Interview | Christian Death, novembre 2015





Figure du mouvement gothique et contestataire d'une représentation institutionnalisée du religieux, Christian Death nous a fait l'honneur de nous accorder un entretien peu avant son concert parisien du 12 novembre, organisé par Le Boucanier.

Voici donc l'interview du trio mené par Valor, réalisée le lundi 10 novembre à la Galerie Akiza !




Merci de nous accorder cet entretien ! Comment se passe la tournée et qu'attendez-vous de votre date à Paris?

Maitri : Ça va être génial !!!

Valor : On n'a pas joué à Paris depuis 2008 et nous n'avons pas pu jouer en France lors de la dernière tournée. Nous savons que nous avons beaucoup de fans ici et c'était important pour nous et pour eux que Christian Death joue en France. 

Vous venez de sortir votre nouvel album "The Root Of All Evilution", quel est en sont les concepts et les caractéristiques principales?

Valor : Pour en parler nous devrons simplifier le concept philosophique qui nous a conduit à l'enregistrer. Les propagandes et les religions monothéistes ont inventé le mal, mais d'où vient réellement le mal? Est-ce que c'est une pure invention ou bien est-ce que cela existe intrinsèquement, de manière plus profonde? En règle générale, les gens ont envie d'être heureux, gentils, amicaux, partout où l'on va et dans chaque sphère dans la société on aimerait vivre dans la concorde. Et donc, d'où vient le mal? Est-ce qu'il vient du sol, est-ce que c'est le monstre en-dessous du lit qu'on a jamais vu? Est-ce c'est ce que l'Eglise dénonce, à savoir l'extrémisme et le terrorisme? Tout le monde a quelqu'un à blâmer ? Pour moi, le vrai mal ne vient pas des individus, mais des structures qui les contrôlent. L'homme a inventé le mal pour pouvoir contrôler mentalement les gens, et pas seulement physiquement, il y a de cela quatre ou cinq mille ans. Pour simplifier à l'extrême, cela expliquerait le titre et donnerait un axe de lecture de notre album, The Roots Of All Evilution, à savoir une théorie darwiniste de l'évolution du mal. 

En regard des propos que vous tenez dans cet album, comment interpréteriez-vous la pochette qui l'illustre ?

Valor : Il y a des références ésotériques et symboliques très diversifiées, qui englobent de nombreuses cultures, je pense qu'on peut voir cette pochette comme une sorte de carte permettant de déchiffrer le monde à partir de symboles.




À ce propos, quel lien feriez-vous entre votre album et une réflexion sur les croyances religieuses? 

Valor : On a toujours fait un lien avec les religions, en particulier avec le christianisme puisque notre nom en est inspiré. Aux Etats-Unis, la morale chrétienne est très ancrée dans la société. Si nous étions totalement libres, nous pourrions nous conduire comme les animaux et nous balader nus dans la rue. Or cela n'est pas possible à cause des religions, car celles-ci n'utilisent pas que notre peur du mal, mais nous bâillonnent  aussi notre instinct sexuel en voulant contrôler chaque aspect de notre vie. Les albums précédents parlaient soit de l' "inquisition américaine", soit du nazisme, soit d'autre chose, mais ils sont tous reliés entre eux du fait qu'ils sont tous une analyse d'une certaine forme du mal. Par contre, cet album retrace l'histoire du mal au fil de ses rapports avec l'humain, et ne se concentre pas sur l'un de ses aspects précis. 

À l'écoute de l'album nous avons eu l'impression d'un album plus complexe, plus "bowiesque", êtes-vous d'accord avec cette affirmation ? 

Valor : Tu as raison, la musique est salvatrice contrairement à l'aspect très noir des paroles, d'où cette complexité. La musique est faite pour que les gens digèrent les propos que nous tenons. Si tu dis à un enfant que le monde est horrible, il ne va pas vouloir l'entendre. Chaque personne est un enfant, d'où l'utilité de mettre ça en musique pour une facilité d'appréhension de ce discours réaliste. 

Jason : Il y a aussi un aspect primaire dans cet album, pour faire le lien avec les fondations de l'humanité et la conceptualisation du mal. 

Comment avez-vous procédé pour composer et enregistrer  cet album? 

- Valor : La plupart du temps nous essayons d'être créatif en nous servant de nos capacités pour créer de nouvelles choses, en expérimentant. L'un des meilleurs souvenirs de composition que j'ai date de l'hiver dernier, lorsque nous étions sortis dehors à une température très basse avec un grand tube creux qui faisait dix mètres de haut entouré de micros, sur lequel Jason a frappé avec un marteau. 
En bref, nos activités sont diversifiées, mais je m'occupe surtout des instruments aux sonorités les plus inhabituelles. 

Comment mettez-vous en valeur ces divers instruments sur scène? 

Valor : Grâce à la technologie. Sur album, il y a plein de pistes, donc quand nous sommes sur scène, nous enlevons toutes les parties que nous faisons en direct et nous jouons en synchronisé avec les parties que nous ne faisons pas directement sur scène. Jason, qui entend tout, agit comme un métronome pour nous guider en live. Nous ne pouvons pas nous permettre de payer un orchestre pour jouer avec nous, ni transporter tous les instruments jusqu'en Europe, le seul moyen de garder cette richesse musicale est de sampler les instruments secondaires comme les flutes et les violons. 

Jason : Si nous arrêtions de jouer sur scène, toutes ces pistes continueraient sans nous et ce serait horrible, d'où la contrainte de ne pas improviser ni nous arrêter de jouer pendant un morceau. 

Valor : On pourrait jouer sans tous ces samples, mais nous les jugeons importants par rapport au contenu émotionnel que nous souhaitons transmettre. 

"The Root Of All Evilution" est déjà disponible en vinyle, quand le sera-t-il en CD ?

Valor : On l'a d'abord sorti via une opération de crowfunding sur Pledge Music, nous avons été financés par les fans car nous étions sans label. Mais nous avons perdu tous nos enregistrements durant l'incendie de notre studio, c'est pourquoi nous avons tout réenregistré avec des morceaux différents. Les fans ont seulement financé le matériel dont nous avions besoin, mais nous ont également supporté durant l'élaboration de l'album en nous donnant leur avis sur la progression du travail. Cet album n'aurait pas été le même sans eux! 

Maitri : L'album a d'abord été mis en ligne au format digital car cela était plus simple pour le diffuser. Pour la sortie vinyle, nous avons re-contacté notre ancien label et celui-ci est déjà disponible. Les CD seront en stock le 18 décembre grâce au label The End avec lequel nous avons signé un contrat, mais vous pouvez déjà vous les procurer en allant à nos concerts. 


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