Chronique | Dissection - "Reinkaos" (album, 2006)


Dissection - "Reinkaos" (2006)

Tracklist

01 - Nexion 218     01:37
02- Beyond the Horizon      05:20
03 - Starless Aeon     03:59
04 - Black Dragon     04:48
05 - Dark Mother Divine    05:44
06 - Xeper-i-Set     03:08
07 - Chaosophia      00:41
08 - God of Forbidden Light     03:42
09 - Reinkaos     04:43
10 - Internal Fire     03:20
11 - Maha Kali     06:04

Extrait


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Dissection fait partie de ce groupuscule très restreint de formations ancrées dans un vortex intersidéral que nul ne peut approcher pour en revendiquer les propriétés fondamentales sous peine de recevoir moult meurtrissures dans la rosette à grands renforts de ces petits bouts de gravelles que l'on affectionne particulièrement par temps de plaisanterie affective. Nombres d'amateurs de musique Metal ont principalement souvenir du troisième album de Dissection, le plus mémorable car étant le plus original dans son approche du Black Metal, les deux autres étant un peu plus conventionnels sans pour autant proposer une qualité moindre. « Reinkaos » restera l'album ayant marqué à jamais les esprits, avant que le groupe du multitâche Jon Nödtveidt ne prenne fin.


Ce qui fait dire que « Reinkaos » est a différencier des deux autres albums, c'est bien le fait que le Black Metal y occupe une place plus thématique que musicalement impactant. Autant « Storm of the Light's Bane » était assez noir, teinté de guitares perçantes et d'un chant railleur, autant « Reinkaos » multiplie les influences hors Black Metal au sein de sa structure. On y perçoit du Thrash, du Heavy, du Melodeath, le Black n'étant au final exécuté qu'à travers le flow vocal de Jon. Bien que celui-ci ne puisse s'apparenter à une réminiscence d'une époque se devant d'être révolue pour le groupe, ayant voulu aller de l'avant et changer de ton, le chant se veut un des nombreux moyens pour le groupe de renvoyer à l'auditeur le désir plurigenre de cet album, même si Dissection, comme beaucoup d'autres groupes, réfute très certainement les catégorisations un peu trop facile de la communauté Metal devenue prompte à caser précisément les choses, aussi éclatées soient les influences de ladite création.

Le chant est donc bien la seule occurrence d'un courant Black Metal dans « Reinkaos », dans la veine « Black'n Roll » de certains titres de Satyricon. Le Black Metal se ressent à travers le chant et les paroles qu'il véhicule, faisant directement référence aux noirs desseins de l'Ange Déchu, mais pas vraiment l'impulsion musicale la plus représentée.

Les guitares sont les causes majeures de la non-accointance de « Reinkaos » à un pur Black. Elles sont les piliers de l'album, redirigeant la base Black du chant vers un mix bariolé de Melodeath et Thrash, avec des solos Heavy/Hard Rock comme dans « Black Dragon » ou « Dark Mother Divine ». Elles donnent une énergie palpable à chaque titre, ce genre de relents vigoureux perpétuels qui font qu'un morceau reste bloqué dans vos oreilles après l'avoir écouté, le seul moyen pour l'e faire partir étant d'écouter autre chose. « Xeper-I-Set », ainsi que chacun des titres de l'album, en est un parfait exemple avec ses rythmiques incessantes portées par un chant démoniaque d'ampleur égale aux autres instruments, jusqu'à découvrir ce savoureux résultat d'un dosage rigoureux. Les titres envoûtent par la frugalité de leur charpente.

La synergie sensationnelle liant tous les instruments, a fortiori les guitares, dans un mouvement de grande envergure menant tous les morceaux de l'album vers un torrent d'enthousiasme passionnel est le point le plus important de « Reinkaos ». Un amour du Metal de la part des membres du groupes les ont menés vers la construction d'un des albums les plus prisés de la gigantesque famille, un paradigme démentiel fait de bruit et de fureur, porté par une ivresse dont on ne sort pas indemne.

Disséminées sans autre but que de personnifier un morceau plus qu'un autre, on distingue quelques variations, un scream plus puissant pendant quelques secondes, des backtrakings féminins et un ralentissement de la dynamique sur « Maha Kali », un aspect Heavy plus poussé, un chant plus doux, tant de petites variations au sein de « Reinkaos » contribuent à rendre l'album mémorable et hors d'atteinte d'une catégorisation facilitée par un conformisme formel.

« Reinkaos » est fait de ce bois d'ébène raffiné que peu de groupes peuvent se targuer d'avoir dans leur discographie, aussi minuscule ou colossale soit-elle. Les composants sont simples mais d'une efficacité anormale, une technique dépouillée sans oubliée d'être équitable. « Reinkaos » est, et restera pour certains, un album de légende, constat compréhensible par une réceptivité de longue haleine qui ne tient qu'à le rester.

Kalhan
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