Tengger Cavalry - "Blood Sacrifice Shaman" (2015)
Tracklist
01 - Соёмбо (Hymn of the Mongolian Totem) 01:47
02 - Tengger Cavalry 03:55
03 - Horseman 03:19
04 - Rootless 01:06
05 - The Wolf Ritual 05:45
06 - The Native 02:12
07 - Blood Sacrifice Shaman 04:07
08 - Hero 05:26
09 - Spirits 02:06
10 - Tengger Cavalry (2009) 03:21
11 - Blood Sacrifice Shaman (2009) 03:53
Extrait : "Tengger Cavalry"
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Parmi les pays producteurs de Folk Metal, il ne vient en général pas à l’idée de citer la Chine. Grossière erreur, répliqueront les fans de Tengger Cavalry. Depuis 6 ans et 4 albums, ce monstre originaire de Mongolie nous fait vivre le Metal à l’asiatique.
Pour leur nouvel album, Tengger Cavalry a entamé un retour aux sources. Et quelles sont les origines des grands cavaliers mongols, les racines de Gengis Khan ? Le chamanisme bien sûr. L’indice est donné à l’auditeur, non seulement dans le titre, mais également par la pochette. Relativement sobre comme à l’habitude du groupe, mais diffère de par le fait qu’elle n’arbore pas de couleurs. Ici, aussi un retour aux origines, noir blanc et gris.
On retrouve donc sur l’artwork 4 animaux, dessinés de manière rudimentaire dans un style rappelant fortement les peintures rupestres, répartis autour d’une croix dessinée dans le même style primitif, au centre de laquelle trône un crâne animal de facture beaucoup plus moderne. L’os peut rappeler à première vue un cheval, référence au nom du groupe, mais l’observateur attentif remarquera les dents pointues plus proches d’un prédateur. Les flammes entourant le crâne donnent voie à cette hypothèse, puisqu’elles ne sont pas sans laisser entrevoir un animal semblable à un loup, prédateur très important dans la culture mongole.
Une fois l’album sorti de sa pochette, les hostilités commencent immédiatement. On sent que le groupe a voulu que l’auditeur voyage non seulement dans l’espace mais également dans le temps. Des accords de morin khuur et de dombal soulignés de battements de tambours nous transportent en Asie de l’Est au temps où les cavaliers Mongols galopaient dans les plaines.
Tengger Cavalry réussit à captiver l’auditeur avec une introduction presque seulement Folk, pas spécialement agressive. Cependant, l’immersion se fait sans problèmes. « Hymn of the Mongolian Totem » commence par des percussions subtilement renforcées par un riff très grave, comme des battements de cœur. Un retour aux sources puisque c’est le premier son qui est entendu par une personne. L’auditeur se retrouve dès le début de l’album au milieu d’une cérémonie chamanique à l’ambiance sonore hallucinante. Il semblerait que Tengger Cavalry veuille faire renaître ses auditeurs au début de l’album.
Fort de son avantage, le groupe va poursuivre tout au long de l’opus le travail sonore commencé. Le début de « Tengger Cavalry » consiste en un riff rapide et puissant, comme le galop d’un cheval, vite rattrapé par des instruments plus asiatiques. C’est également ici que l’on aura droit à la première apparition vocale du chanteur. Cependant, le terme de « chant » n’est peut-être pas le plus approprié à ce que l’on entend. Il est vrai que Tengger Cavalry a toujours eu un style de chant très guttural, mais ici, il n’y a plus de paroles, seulement des chants diphoniques (ou khöömei en mongol) . Toutefois ce n’est pas une critique, loin de là. Le style vocal qui a été choisi ne fait que renforcer l’ambiance qui s’établit à chaque instant un peu plus. C’est ici que l’on se rend compte que les membres de Tengger savent ce qu’ils font puisque le khöömei était utilisé au cours de cérémonies chamaniques mongoles. La voix est ici considérée non comme porteuse de sens, mais comme un instrument en plus.
La piste suivante, « Horseman », amène également une ambiance de cavalerie, comme l’indique le titre. La différence est que si précédemment on sentait une sorte de violence, ici, elle s’estompe peu à peu et sert de transition pour la suite.
Avec cet album, non seulement Tengger Cavalry nous propose une œuvre pouvant servir de bande sonore à un film sur Gengis Khan, mais en plus, le groupe visiblement prit soin de traiter l’ensemble de leur nouvel opus dans son unité, et pas seulement comme un rassemblement de chansons (encore, qu’une fois de plus, le terme de « chanson » ne soit pas forcément celui qui convienne le mieux pour définir ce que l’on écoute).
Ce traitement typique du concept album amène à enchaîner des pistes sonores de manière parfaitement ajustée, sans qu’aucune ne détonne par rapport à la précédente, aussi différente qu’elle soit. C’est cela qui permet de passer d’un « Horseman » rapide à un morceau comme « Rootless », très lent, aérien et bien Folk.
Le point fort de "Blood Sacrifice Shaman" est de réussir, au sein d’un même album à établir différentes parties totalement distinctes, mais s’articulant entre elles sans le moindre problème. On peut en distinguer 3 principales. La première, après la naissance induite par « Hymn of The Mongolian Totem » est constituée de « Tengger Cavalry » et de « Horseman », dont les titres et l’ambiance transmettent les sensations de chevauchées à travers les plaines de Mongolie. La seconde fait participer l’auditeur à une cérémonie chamanique à travers « Rootless », « The Wolf Ritual », « The Native » et un « Blood Sacrifice Shaman » qui permet également de passer à la dernière partie, avec « Hero » et « Spirits ».
Ces deux derniers morceaux, sont une sorte de mélange de ce que l’on a écouté avant. On retrouve l’agressivité et la violence des guitares électriques présentes dans la première partie de l’album, mariées à la lenteur et les sons Folk des morceaux chamaniques.
Quant aux deux dernières pistes de l’album, c’est un cadeau qui a été fait par les membres du groupe à leurs fans. Il s’agit en effet de « Tengger Cavalry » et de « Blood Sacrifice Shaman », mais c’est la version présente sur les albums de démo éponymes, sortis respectivement en 2009 et 2010. Ils permettent de voir l’évolution musicale du groupe et il est inutile de dire que de très bon, Tengger Cavalry est passé à excellent.
Lorsque l’album se termine, on se retrouve avec deux cas de figure. D’un côté, ceux qui préfèreront les albums précédents à base de riffs guerriers et de chant guttural et le concluront d’un sans pitié « C’était mieux avant ». De l’autre, on trouvera ceux qui apprécient le changement de Tengger ; et peut-être même encore plus qu’avant. Dans tous les cas, on ne peut nier que le groupe ne s’est absolument pas auto-censuré et que cet opus est totalement différent des précédents. On a presque plus affaire à une bande sonore de film extrêmement immersif qu’à un simple album musical. On peut affirmer sans aucun doute que "Blood Sacrifice Shaman" marque un tournant important pour le groupe et que le retour aux origines musicales sera un énorme pas en avant pour Tengger Cavalry qui produit ici un opus magistral.
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Auteur : Gwen
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