente est longue et la performance de Comtesse Léa, qui doit débuter à 22 heures, se fait attendre. Après une demi-heure d'effort mental supplémentaire le show commence enfin. Comtesse Léa est une effeuilleuse et performeuse burlesque. Elle utilise des éventails et des étoffes tout en se déhanchant afin de charmer un publique que je sens ailleurs. Elle danse non sans sensualité, mais avec une certaine rage.

Pour être franc, je suis totalement insensible à la prestation bien que celle-ci soit correcte. Mais c'était avant que celle-ci n'amorce un tournant radical avec l’exécution d'un véritable numéro de fakir. Planche à clous, légumes découpés au sabre directement sur le corps de la comtesse, marche sur du verre pilé, on a le droit à la totale. Assez impressionnant je dois bien l'avouer, surtout quand on est directement devant, collé à la scène.





Skeletal Family


Le temps de préparer un peu la scène et c'est enfin le début du concert. « So Sure » ouvre le bal et tout de suite la salle est conquise. Skeletal Family est de retour au sommet. La basse est ronde, les riffs de guitare sont accrocheurs. Anne-Marie a une technique vocale quasi intacte malgré les années. Elle n'a absolument rien perdu de sa superbe. Les titres s’enchaînent comme les coups du batteur sur ses toms. Croyez-moi quand je vous dis que j'ai rarement vu quelqu'un frapper de la sorte. Quelle puissance ! Quelle énergie il envoyait dans sa batterie ! J'ai rarement ressenti une telle intensité dans le rythme, ce qui rehausse encore plus le côté hypnotique se dégageant déjà des compositions de la formation.




Puisque je suis quelqu'un de tordu et qui aime bien toujours lier les choses, je dirais qu'il y avait finalement une bonne raison  dans le choix de Comtesse Léa pour la performance. J'ai vu un lien évident entre la rage déployé dans la danse de cette dernière et la façon dont Anne-Marie a de se déhancher sur la scène. Cette soirée est très visuelle. La chanteuse occupe tout l'espace, se trémousse et sautille comme un diable à ressort. Avec les effets stroboscopiques, nos yeux ne captent que par moments ses mouvements, découpant sa danse image par image comme dans un zootrope, praxinoscope ou autres lanternes magiques.




Les éclairages justement, parlons-en. C'est une chose très importante sur laquelle je ne me penche que très rarement, à tort. Ce soir les éclairages sont parfaitement réglés et totalement en phase avec l’ambiance de chaque titre. On arrive au fameux « She Cries Alone » que j'attendais avec une certaine impatience. J'ai été fort étonné. Le groupe, baigné d'une lumière bleutée et froide, nous livre ici une version hyper ténébreuse de ce titre phare de son répertoire. Un véritable orgasme sonore qui m'a définitivement prouvé qu’au-delà de l'interprétation pure, le groupe sait également insuffler une âme nouvelle à ses chansons, bien loin de l'impression d'entendre juste le disque sur scène, comme pour certaines formations.




La prestation de Skeletal Family est plus qu'honnête, longue et intense. Les musiciens n'ont pas pris la grosse tête et prennent plaisir à jouer. La complicité évidente entre les membres du groupe, par les gestes, les regards, les jeux de scènes, fait plaisir à voir et donne un côté vivant à un genre qui pourrait parfois s'engouffrer dans une certaine facilité de complainte dégénérée. Que quémander de plus ? La fin du concert s'apparente, à partir de « Promised Land », à une mort apocalyptique. La chanteuse se roulant par terre, le bruit assourdissant et cataclysmique de la guitare l'accompagnant dans sa chute. Le jugement dernier vient de s’abattre. Bluffant, surprenant, époustouflant.

Soirée Mix

Votre serviteur reste ensuite profiter de la soirée mix, malgré un genou en vrac. Alors peut-être que je n'étais pas assez alcoolisé, trop fatigué ou que ma rotule me faisais trop souffrir, mais je dois avouer que même si j'ai beaucoup aimé la musique (les classiques, ça plaît toujours), j'ai tout de même regretté le manque d'originalité de la playlist. Toujours les mêmes groupes (dix titres des Sisters Of Mercy, au moins huit de Depeche Mode, etc) Mêmes genres en boucles, pas beaucoup de découvertes. Le DJ procrastine. Je sais, je fais probablement mon grincheux. En tout cas, voir les membres de Skeletal Familiy se mêler au public sur la piste de danse, ça n'a pas de prix.

J'ai fini la soirée par quelques rencontres étranges, à mon habitude, dont un créole amusant, chapeau de paille et short à cinq heures du matin devant la bouche de métro, et un dealer de cocaïne aux questions et remarques personnelles fortes inconvenantes. Une soirée post-punk assez normale en somme. Le retour à la réalité est dur, surtout les quatre heures et demie de train. Mais je suis plus que satisfait et je subirai à nouveau volontiers ce faible supplice pour la prochaine date, à savoir le jeudi 31 mars, pour un autre concert partenaire, avec une autre légende du rock gothique, Sex Gang Children.



ps : Et puisque le bassiste m'a gentillement donné la setlist en fin de concert, je vous la transmets à mon tour :
  • So Sure
  • Don't be Denied
  • River or no Return
  • Cool Hand Luke
  • Celebrate
  • She Cries Alone
  • Cinder RD.
  • Heartful
  • Lies
  • Wire
  • Hand on the Clock
  • Black Ju Ju
  • Srip of Love
  • Someone New
  • Timer Runing Out
  • When I Call
  • Promised Land
  • Last Train
  • Only For You
  • Deeper Blues
  • Wind Blows
Report : Aladiah

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