31 octobre 2015. En cette soirée de Samhain, je me rends comme l'année dernière sur Angoulême pour la nouvelle édition de la Soirée Fantasmagothic.
Si de primes-abords il y a l'air d'avoir moins de monde, les organisateurs ont poussé le concept un peu plus loin en décorant le hall de La Nef, la salle où se situe la soirée, ainsi que la salle de concert elle-même. Crânes de chevaux, tapis rouge, bougies, grandes croix aux murs, serveuses déguisées et grimées façon fête des morts mexicaine. Un plus par rapport à l'année précédente.
Moins de monde je disais. En effet, l'affiche, selon un certain nombre de mes proches, attire moins cette année. En même temps l'année dernière, la barre était très haute avec Nova Et Vetara, Soror Dolorosa, Merciful Nuns, Eros Necropsique et Rosa+Crvx... Moins de goth pur jus donc et beaucoup plus de gens déguisés pour halloween... Une impression étrange de deux mondes se percutant sans trop savoir pourquoi les autres étaient là...
Bref, moi je savais pourquoi j'y étais et c'est sans trop m'attarder sur les regards vides et décontenancés de certains que je me mis au premier rang après avoir salué les connaissances.
Veil Of Light
Veil Of Light, ce sont deux comparses plongés dans une épaisse fumée au point de ne plus distinguer que leurs ombres. De subtils jeux de lumière dans une ambiance tamisée. Visuellement ça claque. C'est étrange, comme un théâtre d'ombre chinoise. Musicalement on est dans un mélange de shoegaze et d'electro-post-punk bien vif, façon Ash Code. Une voix ténébreuse comme je les aime anime le tout.
Veil Of Light c'est aussi deux claviers, chacun le sien. Une seule guitare que les deux artistes se partagent. J'ai trouvé cela fort original. Le public est peu dense ni vraiment nombreux. Personne ne bouge vraiment. Cela laisse le champ libre à votre serviteur, Kran de la Villa Diodati et DJ Sioux'Boy de se déchaîner sans gêner ni être gêné.
S'il n'y a peu d’interactions ou d'énergie au début, tout le show va crescendo. D'un seul coup d'un seul, le chanteur hurle, se tord, vocifère, saute de la scène à mes pieds et fracasse la guitare par terre, sous les yeux d'une Aladiah médusée.
Nova Et Vetera
On change complètement d'ambiance pour retrouver Nova Et Vetera que j’avais découvert l'année dernière. Cette fois le groupe nous a délivré un show plus rock et moins tribal. Je suis moins séduit que l'année précédente mais on garde une certaine une continuité, même membres, même instruments, même foi.
Le chant clair de mrlaMort, grimé pour l'occasion en cadavre sorti de son repos éternel, exprime toute la détresse du monde, dans un un micro décoré de trois crânes humains et moult os. Un maquillage réalisé par Banshee Xuân. Une basse envoûtante, un gong et des percussions toujours aussi prenantes. Un concert sous le signe du deuil, dédicacé à un ami décédé peu de temps auparavant. Monsterlune, une créature que l'on reverra plus tard, vient le temps d'une chanson faire un petit strip-tease démoniaque.
L’interaction avec le public est facile, ce qui donne une ambiance intimiste par la création d'un lien de familiarité entre le groupe et la salle, juste en discutant entre chaque composition. Une ambiance légèrement gâchée par des lumières trop crues, une scène trop exposée et l'absence des clips vidéo en arrière-plan qui avaient tant plu en 2014.
Un guest fait son apparition sur les deux derniers titres, Essem, ancien membre de la formation, tiens ici la guitare. Ce sont d’ailleurs les titres qui m'ont le plus fait planer, justement plus tribaux. Dommage qu'il faille déjà se séparer.
Christine Plays Viola
Les italiens de Christine Plays Viola, je les ai suivis depuis Rennes où je n'avais pas été très convaincu, du fait d'un e performance trop courte et d'une absence totale d'interaction avec le public.
Autant dire tout de suite que le set fut assez court également bien que plus étoffé que la veille. Un chanteur statique qui passe avec une aisance horripilante entre les graves et les aigus, un guitariste toujours aussi féru d'headbanging, un bassiste avec un t-shirt 1919, un synthétiseur toujours trituré. Recette qui fait mouche. Un meilleur son certes, mais une voix grave souvent couverte par le reste des instruments. Une impression plus particulière de mur de son, façon noise/shoegaze.
Rien à dire de plus que je n'ai déjà dit dans mon précédent report. Et je n'aime pas trop me répéter. Dans tous les cas, le groupe a fait un show correct et j'ai tout autant apprécié.
1919
1919 c'est la tête d'affiche de cette soirée fantasmagothic. Beaucoup ne sont venu que pour eux. En même temps la formation est légendaire. Alors tient elle ses promesses ?
Dès les premiers accords, c'est violent, un mélange d'horror punk, de deathrock, de bon vieux post-punk, tirant sur le goth rock. Au fur et à mesure des compositions, ça prend de l'ampleur, lorgnant parfois sur l'indus, surtout au niveau des rythmiques. En tout cas le bassiste, avec son haut-de-forme, et le guitariste, vont de concert afin de nous livrer un bon vieux son style batcave bien gras, guitare et basse en registre haut. La voix fait indéniablement penser à du Peter Murphy, on ne m’enlèvera pas cette idée de l'esprit. Et puis cette batterie... Un batteur qui frappe, et qui frappe dur.
Le maquillage finit par couler à cause de la transpiration. Faut dire que le groupe possède de l'énergie à revendre. Pour vous donner une idée, je n'arrive pas à prendre une photographie correcte tellement le chanteur sautille sur scène comme un jack-in-the-box. Sur ressort, sautant, vociférant, bougeant dans tous les sens, parfois au sein même des festivaliers. Une énergie qui se transmet à un public en effervescence, entre les moments où l'on chante bras dessus/bras dessous avec l'interprète qui s'est glissé dans le public, les poignées de main, les pogos furtifs. Un super moment. Le point d'orgue, la clef de voûte de cette soirée.
Monsterlune
En attendant la prestation de Motorama, on a le droit, sur la petite scène du hall de la Nef à une démonstration toute en non-finesse, une performance infernale. Monsterlune est de retour, cette fois avec tous ces comparses. Masques démoniaques ou de chimères, créatures hybrides à deux têtes, femme enceinte dépossédée de son enfant au son d'un « Joyeux Halloween ». Des caresses langoureuses se transformant en massacre...
Une performance d'art moderne tout de vinyle, au son d'une musique industrielle puissante.
Votre serviteur a trouvé cela fort plaisant et très drôle. Totalement burlesque, grand-guignolesque, halloweenesque.
Motorama
Motorama c'est de la bonne coldwave. Autant dire qu'après le feu allumé par 1919, c'est la douche froide (Ah ah, blague moisie). Musicalement on est dans du Joy Division russe se transformant progressivement en du Soviet Soviet russe (Ah ah, re-blague). En fait personne n'a vraiment envie de rire du fait d'un manque d'interaction avec le public, de compositions qui se ressemblent un peu toutes, et une fatigue pesante sur les épaules meurtries par le passage de la formation deathrock.
Avec des échanges constants d'instruments entre le guitariste et le bassiste en fonction des chansons, me rappelant le début de soirée avec Veil Of Light, des compositions glacées et un son très clair, Motorama avaient pourtant de quoi plaire et ça m'a plu. Mais force est de constater que je ne suis plus dedans. Et je ne suis pas le seul. Plus le temps passe et plus le groupe se laisse aller et montre quelque chose sur scène.
Finalement plutôt sympathique mais mal placé selon moi. Et ça se sent, la salle se vide au fur et à mesure. Je ne prends même pas le temps de compter par respect et me concentre tant bien que mal sur le groupe qui donne un dernier coup de pied dans la fourmilière.
Soirée mix - DJ Sioux'Boy
Ce qu'il y a de bien avec DJ Sioux'Boy, c'est qu'a chaque fois tu es sur de danser grâce à sa playlist hétéroclite, pouvant passer de She Past Away à du Jessica93 en passant par un classique de Bauhaus. Le personnage tente de contenter la dizaine de fous sur le dancefloor malgré quelques soucis matériels.
Et c'est le drame. Deux des DJ prévus ne sont pas présents. 2H30, les responsables de la Nef font arrêter la musique. À 3h du matin, tous les participants sont mis à la porte de manière peu élégante et sans réelles explications. Payer une trentaine d'euro son billet, on est en droit de s'attendre à ce que la soirée finisse à l'heure prévue, soit 6h. Surtout quand on a, comme moi, à attendre jusqu'à 7h pour attraper un train.
C'est dans une incompréhension globale et une tension grandissante que la soirée se transforme en sitting devant les portes de la Nef, les créatures de la nuit attablées toutes ensemble, éclairées à la bougie, se partageant anecdotes et quelques bières. Un ambiance glauque et intimiste sous un magnifique ciel étoilé. A-t'on vraiment perdu au change au final ?
Votre serviteur est parti vers 4h30 alors qu'il ne restait qu'une dizaine d’irréductibles corbeaux tournant autour de leurs proies. Merci à la Nef, nous saurons nous en souvenir...
Dommage pour ceux qui se sont investi dans ce projet. Cette fin de soirée aura eu un goût plutôt amer. Ceci aura du moins permis de rencontrer moult confrères et consœurs aux goûts si particuliers... Et je parle bien de musique, pas de cannibalisme. Quoique...
Aladiah
Merci pour ce compte rendu fidèle et passionné ;) Amitié W (mrlamort).
RépondreSupprimerReport très complet qui nous replonge un peu dans l'ambiance. À bientôt, j'espère, pour de nouvelles aventures!
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