Live Report | Taake, The 3rd Attempt & Orkan – 8/10 au Glazart, Paris


Retour en France de Taake pour trois dates 100% Norwegian Black Metal. Après un passage par Nice (photo report) et Rennes, Hoest et ses acolytes sont revenus à Paris au Glazart le 8 octobre pour défendre « Striden Hus », leur dernier album ô combien décrié par plusieurs amateurs de la formation. Trois groupes tous originaires de Norvège les ont accompagnés pour l’occasion : Dominanz et Orkan, deux jeunes combo de Bergen, et The 3rd Attempt, comptant dans ses rangs deux ex-membres de Carpathian Forest. La saison automne/hiver des concerts parisiens 2015-2016 s’ouvre sous les meilleurs auspices. 

J'arrive trop tard pour Dominanz, la soirée débutera pour ma part aux premiers accords d’Orkan. Déjà croisé lors de la tournée avec Taake en février 2013 au même endroit, le groupe ne m’avait pas laissé un souvenir impérissable. Géniteurs d’un seul album à cette époque, les musiciens ont accouché d’un deuxième rejeton à la rentrée 2015 : « Livlaus », pour le moment plutôt bien accueilli par la critique. 

La musique d’Orkan est la plupart du temps qualifiée de Black/Thrash ; me concernant je n’ai pas vu une once de Thrash ce soir. A part quelques riffs accrocheurs, la prestation ne m’a pas du tout captivée, la faute à un cruel manque de dynamisme et des musiciens trop en retrait. La salle du Glazart est déjà bien remplie pour les premières parties, le combo profite d’un public assez dense applaudissant avec conviction. Le chant d’Einar Fjelldal reste hélas en grande majorité sous mixé. Sa voix peine à passer au-dessus de la lourdeur de la basse de Sindre et se retrouve par moments complètement happée. Bizarrement, il est bien le seul qui arrive à dégager quelque chose sur scène. Einar fait visiblement des efforts pour tenter de capter l’attention en se mouvant avec des attitudes désespérées ou des positions agenouillées. Les musiciens à ses côtés se contentent malheureusement d’headbanguer mollement, cachant leur visage derrière leur chevelure, ne faisant pas d’effort concret pour s’investir dans le jeu scénique, créant une sorte de décalage. Niveau composition, on reste dans un Black Metal tout ce qu’il y a de plus classique, sans grande saveur ni originalité. Un set encore peu convaincant qui aurait mérité plus d’investissement de la part de tous les membres du groupe.



Changement radical avec The 3rd Attempt. Formé l’an dernier par les guitaristes Blood Pervetor et Tchort, tous deux passés chez Carpathian Forest, ce nouveau combo délivre un Black Metal méchamment efficace. 

Leur premier album « Born In Thorns » sorti le mois dernier fait déjà parler de lui car il s’agit d’un véritable coup de massue « Black, Death, Thrash et Rock’n Roll ». Et la formation a beau être jeune, le public n’a pas perdu de temps pour l’adopter : il connaît déjà la chanson. Les premiers riffs brutaux à souhait réveillent instantanément l’assemblée qui prêtera sa voix pour quelques passages, notamment sur « Art Of Domination » d’une violence implacable. Pour l’originalité on repassera, mais pour le reste The 3rd Attempt est une vraie bonne surprise. Imaginez une brutalité aux accents Punk bien crade mixée à des riffs ultra Groovy et entraînants, vous obtenez un descendant dans la droite lignée de Carpathian Forest ou Tsjuder. Sur scène Ødemark au chant agite son bras orné de fils barbelés avec véhémence, se postant au plus près des spectateurs du premier rang avec un regard d’homme possédé. La prestation est globalement très accrocheuse, le public semble pleinement conquis et nombre d’applaudissements accompagnent les changements de titres. On notera les premiers pogos de la soirée également, plutôt gentils au début ils deviennent bien plus intenses par la suite. Un show d’une grande puissance qui a permis de bien s’échauffer la nuque avant la redoutable brume du sieur Hoest.





S’il est un groupe qu’on peut aisément qualifier de valeur sûre en live, c’est bien Taake. En mettant de côté leur piètre performance au Divan du Monde l’an dernier (un Hoest encapuchonné sans sa verve habituelle, des musiciens au charisme inexistant et un set de 30mn), les Norvégiens ont pour habitude de faire des sans-faute quand il s’agit de mettre le feu sur scène. C’est donc presque les yeux fermés que les fans attendent leur bénédiction.

Le set débute sur un titre de leur EP de 2008. Un choix audacieux, le morceau ne fait pas spécialement partie des classiques du groupe, mais on ne peut pas vraiment qualifier cet essai de judicieux. Le public ne semble pas très réceptif en ce début de concert. Pourtant le charismatique leader a troqué son chaperon noir contre un perfecto laissant entrevoir son torse nu et se meut tel un démon, poussant ses hurlements si caractéristiques. Hoest fascine, captive et étonne toujours autant. Il se montre très proche du public tout en crachant ses paroles avec une hargne féroce, balançant des coups de pieds dans les airs et armant son pied de micro comme un trophée. Les pogos ne se font plus attendre et débutent dès le deuxième morceau : « Nattestid Ser Porten Vid, Part I ». A partir de là ils ne s’arrêteront que très brièvement jusqu’à la fin du concert. Les sbires du célèbre vocaliste prennent eux aussi part au spectacle. Ils se montrent tout autant dynamiques que leur chef et s’exécutent avec une précision chirurgicale sur les soli envoûtants des compositions. Les morceaux s’enchaînent avec une bestialité phénoménale. Dans la fosse, impossible de rester statique face à ce déferlement de violence barbare.

Beau pari de la soirée : l’interprétation de « Myr » avec ce passage au banjo tout simplement unique. Un pari risqué néanmoins car la mélodie du banjo est restée bien trop faible, ce sera la seule fausse note du show au niveau du son. L’assistance aura droit au désormais culte « Fra Vadested til Vaandesmed » suivi du encore plus culte « Ummeneske » avant de s’attaquer à deux titres du dernier album sorti l’an dernier. « Gamle Norig » et « Orm » ne trouvent pas encore véritablement preneurs chez les spectateurs. Les mouvements de foule cessent quasi-instantanément aux premiers accords. On regrettera cette décision d’avoir placé ces morceaux juste avant le rappel, cassant quelque peu l’ambiance jusque-là électrique du concert. Taake nous gratifie des épiques « Nordbundet » et « Du ville ville Vestland » pour clore en beauté ce set d’une force rarement égalée. 




Ce soir, Taake a su faire oublier sa malheureuse performance de l’an dernier au Divan du Monde pour revenir aux fondamentaux qui ont fait sa renommée scénique : un show incisif exécuté avec une grande maîtrise. Seule ombre au tableau, les titres du dernier album qui n’ont pas encore fait leurs preuves en live. La palme de la bonne surprise de la soirée revient à The 3rd Attempt qui a su captiver les foules malgré une carrière encore très jeune. Des concerts comme ceux-là, on en redemande. Merci à Garmonbozia et au Glazart pour cette rentrée musicale des plus extrêmes. 



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