Tracklist :
1 - OOO2 06:48
2 - Horizons 03:19
3 - Colors 04:46
4 - Try it 04:45
5 - Side Effects 04:29
6 - Feel Like I Do 04:17
7 - Prisms 04:45
8 - Stay 06:00
9 - Again 06:01
10 - Space Hole 04:04
Extrait en écoute :
Extrait en écoute :
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FUTURE est une formation bruyante que j'ai découvert lors d'un concert à Rennes, ce même concert où j'ai découvert DEAD et Saintes. Si vous connaissez, et même appréciez ces groupes, vous ne serez pas dépaysé avec ce trio parisien aux ascendances bretonnes.
FUTURE est une formation de coldwave/shoegaze datant de 2012, qui s'est construite autour de Yann Canévet à la basse et au chant, de Brice Delourmel à la guitare et de Pauline La Chaceray au synthétiseur et à la programmation. Si ces noms ne vous sont pas inconnus c'est que l'on retrouve Yann Canévet au sein de Venera 4 et de Maria False, et Brice Delourmel au sein de DEAD.
Rattaché au collectif Nøthing, avec DEAD, Venera 4, Maria False, AVGVST ou bien encore Saintes et évoluant dans un registre post-punk mâtiné de noise, le groupe a décidé de nous livrer, après deux EP (« Abyss » en 2013 et « Stay Behind » en 2014), son premier LP « Horizons » le 25 mai 2015 sur le label « Requiem pour un Twister ».
La pochette de l'album, le travail de Marion Constentin, représente une esquisse en nuances de gris, du corps nu d'une femme, couchée le dos arqué, comme flottant dans un nuage. Vous comprendrez bientôt en quoi l'adoption d'une telle pochette est en parfaite adéquation avec l'album.
Plaçons donc la galette sur le tourne disque. Les baffles crépitent. C'est parti. Guitares cinglantes pleines d'effets, puis la boîtes à rythme post-punk très appuyée, martiale et hypnotique. « OOO2 » nous accueille comme il se doit, avec moult bruits et une puissance sans failles, la voix noyée dans ce mur de sons façon Soft Moon. Une production dense, tranchée et à fort caractère. Une très bonne entrée en matière.
FUTURE aime les guitares triturées, réverbérées, délayées de toutes les manières possibles, et ça s'entend. Avec le titre éponyme « Horizons », nous avons le droit à un démarrage en trombe avec cette même boite à rythme percutante. Une musique austère et entêtante, noisy et magnétique, emplie de riffs acérés, me faisant penser à du Jessica93 très rythmé. Une recette que nous retrouverons par la suite sur le titre « Feel Like I Do ».
Mais le trio sait aussi se faire plus calme comme sur « Colors », ou « Try It ». Des compositions qui mettent en avant la basse, des boucles hypnotiques, donnant ainsi une atmosphère entourée d'une certaine chaleur réconfortante. La voix y est toujours en retrait mais plus audible. Sur « Stay », des accords lointains pourrait faire penser à du Joy Division ou du New Order de première génération, à la sauce noise, comme si le pot de réverbérations fraîchement ouvert s'était renversé sur la table de mixage.
Avec « Side Effects », FUTURE nous montre une certaine filiation avec un certain post-punk spectral, irrémédiablement comparable à A Place To Bury Strangers, The Jesus And Mary Chain, ou les paysages les plus étranges de « Pornography » de The Cure, avec ses guitares vaporeuses et torturées, déformées, écartelées au nom de la sainte inquisition de la noise. Tout comme à l'écoute de « Prisms », on a l'impression d'être aspiré vers le fond d'un siphon sans fin de bruits assourdissants, à une vitesse folle.
Si je devais citer un seul défaut à l'album, il serait bien là finalement. Par le mur de sons incessants et cette voix spectrale souvent inintelligible, j'ai comme l'impression de toujours entendre un peu la même chanson tout le long du disque, le même genre de problème que j'avais signalé avec les lyonnais de Love In Prague.
Mais les compositions de « Horizons » sont assez hypnotiques et puissantes pour que je reste scotché avec l'envie toujours plus forte de me remettre le disque, comme si ce dernier résonnait en moi, ou avec ma conscience, principalement les derniers titres d'ailleurs. En effet « Again » sonne comme une forme de demande de rédemption, une recherche de catharsis. Une certaine douceur enveloppée d'ondes langoureuses. Puis avec « Space Hole », vrai trou noir, se forme une étrange attraction gravitationnelle, une ambiance entre ethereal wave ectoplasmique, mesmérisme hypnotique et voyage astral, ce qui me fait résolument penser au corps nu et flottant de la pochette.
Finalement c'est peut-être pour cela que l'album se nomme « Horizons », le groupe cherche à nous faire atteindre d'autres plans d’existence en pensée, à travers une panoplie de musiques torturées, flottantes, langoureuses, hypnotiques, somnifères, narcotique, eschatologique ou transcendantales.
Avec un premier album percutant et loin d'être monotone ou monocorde, malgré le genre musical dans lequel il évolue, FUTURE est un groupe capable en moins d'un quart d'heure de vous arracher les tripes, de démembrer votre corps défendant, de vous aspirer l'esprit et de mettre tout cela en orbite dans la ceinture d’astéroïdes. Un chaos épars, un vulgaire et brut agrégat, fait de rêves, de désillusions, d'envies, d'occasions ratées, d'amours naissants, de relations perdues, de mélancolie, d'espoir. Pour plus que vous soyez dans un état second d'ébriété légère, et voilà tous vos morceaux propulsés aux confins du système solaire, par-delà le nuage d'Oort, vers de nouveaux horizons.
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