Chronique | Khaos Dei - "Tell Them Lucifer Was Here" (album, 2015)


Khaos Dei - "Tell Them Lucifer Was Here" (2015)

Tracklist

01 - Une descente     01:44
02 - Dans l'enfer plombant     05:18
03 - Puis le vide     04:49
04 - Et l'univers     00:56
05 - L'oei     05:01
06 - Mort naissance     06:30
07 - Tout en bas     00:54
08 - Le chant des marais     04:58
09 - L'office du divin     06:18
10 - Anéanti     01:06

Extrait

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Un album c’est un peu comme mettre ses expériences, son vécu, un bout de soi sous forme de chant et musique. Parfois avec des impros, des trucs plus moins maîtrisés, on test, on reprend, on améliore, on se dépasse. C'est ce que Khaos Dei compte bien nous faire entendre avec leur premier album, enregistré à la maison entre Bordeaux et Toulouse, lieux de résidence de Damian, Fabrice et Patrick. Direction Vamacara Studios 6 mois plus tard pour la partie chant, mixage et mastering pour enfanter ce premier né au nom de "Tell Them Lucifer Was Here", sorti le 30 Avril dernier via Osmose Productions.
Le groupe n'en est pas à son coup d'essai dans le monde de la musique, Patrick a déjà roulé sa bosse dans le milieu, guitariste live de Diapsiquir mais aussi "Divine X" de Seth sorti en 2002.


"Dans L'enfer plombant" bienvenue au royaume de Lucifer sous couvert de la voix agressive de Nacht (Patrick). Une clope, de la mélancolie, un café, et un défi, une envie d'exprimer le temps de 10 pistes cette haine qui semble les ronger de l'intérieur, l'extérioriser de manière brutale. "Tell Them Lucifer Was Here" ne doit pas être appréhendé comme un simple album mais plus comme une expérience, un petit bout de ces 3 gaillards un peu amochés et dégoûtés par la vie qui, via Khaos Dei, vont la présenter à travers un chant et des riffs lourds qui puent la mélancolie, la fierté d’un album inattendu, où même les protagonistes semblaient ne plus y croire.

« Tu vois finalement on l’a fait c’putain d’album, personne n'y croyait, même pas nous en fait »

Le Diable se joue de l'homme dans "Puis le Vide". Ces instruments qui mêlent violence propre au Black Metal à un tas d’autres influences, telles que des riff Heavy, des passages instrumentaux au rythme militaire qui cadence la plupart des morceaux, et un côté prémices du punk version arrangé, celui ayant influencé Bathory, Venom, Black Sabbath. Il en va de même pour le chant, chaque variation nous délivre une émotion particulière, qu’il soit chanté,, crié ou parlé. Cette obsession quasi permanente du diable sous divers personnifications, Lucifer, Satan, le Dragon Rouge aux yeux de feu, ce côté ésotérique ne quitte pas un seul instant les 10 chapitres de cet album. Même si toutes les pistes forment une cohésion dans la continuité de l’album, elle possèdent toutes une étiquette propre musicalement parlant, évitant de tomber dans la lassitude. Le chant très varié joue beaucoup dans cette diversité. Les interludes également comme sur " Mort/Naissance " qu'on pourrait comparer à Peste Noire à la fin de "Niquez Vos Villes". Ce côté Black Metal des campagnes bien franchouillard, qui emmène l’auditeur dans l’intimité de l’enregistrement fait maison. Ces interludes contribuent également à éviter un album indigeste et plat où un mec braille sur fond de blast miteux pendant 45 min.

On dit que l’œil est le reflet de l'âme et cette piste "L’œil" montre un Khaos Dei qui se lâche enfin. Ils s'éclatent et ça se sent. Les riffs se veulent plus hargneux, la batterie plus violente et le chant plus cinglant. Les gaillards montrent bien que pour eux, cet album n’est pas simplement des paroles griffonnées sur un calepin, mais écrites avec leur propre sang et imprimées avec leur propre sueur. Certains donnent un rein ou un pancréas, eux lèguent une œuvre avec un bout d'eux mêmes. Parce que n'est-ce pas ça l'essence même du Black Metal, l’underground, cracher de qu’on a dans le bide avec la hargne. Certains groupes devenus maintenant trop mainstream on trop tendance à l’oublier, ce n’est pas une mode mais un mode de vie, ce qui n'est pas sans rappeler un certain Jon Nodtveidt dans un Dissection dont les démarches philosophiques et musicales ont sans nul doute inspiré le projet musical Khaos Dei .

"L'office du Divin" et "Le chant des Marais" nous gratifient de brefs passages de deux chants entonnés par les corps de l'armée française, quotidien de Patrick et Fabrice, qui, bien qu'ayant donné leurs corps à l'armée, ont avec Damian bel et bien voué leurs âmes au Diable. Le chant des déportés, datant de 1933 et composé par des prisonniers du camp de concentration de Börgermoor en Allemagne, invite à défendre la liberté coûte que coûte. La poignante "La Strasbourgeoise" , chant de l'armée française de 1870, durant la guerre Franco-Prussienne, ode pour les âmes mortes sous pavillon français sous le feu de l'ennemi et prônant la fierté d'appartenir à la France.

« C’est fini on s’casse, plus rien à branler de tout ça »

L’Expérience "Tell Them Lucifer Was Here" touche à sa fin. Les 3 gaillards ont mis sur support tout ce qu’ils avaient à dire. L' album s'est terminé comme il avait commencé, il a atterri sur terre avec une note sombre presque céleste afin d’apporter sa vision des choses durant ces 10 pistes. Il s’en va sur une touche astrale, cosmique, comme un vaisseau qui quitterai notre bonne vieille terre après y avoir apporté son message ici bas.

Khaos Dei n’est pas à mettre dans toutes les oreilles, certaines personnes ne seraient pas aptes, assez mûres pour apprécier « Tell Them Lucifer Was Here » à sa juste valeur. C’est un album concept à apprivoiser, l'envie de Khaos Dei pour le futur, aller plus loin, creuser plus profond. Ce trio à la dalle, l'envie de montrer leur amour de la musique, c'est promis vous n'avez pas fini d'en entendre parler.

« Pensée de Lucifer :Dieu à crée l’homme à son image, vous m’avez crée à la votre, je suis le porteur de lumière, je suis le reflet de votre culpabilité, je n’existe q’à travers vos travers »


Chaosophia

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