Au lendemain d'une journée marquée par la venue de Wardruna, ultime tête d'affiche pour un festival à thématique viking, sur la Odin Stage, et qui avait réussi à faire oublier les quelques tracas d'une organisation qui prenait encore ses marques… nous voilà repartis pour assister à la suite de l'aventure de cette première édition du Ragnard Rock Festival!
On débute le second chapitre des festivités quelques heures en retard : le département étant placé sous alerte orange, le site du festival n'a pu ouvrir qu'à treize heures; et c'est donc sous un soleil de plomb, que nous assistons au show de Malmort sur la Odin Stage.
Alors que leur corpsepaint fond tout doucement sur leur visage, les savoyards balancent un Black Metal sacrément old-school, glacial et direct aux compositions funèbres et hostiles. Même si les ambiances proposées ne sont pas si variées que cela, les quatre musiciens ne nous font pas tomber dans la monotonie grâce à des changements de rythme bien construits et mis en valeur. Mettons également en valeur l'énergie se dégageant du frontman et vocaliste de la formation, qui malgré son côté froid et distant aura su captiver un public littéralement assommé de chaleur.
Ne connaissant pas Malmort avant de venir assister à leur prestation mais m'étant un peu renseigné, je m'attendais à un Black Metal médiéval, mais ce qui m'attendait était un plongeon efficace dans le bain des années 90… au son de leurs deux albums en date, Vox In Excelso (2012) et Excerpta Funebris (2014).
Alors que Helroth s'apprête à entamer son set, les vieux démons de la journée précédente nous rattrapent. En effet, les balances se révèlent incroyablement longues et le violoniste ne tarde pas à manifester son mécontentement à ses collègues, ce qui met le public quelque peu mal à l'aise.
De longues minutes passent, et le groupe de Folk Metal polonais peut enfin commencer à jouer, nous gratifiant d'une musique assez kitsch dans l'approche, mais efficace et bien exécutée. Tout comme leurs compatriotes de Merkfolk, qui se sont produits la veille, les sept musiciens paraissent surmotivés et plein d'énergie malgré des tensions encore palpables entre le violoniste et le reste du groupe, qui nous propose un Death Metal mêlé à du Folk festif sympathique… mais sans plus. Le chant de la flûtiste m'ennuie au plus haut point, même si, contrairement à d'autres, elle chante juste. Sa voix typée pagan ne dénature pas les compositions, mais la fréquence de ses interventions finira par me lasser et m'agacer.
Le combo a au moins l'avantage de distiller un peu de joie de vivre et de bonne humeur grâce à une prestation énergique adaptée à l'état d'esprit de l'évènement : chaleureux et festif. Notons également que le Ragnard Rock Fest a mis un point d'honneur à nous faire découvrir des formations étrangères encore inconnues au bataillons pour de nombreuses personnes - je pense à Merkfolk par exemple -, remercions les pour cela.
On monte le ton avec les thrasheux de Obsession et leur nouveau chanteur qui fait vraiment impression de par le style monumentale de son chant percutant, tantôt guttural, tantôt Heavy; les deux gratteux, techniquement irréprochables, ne sont pas en reste avec leurs envolées solos. Obsession font partie de ces groupes qui dénotaient du reste de la programmation - tels No Return et Agressor -, mais qui ont su flanquer à ceux qui ont eu la curiosité d'assister à leur concert, une belle baffe emplie de groove et de Rock'n'Roll burné, finissant sur deux reprises de leurs groupes fétiches : Slayer et Motörhead. Classique, peu original, mais agréable. Parfois, on ne se prend pas la tête, mais on préfère la secouer dans tous les sens.
Les Espagnols de Celtibeerian ont vraiment mis une bonne ambiance dans le pit surchauffé de la Odin Stage. On sent l'influence d'Eluveitie dans les morceaux plus guerriers et leurs refrains qui restent gravés dans leur tête. Le groupe, même s'il existe depuis 2015, est doté d'un sens de la scénique assez captivant, il est vrai… encore faut-il apprécier ce qui nous est ici servi. Helroth étant vraiment ma limite dans le genre "festif", ce concert m'a juste laissé littéralement de marbre.
Des rythmiques sur-utilisées, des mélodies insupportablement guillerettes, des riffs à la Korpiklaani, violons, pipots et cornemuses, tout ce que je hais le plus au monde dans le Folk Metal était réuni en une seule formation. Le public, quant à lui, prenait son pied, c'est le moins qu'on puisse dire, Celtibeerian étant l'un des combos les plus attendus de ce festival. Mais mon dieu, que c'était kitsch ! Veux-tu danser? Non, je n'aime pas danser !!
Skox, un groupe de la région venu nous balancer son Thrash Metal local à la figure, ce qui décrasse les tympans après un concert de Celtibeerian qui n'aura laissé que de maigres souvenirs… Formé en 2003, ce combo n'a sorti à ce jour qu'une demo et un EP mais se défend plutôt bien en live, perpétuant l'esprit d'un après midi qui comme nous allons le voir, s'est révélé riche en Thrash et en Death. Dommage que le public n'ait répondu que timidement aux harangues d'un chanteur motivé, car les musiciens ont joué avec le coeur, ça se voyait sur leurs visages.
La mythique formation Death Metal française Mercyless était là pour nous bouger le cul, mais le son extrêmement moyen avec lequel les musiciens ont du se débrouiller ne jouait clairement pas en leur faveur… Malgré ces circonstances techniques, le groupe a su motiver son public à coup de Death Metal old-school parmi un arsenal de compositions toutes aussi efficaces et percutantes les unes que les autres, faisant aussi bien honneur aux vieux opus qu'au petit dernier, Unholy Black Splendor (2013) et ses blasts surpuissants.
Les deathsters terminent sur la reprise d'un classique, 'Evil Dead' de Death, rappelant qu'à une époque, la bande à Max Otero tournait sur les routes européennes avec celle de Chuck Schuldiner!
Du Hardcore au Ragnard Rock, qui l'eût cru? Beyond The Styx s'est produit en fin d'après-midi sur la Thor Stage, et si les musiciens ont tout donné, le public n'a fait aucun effort - même par curiosité - pour faire ne serait-ce qu'une découverte. Dur de se motiver quand on sait qu'on n'est pas le bienvenu… Pourtant, Beyond The Styx est un réel espoir de la scène Hardcore française. Son chanteur ne lésinait pas sur les moyens pour que nous accrochions à ses pif squeals à tout épreuve… en vain. Cinq personnes attentives, j'exagère à peine. On dit que les metalleux sont des curieux, mais comme dit le vocaliste : "Apparemment, l'ouverture d'esprit ne touche pas tous les crânes." Un groupe aussi énergique et motivé avec un public plus approprié aurait certainement tout défoncé.
Bref, venez découvrir Beyond The Styx en novembre lors des dates déjà programmées à Orléans, Nantes, Paris et La Rochénard! Vous ne le regretterez pas.
La dernière fois que j'ai vu Artillery , c'était lors de la première édition du Fall Of Summer; j'avais été très impressionné par l'hyperactivité de son chanteur et frontman, Michael Bastholm Dahl, arrivé dans la mythique formation de Thrash Metal en 2013 pour l'enregistrement de Legion. Son chant donne de la fraicheur aux vieux titres comme aux nouveaux.
Si Michael est la principale attraction du public, ce serait un crime d'occulter la performance guitaristique de Michael Stützer. Le co-fondateur du groupe danois n'aura de cesse de nous impressionner grâce à des shreds et des solos de toutes sortes venant donner au Thrash mélodique d'Artillery ses lettres de noblesse.
Avant que le vent du Pagan/Folk ne ressoufle sur les vertes prairies du Ragnard Rock, voici venu le temps de profiter une dernière fois de la déferlante Thrash/Death de ce samedi bouillonnant. Les Français de No Return, vétérans du Thrash/Death national qui ont évolué sur un Thrash moderne efficace et prenant, surtout en Live. Mick se révèle un excellent frontman, et sa carrure en impose autant que sa voix, surtout sur les passages les plus musclés. Les Lillois mettent à l'honneur les mélodies de leur nouvel album, Fearless Walk to Rise, paru cette année. Même si le public est éparse, celui-ci répond volontiers aux encouragements du chanteur à foutre un joyeux bordel. Ce sera un bordel modeste - un petit circle pit - mais une excellente conclusion pour cet après-midi peu folklorique.
Place aux Vikings de Skàlmöld venus de loin… Si l'Islande n'est pas la porte d'à côté, le choc de température a du être rude pour ces musiciens nordiques habitués à des températures estivales plutôt fraiches… Tant mieux pour eux, leur show débute alors que le Soleil commence à peine à se coucher.
Joviaux, les artistes proposent un Folk Metal épique, mélodique à souhait, qui entraine dans leur univers de feu et de glace une grande partie de leur audience.
On se laisse facilement emporter par le ton solennel de ce sextuor apparemment très heureux d'être là, et qui ne manquera pas de nous le signifier plusieurs fois durant son set. Sans tomber dans le radiophonique, les Islandais nous livrent des hymnes facilement mémorisables, accessibles et guerriers. Idéal pour ouvrir une soirée qui s'annonce riche en moments fabuleux !
Changement de registre… Nous quittons le monde viking pour s'aventurer en Transylvanie, dans les forêts des Carpates emplies de mysticisme et de croyances occultes… Negura Bunget est le groupe que j'attends depuis le début de la journée, curieux de découvrir en live cette formation mythique de Folk/Black Metal qui, malgré son évolution et ses nombreux changements de line-up, reste réputée pour son appétence pour la musique traditionnelle.
Or, je suis assez déçu de ne voir que peu d'instruments traditionnels, justement. Les musiciens se concentrent sur le strict minimum, et même si la bande à Negru exécute à merveille son riche répertoire, de Om au petit dernier Tau - album que j'ai d'ailleurs moins apprécié -, il manque certains éléments qui aurait rendu la prestation du groupe excellente. Nous passons tout de même un excellent moment en compagnie de ces talentueux Roumains. Mention spéciale au magnifique travail sur les lumières de la Odin Stage, que nous avions pu admirer la veille avec le show de Wardruna.
Un voyage initiatique à travers l'histoire celtique de l'Irlande nous attend avec l'étape finale de cette journée, j'ai nommé les célèbres Primordial. Envoûtant et théâtral, ce spectacle tient ses promesses, notamment grâce à la présence époustouflante du charismatique Alan Averill. Arborant la capuche de Bure, à l'aise sur tous les plans, vocalement comme gestuellement, le chanteur captive, notamment par la manière particulière qu'il a de regarder la foule. Quel plaisir de secouer la tête au son de 'Gods to the Godless' !
Ce set grandiose donne à voir toutes les facettes de l'oeuvres de Primordial, du Black Metal dans tout ce qu'il a de plus agressif aux merveilleux passages fredonnés. Ce groupe irlandais conjugue à merveille la froideur du Black et la légèreté du Celtic/Folk. Émouvant, spirituel et énergique…
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La soirée semble se clôturer sur cette note finale spectaculaire, mais se continue… au camping ! En espérant que les orages ne sévissent pas comme la nuit d'avant.
Report : Tom
Photos : Didier Coste
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