Le Cirque Electrique est une petite salle de concert localisée Porte des Lilas, et j’y mets rarement les pieds sauf lorsqu’une occasion pareille se présente. Lorsque trois groupes français du calibre de Dragunov (Post-Metal avec un membre d’Abysse s’il vous plait), Pyrecult (Black Metal/Hardcore) et les Bordelais de Lifestream (Atmospheric Black Metal) se rencontrent, ça fait évidemment une affiche éclectique qui promet de belles découvertes live, surtout lorsqu’on sait que ces trois combos ont tous sorti leur premier effort studio en 2015. Des formations très récentes dont deux évoluent à Paris, mais que je n’avais jamais eu l’occasion de voir sur scène. Ondes Noires proposent toujours des tremplins originaux, et pour une deuxième fois (après le suffocant concert de Uluun, Seide, Griffon et The Negation en pleine canicule de juillet), je n’ai pas été déçu, loin de là.
On commence en douceur avec le duo Dragunov, qui a sorti son EP « 6:37 » en mai dernier, et qui nous propose un spectacle psychédélique entièrement instrumental. Même si la gestuelle de son guitariste manque parfois de conviction, nous sommes en présence de deux musiciens talentueux qui balancent des riffs et des rythmes hypnotiques. Le côté « dépouillé » de leur prestation nous pousse à nous concentrer uniquement sur l’atmosphère créée par leur musique au son typé « garage rock » et les samples. Une ambiance originale qui pouvait sembler curieuse pour les habitués de Metal extrême qui constituaient ce soir-là la majorité d’un public concentré mais malheureusement trop peu nombreux à mon goût pour le soutien que ces messieurs méritent ! Dragunov, en live - tout comme en studio, d’ailleurs - se plait à remettre en question les structures traditionnelles des morceaux de Rock et Metal, sans pour autant nous donner une impression de désordre. On assiste à un mélange dynamique, avec une évolution cohérente du motif originel de chaque morceau que les musiciens ont bien voulu nous présenter. Bref,vous l’aurez compris, j’ai été séduit.
Pause vin rouge, clope, et ça repart.
On peut dire que Pyrecult et Dragunov, ce n’est pas le même délire. Formé en 2013, Pyrecult est également un groupe qui nous vient de région parisienne. Le quatuor propose un savant mélange de Hardcore à la Kickback mêlé de Black Metal et de Crust. En avant pour l’immondice! Fini les ambiances planantes, Pyrecult nous fait atterrir sans douceur. Cette musique transpire la haine, l’énergie négative et la décadence avec des breaks sans concession et une rapidité d’exécution propre au style dans lequel le groupe officie. Un art sans compromis qui n’a pas manqué de faire réagir quelques amateurs de mosh, même si le public est globalement resté assez timide. On comprend d’ores et déjà pourquoi ce groupe est une première partie idéale pour des pointures telles que All Out War. Restez connectés, la horde promet une progression fatale pour vos genoux cagneux. Et foncez donc écouter « Sought to Overthrow », leur premier EP paru en juin !
Seulement une pause clope cette fois-ci, on reste raisonnable. Et ça repart.
Encore un style totalement opposé, décidément Ondes Noires se plait à inviter des groupes d’horizons fort différents, et ça n’est pas pour nous déplaire !!
Lifestream était le groupe que j’attendais le plus, puisque j’avais apprécié leur premier opus « Post-Ecstatic Expérience », que les musiciens nous présentent ce soir-là. Le jeu d’ombre et de lumières est un véritable atout pour mettre en valeur leur univers fait de constance et de fausse sérénité via un Black metal atmosphérique de haute volée nous invitant à l’introspection. Lifestream, contrairement à ses prédécesseurs de la soirée, accorde une importance non négligeable au visuel de sa prestation, avec un pied de micro hérissé de pics faisant penser au mysticisme et à l’occultisme de nombreuses formations plus connues. Le son éthéré de leur musique met bien en valeur les mélodies lentes et planantes que les artistes nous servent.
On se retrouve dans un léger brouillard sonore qui nous fera passer une bonne fin de soirée et invitera le marchand de sable à fermer nos yeux confortablement engourdies par cet univers languissant.
Cette date était donc à conseiller, on en profite d’ailleurs pour rappeler que ce concert méritait plus de spectateurs pour faire vivre une scène locale qui a besoin de soutien et d’intérêt. Sentez-vous concernés, et bougez-vous un peu plus le cul la prochaine fois. Une idée de concert pour les prochains jours :
T.
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