Chronique | Abbath - S/T (Album, 2016)



Abbath - S/T (Album, 2016)

Tracklist :

01. To War
02. Winter Bane
03. Ashes of the Damned
04. Ocean of Wounds
05. Count the Dead
06. Fenrir Hunts
07. Root of the Mountain
08. Eternal
09. Nebular Ravens Winter (bonus track)

Extrait en écoute :




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Abbath est bien plus qu'un nom. C'est, disons-le, un monument dans la scène black metal, un corpse paint, une posture et une voix uniques. Lui qui a été l'image de Immortal de 1991 à 2015, revient en cavalier seul dans un nouveau projet en son propre nom après le split de ce dernier en 2015. Bien qu'il y ait bien souvent deux versions assez contradictoires lors de la séparation d'un groupe ou de l'eviction de l'un de ses membres, nous retiendrons dans ce cas précis la célèbre citation tirée d'une fable de La Fontaine,"tel est pris qui croyait prendre".


La décision juridique finale de l'affaire opposant Abbath à Horgh ( le batteur de Immortal) et Demonaz (parolier du groupe depuis ses débuts) a révélé que, outre le fait que Abbath n'en faisait qu'à sa tête et nuisait au fonctionnement du groupe, il serait allé réclamer les droit sur le logo et le nom de Immortal sans en informer les autres membres comme nous l'a appris le communiqué officiel de Immortal en Novembre 2015 . Celui-ci stipulait que Abbath n'étant que co-auteur et n'ayant jamais fait de demande de marque déposée sur les compositions et nom de Immortal, son confrère Demonaz obtiendrait donc les droits sur le nom et la musique du groupe.

C'est donc seul et la queue entre les pattes que Abbath revient, signé chez Season of Mist pour un premier album solo éponyme sorti le 22 Janvier 2016. Seul, non car le monsieur a su s'entourer de deux pointures qui excellent dans le maniement de leurs instruments respectifs, King ov Hell (ex-Gorgoroth) à la basse, et le batteur longtemps anonymement caché derrière le masque et le nom ridicule de Creature, Kevin Foley (ex-Benighted), ainsi qu'un guitariste live, Per Valla, qui avant même le jour de la sortie de l'album a, comme Kevin Foley quitté le groupe, pour raisons personnelles. Coïncidence ? Le mystère reste entier.

Blashyrkh est mort, longue vie à Abbath me direz-vous donc ? Hum, pas vraiment. Quand on quitte un groupe, et que l'on s'engage dans une toute nouvelle carrière solo, c'est normalement bien souvent que l'on veut expérimenter des choses nouvelles. Oubliez tout de suite ce concept ici. Crise de narcissisme oblige, la pochette met en relief le simplissime mais mondialement connu grimmage de Abbath. "Abbath" n'est ni plus ni moins que l'Immortal du pauvre. Ce qu'aurait pu être le successeur de la pente descendante de"All Shall Fall". Le charisme et la réputation ne font pas tout. On se retrouve face à ce qui a fait autrefois la gloire du trio Norvégien : la voix. que dis-je la marque de fabrique de Abbath, sa voix croasseuse, des lyrics qui ne détonnent pas trop de feu son ex groupe, fantastique et mythologie, n'allons pas boulverser la fan base. Car oui cet album fonctionne, de par ses riffs agressifs et ses blasts mais c'est un album au service des fans. Du Black Metal accessible, de la pop black metal à l'instar de "Demigod" de Behemoth. Bien que le choix de Mr Foley soit des plus surprenants en apparence quand on sait qu' il appartient plus au monde du grindcore et du Death Metal, son jeu de batterie se révèle être bien tombé. Carré, violent, propre et incisif, c'est l'élément à retenir de ce nouvel album. Tout sent le réchauffé et le manque cruel d'innovation. Quand un 'Winter Bane' semble tiré d'une mauvaise session d'enregistrement de 'Between two Worlds'. La seconde partie de l'album avec 'Count the Dead' et 'Fenrir Hurts' est un mix hybride du Immortal des années 2000 et de son projet I, le premier titre cité étant assez accrocheur pour l'auditeur lambda, quoi de plus normal comme choix de premier single.

Cet album est un bon produit marketing mais n'apporte rien de nouveau, production propre, service minimum pour combler le grand public . Les puristes, les vrais fans de Immortal de la période pré-"At the Heart of Winter" ne s'y laisseront pas prendre, la rage glacée de 90's a disparu au profit de la facilité. Business is business, pas de risque, pas de renouveau, pour sûr Abbath comblera le festivalier lambda lors de son immense tournée 2016 et le fan de Immortal, post-2000.

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Chaosophia


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