Live Report | Fall Of Summer 2015 - Jour 2



Pour la deuxième année consécutive, un festival francilien est venu clôturer de la plus belle des manières la saison estivale. Vingt-huit groupes ont été programmés sur deux jours, dans un site idyllique de la banlieue parisienne, la base de loisirs de Torcy. Nous étions présents les 4 et 5 septembre au Fall Of Summer afin de rendre compte de l'événement;  voici notre report de la seconde journée.









La journée du 5 septembre démarre sous les meilleurs hospices avec Temple Of Baal. Le groupe de Black/Death Metal francilien a du nouveau matériel à défendre sur scène, le successeur de Verses Of Fire étant annoncé pour début octobre. 

D'ailleurs, les musiciens ne tardent pas à nous parler de ce nouvel album qu'est Mysterium, puisque nous ne tarderons pas à en découvrir un premier extrait intitulé 'Hosanna', rapide, rythmé et martial. Idéal lorsqu'on émerge d'une courte nuit de sommeil. La setlist ne déçoit pas , bien au contraire elle se révèle équilibrée, mêlant moments immersifs et mid-tempo avec des passages plus bourrins et directs. 

Bref, pour la deuxième fois que je les voyais, Temple Of Baal m'ont conforté dans l'idée que ce groupe est une valeur sûre à la fois en live et en studio. 



On s'assoit tranquillement sur la pelouse qui surplombe la Blackwater Stage pour rentrer dans un univers désolé et solennel à la fois. Une chose est certaine, le Funeral Doom Metal de Hamferd, un groupe nous venant des Iles Féroé, ne peut laisser indifférent pour ceux qui aiment se laisser emporter dans des atmosphères lourdes et planantes à la fois. C'est une musique magistrale que nous propose les sextuor, qui nous conte les histoires de marins perdus au fond des océans. La voix du chanteur alterne entre chant clair désespéré et growls abyssaux sur fond de riffs cérémonieux et massifs, et le groupe offre  une performance vraiment solide malgré une certaine timidité masquée par l'émotion qui se dégage de sa seule musique. Les élégants costumes portés par ces talentueux musiciens était par ailleurs parfaitement en accord avec la gravité et le côté majestueux de l'ambiance du concert.




Après leur prestation de la veille avec Sabbat, les japonais de Metalucifer se produisait devant un public d'ores et déjà acquis à sa cause et le moins que l'on puisse dire est que nous n'avons pas été déçu. Le combo, qui jouait avec un line up un peu particulier puisque la batterie fut occupée par le batteur de Sabbat (Stefan Hüskens (aka Tormentharou ), batteur du line-up européen de Metalucifer s'étant produit pour Asphyx la veille, ne jouera qu'un morceau avec ses compères), a donné une leçon de Heavy Metal aux autres groupes du genre présent à cette seconde  édition. Que ce soit Angel Witch ou Satan leurs shows faisaient pâle figure à coté d'un Metalucifer totalement fou et d'un frontman imparable. Techniquement et scéniquement le groupe nous a offert un concert totalement maîtrisé sans pour autant être mécanique. Metalucifer sonnait comme un plongeon dans le bassin de la NWOBHM, à la fois nostalgique et rafraîchissant le groupe et son heavy too much fut très largement à la hauteur de sa réputation. C'est quand même drôle de se dire que parmi 3 groupes de Heavy officiant dans le style de la NWOBHM, le meilleur fut un groupe japonais... devançant de très loin les deux groupes britannique.




Supuration… Un nom familier pour les amateurs de Death Metal avant-gardiste. Ce concert est l'occasion de nous replonger dans le parcours original et diversifié du groupe, qui alternent entre des ambiances éthérées et du Death Metal pachydermique. Le travail des guitaristes est à proprement parler impressionnant, ces deux derniers dialoguent durant tout le concert, mettant en avant leur jeu complémentaire. Nous avons droit à un show puissant et vigoureux, porté par une rythmique dynamique, impétueuse et groovy. On pourrait penser que Supuration est un groupe fait pour les fans de prog et pas pour les deathsters invétérés, c'est tout le contraire qui se passe avec une brutalité incisive mise en avant par le growl de Ludovic Loez.



Les vétérans du Technical/Brutal Death Metal étaient très attendus des festivaliers, et ça se comprend lorsque le groupe prend place sur les planches de la Blackwaters Stage. Pendant une heure, le combo déverse sa violence, faisant vibrer le sol grâce à la violence titanesque de ses riffs. Aucun superlatif n'est suffisant pour décrire la brutalité qui se dégage de ces musiciens, accompagnés de Ricky Myers , le chanteur de Disgorge, en remplacement du vocaliste historique de la formation, Frank Mullen. Avec Nile, Suffocation aura sans doute été le seul groupe du festival à créer une telle euphorie parmi le public, tout cela avec une précision d'orfèvre dans l'exécution des riffs et des rythmes. 



Après un show d'un Angel Witch vieillissant la veille, autant dire que j'attendais beaucoup de Satan, groupe que j'avais d'ailleurs déjà eu l'occasion de voir à l'édition 2014 du Hellfest et qui nous avait alors offert un concert de Heavy de très bonne facture. Si le show n'était cependant pas à pleurer au Fall Of Summer, ce dernier n'en était pas pour autant transcendant. Le son, bien que meilleur que que lors d'Angel Witch, n'a pas joué en faveur du groupe et tandis que le chanteur Brian Ross nous fit comme à son habitude une démonstration vocale, je ne put m’empêcher de trouver ce concert un peu mou. A croire que les groupes de Heavy anglais avait été victime d'un mauvais sort en passant l'entrée du festival, je retrouve à peu de choses près les mêmes défauts aux deux groupes. La setlist avait pourtant de quoi donner envie, bien que je regrette personnellement l'absence de « Pull The Trigger », celle ci regroupait autant de morceaux du premier que du dernier album du groupe, faisant cependant abstraction du « Suspended Sentence » de 1987. Le groupe finira sur un 'Kiss Of Death' à l’interprétation très convaincante et c'est quand même satisfait que j’allai rejoindre le concert suivant, la bonne humeur communicative du groupe aidant... et puis il faut dire que ce n'est pas forcément chose facile que de passer entre Suffocation et Nile quand on fait du Heavy.




Retour dans l'univers du Technical/Brutal Death Metal avec Nile, qui vient de sortir son tout nouvel album, "What Should Not Be Unearthed". Cette fois-ci, les choses prennent une tournure carrément virtuose avec un combo qui explose les limites du genre grâce à ce petit côté oriental qui fait toute la différence au milieu de toutes ces avalanches de notes diluviennes. À la fois groovy et immersif, le style de Nile fait preuve d'une finesse et d'une maitrise à toute épreuve malgré la brutalité de sa musique. Si la violence et l'agressivité de cet univers n'est pas un rempart au plaisir pris à voir ce genre de performance, nous ne pouvons qu'être impressionnés par l'aura mystique qui se dégage de ce quatuor imprégné de la culture de l'Egypte antique. Petite surprise en fin de show avec la venue sur scène des membres de Suffocation, pour interpréter l'hymne, 'Black Seeds of Vengeance'.




Razor, groupe majeur du Thrash canadien pour la première fois en France, avouez que ça sonne très prometteur ? Mais je dois dire que ce concert m'a tout de même laissé sur ma fin, Razor sonnait pour moi comme l'un des concerts Thrash de l'année, et si celui ci fut de bonne facture j'en attendait plus d'un groupe de cette carrure. Le public c'est quand à lui montré très réceptif, comme le prouve le nombre de pogos ayant éclatés pendant le concert. Le groupe rentrera en enchaînant pas moins de trois morceaux tirés de « Evil Invaders », album qui composera d'ailleurs plus de la moitié de la setlist au grand plaisir des fans des premières heures, mais forçant le groupe à faire l'impasse sur plusieurs albums dont entre autres « Malicious Intent », « Custom Killing », ou encore « Executionner's song ». A la fois botte cul et bon enfant, ce show aura fait bouger une bonne partie du public, ravi de voir ce monstre du Thrash pour la première fois dans nos contrés, bonne humeur également partagée par les musiciens qui se font plaisir sur scène. Si le chanteur ne me sembla pas particulièrement en voix au début, ce dernier montera en puissance tout au long du concert tandis que les instrumentistes nous enverront une déferlante de riffs et rythmiques acérés. On aura ainsi eu droit à un show de Thrash Old School, très bien exécutés, mais j'avoue qu'il me manquait un petit je ne sais quoi pour rendre cette prestation excellente.





Bon, et bien un des groupes que j’attendais le plus à vrai dire. Ayant été déçu par leur dernier album, je voulais voir ce que donnait le groupe sur scène et notamment les petits nouveaux tirés d’ « Antiliv ». Tsjuder, la puissance, la haine, un trio qui agit sur vous tel un rouleau compresseur écrasant une chenille ou un emo.
On ne peut pas ressortir indemne de ce genre de show.
Pour le coup je ne pouvais résister à la tentation de me placer au-devant de la scène, car pouvoir profiter, vivre des titres tirés de Desert Northern Hell ne se manque pas. Enfin je le pensais avant de voir la mollesse du public, qui n’était là que pour applaudir et hurler « yeah »… Ridicule au possible, même lorsque me laissant aller à des headbang, je me fais reprendre par un gars devant moi que je gêne. Et oui, Monsieur souhaitait profiter du spectacle en paix (oui, toi, le grand à la casquette et sac à dos qui me poussait continuellement car je le « gênais »…).
En fait, Tsjuder a été parfait, il faut le dire, avec un leadeur au charisme incroyable, Nag à lui seul sait tenir le public dans sa main.
Et bon, il faut l’avouer, le nouveau titre « Demonic Supremacy » réussit le test haut la main, même les titres du précédent album que je trouvais moyen ont sus, en live, retranscrire une ambiance qui ne m’aura pas laissé de marbre du tout.
Quelques irréductibles auront su faire honneur à la horde norvégienne en se laissant aller aux pogos, mais il faut avouer que la fatigue se faisait ressentir, et l’intensité était moindre que le premier jour. Une machine de guerre, et quoi de mieux pour finir une bataille que le mythique « sacrifice »  du non moins culte Bathory. Tel le dernier souffle d’agonie après un combat acharné, le public se laisse aller dans une dernière communion avec le groupe, et reprend en cœur avec lui, dans une fosse déchainée, le refrain de ce titre devenu au fil des années, la conclusion de Tsjuder.
Un show puissant, violent, en fait un show de Black Metal quoi !



Après avoir sacrifié la prestation de Coroner dans le but de prendre notre premier repas de la journée, acquis après une lutte acharnée sur l'unique stand de nourriture du festival (!!!), nous revenons devant la Blackwaters Stage pour assister à cette messe noire qu'est le concert de Triptykon. L'entité conduite par Tom G. Warrior (ex- Hellhammer, ex- Celtic Frost) ne peut que donner des frissons sur scène. Même si je les ai vus au Motocultor trois semaines avant, ce quatuor ne me lasse pas. Tout était juste durant ce rendez-vous apprécié à la fois des amateurs de Black et de Doom Metal. Même si le groupe ne nous gratifiera pas des reprises des deux illustres combos mentionnés ci-dessus, Triptykon se suffit à lui-même et signe la meilleure prestation de la journée selon moi. 





On enchaine avec du lourd sur la Sanctuary avec l'arrivée d'Ihsahn, phénix norvégien du Prog scandinave. L'ex-frontman d'Emperor excelle dans ce genre là, avec cinq albums solos, entouré en live des meilleurs musiciens de la scène locale. Signalons l'absence de basse, remplacée par l'effet moog des synthétiseurs. Même si le talentueux musicien suscitait des débats parmi le public du Fall Of Summer, il réussira à convaincre au terme d'une prestation bluffante dont l'un des moments culminants est sans nul doute la reprise de quelques classiques d'Emperor "à la sauce Ihsahn". Qui l'eut cru?


Quoi de mieux que de clôturer cette seconde édition du Fall Of Summer, par le spectacle de feu et de glace qu'est celui d'Abbath? On se réjouissait d'avance à l'idée d'enfin tâter ce que donnent en live les classiques d'Immortal, le groupe dont il était le frontman jusqu'en 2015.

Si le musicien ne déçoit pas lorsqu'il interprète les hymnes de "Sons of Northern Darkness", son début de set a été en ce qui me concerne, catastrophique.  Arriver avec un cahier de lyrics immense et passer son temps, trois chansons durant, à lire ce qui y est écrit en restant le regard cloué au sol, ce n'est pas ce qu'on pourrait appeler une conduite décente pour une tête d'affiche de festival. Cela m'a littéralement gâché le plaisir, avec une sale impression de m'être fait rouler, ce qui n'a pas eu l'air de déranger le reste du public. Par ailleurs, 'Fenrir Hunts', extrait du premier album du groupe prévu pour décembre, ne m'a pas convaincu davantage, avec ce côté superficiel et convenu plus qu'agacant. Et lorsqu'on assiste au concert d'un "poseur" tel que l'ex-frontman d'Immortal, on peut s'attendre à des artifices scéniques à la hauteur de l'événement. On aura droit à une petite démonstration pyrotechnique bâclée.

C'est malheureux de se voir obligé de descendre un concert d'Abbath quand on apprécie beaucoup ce qu'il a fait chez Immortal ou encore I. Mais là, c'était pas le nec plus ultra du Metal extrême, plutôt une  copie ridicule de ce qu'on pourrait attendre d'un tel groupe. Le gros raté de cette seconde édition.  On a préféré de très loin le passage d'Abbath à la première édition du Fall Of Summer, avec son groupe de reprises de Motörhead, Bombers.


En bref, cette seconde édition du Fall Of Summer, malgré quelques problèmes logistiques tels celui de la nourriture, aura encore été un excellent moment pour célébrer la fin de l'été et la rentrée dans les meilleures conditions. Vivement l'année prochaine !



KhxS, Tom,  A Nameless Staffer


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