Chronique | Tetragrammacide - "Typhonian Wormholes: Indecipherable Anti-Structural Formulæ" (EP, 2015)



Tetragrammacide - "Typhonian Wormholes: Indecipherable Anti-Structural Formulæ" (EP, 2015)

Tracklist :

01. Intro 
02. Paramilitant Entropic Initiation 
03. Intricate Acosmic Engineering 
04. Interlude 
05. Extra-Terroristical Chaosophic Intelligence 
06. Eructation of Anti-Existential Consciousness 
07. Outro

Extrait en écoute :


_________________________________


Généralement quand on pense Black/Death bestial, tout de suite la scène qui nous vient en tête est celle d’Amérique du Sud ou autres Black Witchery, Revenge etc…. Mais ces  dernières années le genre Black Metal s’est expatrié dans des contrées atypiques. 


Aujourd’hui nous allons partir pour une destination exotique, l’Inde, pays des Aghoris, de Kali et de ce fleuve chargé d’histoire qu’est le Gange. Pourquoi toutes ces références me direz-vous ? 
Tout simplement parce qu’elles font parties du patrimoine culturel du pays, et que l’on retrouve leurs influences dans la musique de cette scène. Tetragrammacide est un des fleurons de cette scène et cet EP sortie fin 2015 chez Iron Bonehead reste une des références de la scène indienne (et un gros coup de cœur).



"Bestialité" est le mot adéquat pour définir l’univers musical de Tetragrammacide


« Typhonian Wormholes: Indecipherable Anti-Structural Formulæ » débute par une intro harsh/noise. Pour ceux qui ne seraient pas familier du genre, c’est une musique bruitiste et agressive dénuée de mélodie, elle est là pour créer une ambiance malsaine afin de mettre directement l’auditeur dans le contexte l’attendant par la suite : de la pure violence. Aucun compromis n’est toléré par le groupe, rendant sa musique encore plus prenante. En même temps avec des textes traitant du chaos, de  misanthropie ou bien encore de la pralaya (dans la cosmogonie hindoue, c'est la période de dissolution d'un kalpa, unité de temps dans la cosmologie de leur religion) il aurait été difficile de faire dans le pop-gay à tendance folk. 

Une fois passé cette intro chaotique offrant à l’auditeur un avant-goût de ce qui va émerger tout au long de cet EP, l’enfer va se déchainer sur terre sans une once de pitié. Dès les premières secondes de ‘Paramilitant Entropic Initiation’ on se rend bien compte que la finesse ne sera pas le maître mot du groupe. Justement, c’est ce qui fait tout le charme de leur musique, car là où certains n’y verront que du bruit, l’auditeur éclairé, lui, verra à travers ce Black/Death teinté de noise une personnalité propre, une musique immersive demandant du temps avant de pouvoir être appréciée à sa juste valeur, mais qui saura révéler tous ses charmes à qui le mérite. En aucun cas cela ne veut dire qu’elle n’est appréciable, car une fois entré dans l’univers du groupe on en sort difficilement, tant à cause de la musique que du fait de leur univers culturel. Et cette sensation ne baissera pas au fil des autres titres que sont : ‘Intricate Acosmic Engineering’, ‘Extra-Terroristical Chaosophic Intelligence’ et ‘Eructation of Anti-Existential Consciousness’. Quatre pistes de Black/Death pour trois interludes musicaux, un ratio pouvant sembler déroutant mais qui au final révèle une atmosphère ritualiste.

« Typhonian Wormholes: Indecipherable Anti-Structural Formulæ » n’est autre qu’une agression sonore en bonne et due forme, avec des vocaux complètements démoniaques et possédés apportant une ampleur de folie furieuse supplémentaire au sentiment dégagé à travers leur musique. Il faut aussi reconnaître que le jeu du batteur y est pour beaucoup dans l’atmosphère dégagée tout le long de ces 20 minutes de pur tumulte. Et comme si ça ne suffisait pas, pour parachever de transporter l’auditeur à travers ce chaos, les blasts se font entendre et ne laissent apparaitre aucune répit, ne permettant pas aux marionnettes que nous sommes de pouvoir nous reposer, cachés derrière une quelconque mélopée reposante. Il apporte une forme de chaos organisé grâce à une touche d’inhumanité supplémentaire à leur musique qui de base n’est pas formatée « mélodique ». Et comme si ça ne suffisait pas,  avec ‘Intro’,‘Interlude’ et ‘Outro’ ces pistes noise nous rappellerons que le groupe n’est pas là pour faire dans la dentelle, ces « pauses » ne sont là que pour vous immerger un peu plus dans l’univers « satanique cosmique » du duo, à travers ce bruit qui vous guidera dans des sphères dénuées d’humanité. 

Justement, ce mélange de noise et de Black/Death offre à la musique de ce duo un côté primaire comme il m’a rarement été donné d’entendre, il faut aussi reconnaitre que le son de la production apporte aussi sa touche à l’édifice. Elle se veut âpre, froide et rugueuse, apportant une touche misanthropique à une musique qui se voulait déjà être totalement dénuée de lumière

Masques à gaz et machette à la main et une imagerie religieuse hindoue, le groupe a réussi à compiler différents univers pour au final ne nous en offrir qu’un seul. 


Après avoir sorti une demo et un split on sent que le groupe a su évoluer et gagner en maturité dans sa musique, le potentiel était présent, il fallait le transformer cette tentative en réussite, et Tetragrammacide a réussi cette performance. Encore une fois, ça ne sera pas une musique accessible à tous, notamment aux fans de Black Metal épique et mélodique, accompagné d’arrangements orchestraux. Cet Ep aura sa place aux côtés de ceux de Nyogthaeblisz, Revenge ou bien encore Ampütator.


_________________________________


KhxS





Commentaires